J’ai écouté les interventions de Melenchon ces derniers jours, et je suis a priori assez enthousiaste sur le principe. Je suis donc prêt à le suivre.
Mais effectivement, il n’a pour l’instant rien dit, si ce n’est des souhaits « personnels » concernant la 6eme Rép., au demeurant peut être pas négligeables, mais peut être pas non plus, ni la panacée, ni même un essentiel. La révocabilité, par exemple, entre dans le cadre du déroulement de la représentation nationale, mais n’interroge pas le concept même de la représentation. A l’inverse, le concept de « transparence » n’est pas mentionnée dans l’actuelle constitution, ce qui, moi, me semble essentiel.
Ce que j’attends, aujourd’hui, ce n’est pas tant sa proposition à lui d’une nouvelle constitution (car j’ai moi-même des idées sûrement toutes aussi valables), mais la fédération de l’équipe autour de l’organisation des débats officiels qui me permettront de donner mon avis argumenté sans que j’ai le sentiment de parler dans le vide.
C’est tout le challenge qui l’attend, il me semble, en s’éloignant du FdG, pour aller vers tous ceux qui envisagent une nouvelle constitution (j’ai personnellement arrêté de parler de la 6eme R). Ce qui veut dire, concrètement, et au niveau de son rôle de responsable de parti, de créer une plateforme commune d’organisation avec d’autres partis/personnalités politiques de l’ensemble de l’échiquier politique, et qui se donnera pour unique but d’organiser une constituante, dans laquelle j’espère ne pas être qu’un « cons’électeur ». Il pourra prendre appui sur des intellectuels qui existent (not. ceux cités dans l’article), sur des expérimentations qui ont été faites (G1000, de Van Reybrouck), sur des outils à disposition, sur des citoyens éclairés... sur des « gens », des « nimporte qui », des « sans grades », des « impuissants », car c’est de cela que l’on meure. Certains verront de suite l’allusion au sort... :)
Pour l’instant, de ce que j’en sais, je ne l’ai pas vu répondre, lui ou son équipe, à différentes sollicitations de certains de mes amis « constitutionnalistes » (de simple amateurs TRES éclairés), qui sont pourtant actifs, pertinents, vraiment cordiaux et qui plus est, font partie de collectifs importants aux réseaux diversifiés. Leur seul tare assez récurrente : mettre à leur juste place (minoritaire) les partis politiques...
A titre personnel, je suis intellectuellement proche du PG, mais là n’est pas la question, et la constitution dépasse cette inclination personnelle. Il me semble hors de question d’envisager une « constitution de gauche ». Mais pour l’instant, il ne m’a malheureusement pas donné les gages d’une sorte d’impartialité partisane (c’est antinomique ! ) en ce sens.
Malheureusement, supprimer les partis politiques revient à supprimer l’expression contradictoire, auquel cas s’opposerait, de fait, sans même ne rien avoir à faire, une sorte de parti unique (qui ne dirait évidemment pas son nom). Et pourquoi pas, après tout. C’est une hypothèse à regarder. Mais alors, il faudrait se demander comment ce parti unique mettrait en place dans ses structures les conditions d’expression de la pluralité. Aujourd’hui, le parti unique si l’on peut dire, c’est le consensus autour du modèle monopolistique républicain qui proclame (forcément !) que c’est un bon modèle, que le système institutionnel valide (par définition, puisque mis en place par lui), et promeut.
Le parti, en tant que force de proposition ayant pour but l’accession au pouvoir (ce qui le différencie d’un think tank) ne peut se mouvoir que dans les limites de ce modèle, et n’existe que par ce modèle. Remettre en cause ce modèle de fonctionnement, c’est s’en exclure... et donc voir s’éloigner la possibilité d’atteindre le pouvoir pour en modifier les fondements !
Il me semble que la démocratie, dans ses moyens, c’est l’obligation que se donne le pouvoir, quel qu’il soit, et à quelque niveau, à se limiter, en instituant des contre pouvoirs.
Quand à la « vraie démocratie », elle est certes dans ses fondements de nature directe. C’est à dire qu’idéalement chacun, en tout temps et en toute matière, à son mot à dire. Sauf que ça impliquerait que chacun, pour ne pas être dépossédé, devrait voter tout le temps, sur tout. Perso, ça ne m’intéresse pas ! Je préfère déléguer ça à quelqu’un, et que ce quelqu’un soit obligé de me rendre des comptes et prend le risque d’être sanctionné (a minima la révocation).
J’en suis personnellement arrivé à la conclusion que ce ne sont pas les partis politiques en tant que l’expression de la pluralité qui sont un problème, mais les conditions et les obligations que se donnent les partis pour redistribuer la parole à ses adhérents. Aujourd’hui, les partis ne demandent in fine à ses adhérents que d’être un effectif, un nombre, un « +1 ».
