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- Premier article le 29/04/2014
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Bonjour,
Je suis assez d’accord avec la première partie de votre article.En tant que français, la première chose à préciser est, je crois, que ces affaires d’état juif/palestinien sont de l’ordre de leur politique intérieure. En aucun cas nous ne votons - ni vous ni moi - pour les uns ou les autres, et en aucun cas les décisions prises dans cette région ne nous concernent. En tant que français, nous n’avons aucun pouvoir (et nous ne devons n’en avoir aucun) sur ce qu’il s’y passe. Dès lors, concernant la situation d’Israel/palestine, tous les propos ne peuvent être que des opinions sans pouvoir conatif.Une opinion peut-elle antisémite ? Oui, à partir du moment où le juif est essentialisé, c’est à dire que son comportement est ramené à ce seul critère. On ne peut associer un caractère physique, religieux comme un lien nécessaire et suffisant à des qualités : le juif est ceci parce qu’il est juif, le noir est cela parce qu’il est noir, etc... Cela est stupide, et en France, cela est condamnable.Vous vous annoncez comme français et juif. Je salue le fait que vous le signaliez, mais finalement, en France, politiquement, notre confession est de l’ordre de la sphère privée. Peu m’échaud votre conscience tant que les conséquences de celle ci n’interviennent pas dans la sphère publique, c’est à dire... sur vous et moi. :) c’est réciproque, bien entendu !Vous dîtes également que beaucoup de pays sont musulmans ou chrétiens. C’est vrai. En tant que laïc (et athée), ça me pose aussi problème ;) . Mais là encore, je n’ai pas de pouvoir citoyen dans les pays concernés, et ça ne saurait me concerner directement. Qui serais-je pour dire aux nord-américains d’arrêter de jurer sur la bible ?Vous êtes juif, je suis athée. Soit. Mais la question n’est pas là. Je vous assure que ça n’intéresse pas grand monde ! La question est politique : Politiquement, peut on être américain sans être chrétien ? Politiquement, peut on être iranien sans être musulman ? Politiquement, peut on être israëlien sans être juif ? (je ne connais pas les réponses)Car finalement, j’ai parfois l’impression (qui pourra être fausse, j’en conviens) que le malentendu vient d’une appréciation cognitive du monde. La France est une construction politique : on est français parce qu’on vit sous les lois françaises. Nous ne sommes pas blancs, catho et « d’origine ». Or, dans le climat actuel délétère, tout se passe comme si la question israëlienne était consubstancielle de la question juive (C’est peut être le cas, je ne sais pas), et ramenait à des questions identitaires françaises : c’est quoi être français. Et je crois que c’est cette notion de consubstantialité supposée que beaucoup de gens rejettent, plus que « les juifs ». (Mais vous ne me ferez pas dire qu’il n’existe pas des antisémites notoires ou larvés).Vous avez le sentiment de ne pas être aimé du simple fait de votre confession. Je le conçois, le comprends et le déplore. J’ai moi même été ostracisé dans ma jeunesse, et je sais combien c’est dur à vivre. Mais je gage que ceux qui vous parleront ne seront pas ceux qui sont antisémites, mais ceux qui vous contrediront au sujet du conflit israëlo-palestinien, dans lequel ni vous ni moi (en tant que français) ne sommes réellement en capacité d’agir.Je suis très très loin d’être un spécialiste des questions israelo-palestiniennes (c’est une litote), et en tant qu’humaniste, la seule question que je pourrais me poser (pour la région en question, comme pour chacun d’entre nous) est : « constitutionnellement, sur un territoire donné, les droits de chacun sont-ils égaux ? Chacun peut-il agir politiquement avec le même poids opérationnel que son voisin ? Cela reviendrait ici à se demander si le fait d’être d’une religion plutôt qu’une autre donnerait des avantages politiques. Pour Israel, je n’ai pas de réponse (ou alors parcellaire, et peu sûre). Et je crois par ailleurs que sur la question de l’égalité politique opérationnelle, nous avons bien assez à faire avec la France, toute laïque qu’elle soit !Mais bon... nous sommes à 4000 km, et c’est pas notre business. D’accord.Pourquoi, dès lors, dans la deuxième partie de l’article, vous évertuez vous à expliciter la situation historico-politique du conflit ? A nous rétablir une vérité que nous n’aurions pas ? A, dans un sens, nous éduquer ? A mettre en avant les apports des citoyens israëliens ? Personne ne doute (en tout cas pas moi) que les humains habitant le territoire politique »Israël« ont des qualités qui leur permettent de participer au progrès du genre humain. Il ne s’agit pas de dire que c’est inintéressant, loin de là, mais politiquement, qu’est ce que cela nous apporte ? Ne pouvant agir sur ce qu’il s’y passe, ces histoires ne sont pas mon problème, et ne le deviennent que lorsque mes gouvernants se positionnent, car parlant et agissant en mon nom. (Ce qu’en dit Dieudonné n’a aucune espèce d’importance : je ne l’ai pas élu.). A juste titre, ces questions vous intéressent plus que moi, mais politiquement, en tant que français, vous n’êtes pas plus concerné que moi.La question qui se pose à moi, en ce moment, ce n’est pas celle d’être pro/anti... je ne sais même plus pro/anti quoi !Justement, politiquement, ça ne veut rien dire ! Je ne peux pas agir sur les choses !Alors la question immédiate qui se pose à moi, c’est de savoir pourquoi je me fais traiter d’antisémite ou de caution à la cause antisémite (par par vous, j’en conviens), alors que ma vie durant, je n’ai cessé de combattre les stéréotypes de toutes sortes (mauvaises blagues, propos bêtes et méchants) face à mes amis, ma famille, etc.... Pourquoi il m’est interdit de rire de Dieudonné (dont je n’aime pas l’humour, par ailleurs, mais ce n’est pas la question) ? De cela, je n’en ai pas marre. J’en suis effrayé !Force est de constater que, n’étant ni juif, ni antisémite, les problématiques actuelles tournant autour de la »mouvance antisémite" entrent dans un vortex grandissant de tabous : nous ne saurions nous exprimer sur un sujet (qui, je le répète, est le cadet de mes soucis quotidiens) sans être dans l’obligation de nous positionner et de subir les conséquences d’un ostracisme social, c’est à dire de politiquement subir. De fait, sur ces questions, les seuls qui veulent encore me parler ont des propos qui tendent à l’antisémitisme. Et je ne saurais l’accepter.Bref, la question israelo-judéo-palestinienne devient, en France, sacrée et inintérrogeable. Ce qui, en tant que citoyen français, me pose alors un gros problème.D’une part, la démocratie ne saurait exister sans des citoyens éclairés, et le sacré (qu’il soit religieux ou moral) s’y oppose. D’autre part, la démocratie repose sur l’idée (et le pari) que ses citoyens sont adultes et capables d’écouter des opinions quelles qu’elles soient sans être obligés d’y adhérer. Et nous ne saurions nous laisser réduire à la qualification d’antisémite sous le prétexte de prendre position contre des pratiques politiques ou pour la défense de gens qui les expriment.Ne nous leurrons pas. Vous avez raison de dire que certains cachent leur antisémitisme derrière de l’antisionisme. On les repère de loin ! Mais nous se saurions généraliser, et nous devons faire confiance à ceux pour qui ce n’est pas le cas, plutôt que de les ostraciser directement en tant qu’antisémites.Vous dîtes que l’antisionisme est politique, je suis d’accord. Il n’est pas religieux, et un antisionniste ne saurait être de facto antisémite.Vous souhaitez que votre texte puisse servir à ce que l’antisionisme diminue. Je doute que vous obteniez l’effet escompté. Tout au contraire. Et le processus, que vous dénoncez à juste titre, pourrait vous en incomber.Sachez enfin, puisque vous écrivez en tant que français et juif, que je condamne, et que je condamnerai toujours politiquement (j’insiste sur ce mot) les élus qui tentent et tenteront d’institutionnaliser la mise l’écart d’une partie de la population selon son sexe, sa couleur, sa religion, son origine ou sa richesse, mais ne comptez jamais sur moi pour cautionner/justifier des pratiques de politique publique françaises iniques au nom du sacré.
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