Et il me semble que pour être cohérent et agrégateur, un « bon » parti se devrait de modifier en interne ses règles d’existence, ses modalités de fonctionnement, notamment - mais pas exclusivement - en matière de débat.
Or, pour en avoir parlé avec des coordinateurs locaux, ce n’est pour le moment absolument pas leur priorité, puisque ça rentre en contradiction avec le modèle républicain. Le « bon » parti, expérimental et cohérent, proposerait en externe ses pratiques en interne. Il ne dirait pas « voici ce qu’il faut faire », mais « voici ce que nous faisons, et c’est parce que ce que nous faisons est désirable que l’on augmente nos adhérents et nos sympathisants. »
Le pouvoir institutionnel est le reflet des pratiques des partis, puisqu’il met au pouvoir les « meilleurs » (quelque soit la définition du « meilleur ») de ses représentants.
La CNDP fait des choses très intéressantes dans le domaine du débat, et tente de monter en puissance.
Et si elle est critiquable par bien des points, cette initiative est, je crois, à vulgariser. Au moins afin de développer cette culture du débat constructif et opérant. Voici le lien vers le site, avec des conf’ vraiment passionnantes, et subtilement révolutionnaires, en ce sens que dans ses intentions, elle tente de passer outre les désirs conservateurs de la puissance institutionnalisées des partis politique qui, en matière de débats, ne l’apprécient jamais tant que lorsqu’il circonscrit par eux.
Toutefois je me permets d’emettre une critique, pas tant sur la forme que sur le fond.
Sur la forme, il est « bien écrit », dans le sens où il est consensuel, gentil, et à première vue il semble difficile à critiquer. Il invite à l’union (sur une base nationale) et à la construction (être force de proposition).
Si je devais résumer votre article, je dirais :« Nous sommes dans une situation politique tendue ce qui conduit à des réponses électorales qui paraissent irrationnelles voir dangereuses. En conséquence de quoi, il faut prendre conscience que c’est un problème de confiance, que cela se résoudra si les hommes politiques réussissent à nous la redonner, et c’est à chacun de nous, dans notre diversité, de les amener à le faire. »
Mais c’est bien là tout le problème. Les hommes politiques, enchâssés dans leurs partis respectifs, ne prennent pas la peine de construire avec les autres. C’est la structure même des partis qui invite à la compétition et au clivage. Pour avoir essayé « d’intégrer » des partis, pour au moins participer à des débats contradictoires (PS, PG), je me suis rendu compte que le débat ne vaut que si tout le monde est d’accord. Émettre un avis non consensuel équivaut à une ostracisation et à un étiquetage immédiats, à tel point que dans le compte rendu (s’il y en a) le propos ne sera même pas notifié.
Si donc il m’est impossible d’influer sur le débat par cet intermédiaire, qu’il m’est impossible d’intervenir dans les médias, que le pouvoir en place (issu et pétri des pratiques des partis) ne m’invite pas à construire, ne me demande mon avis citoyen sur rien... Si enfin, le pouvoir ne respecte pas ses intentions électorales sans aucune responsabilité tandis que c’est le pouvoir même qui légifère sur la responsabilité des élus... Comment je fais, du haut de mon mètre 73 modéré et démocrate ? Le Pouvoir national est censé instituer mon pouvoir (notamment politique) ; tout au contraire, et structurellement, il le concentre dans des formations politiques (les forces de propositions destinées à prendre le pouvoir) opaques et d’intérêts privés. Moi ça me parait inextricable.
Vous invitez à être force de proposition, soit. Mais la question que je pose, c’est... que proposez vous ? Quel modèle envisagez vous ? En quoi est-il opérant structurellement immédiatement. Dit autrement, en quoi donne-t-il du pouvoir à ses adhérents, pouvoir qui les invite eux même à le redistribuer afin d’augmenter la force collective ? Quelle structure du débat proposez vous ? Quels moyens utilisez vous aujourd’hui pour faire valoir ce discours et le diffuser dans les strates du pouvoir et leurs antichambres que sont les partis ? Quelle est votre spécificité structurelle, dans votre rapport au pouvoir, au niveau de votre organisation ? Quelle est votre stratégie pour parvenir au pouvoir institutionnel légitime ?
Parce qu’enfin, pour être honnête, les discours d’union qui ne sont finalement que des invitations à se regrouper nombreux autour d’une personnalité forte... c’est assez commun, et pour tout dire, je suis personnellement dans une phase « pré-révolutionnaire », qui consiste donc à chercher un modèle alternatif opérant, impliquant, viable, cohérent, éthique (et accessoirement pacifique) qui menace la structure fondamentale du pouvoir... Pour le dire autrement, je ne crois plus aux hommes politiques. Et aujourd’hui, au modèle de la confiance, j’oppose celui de la défiance (voir mon article sur AVox).
Je n’arrive pas à saisir si votre propos est ironique ou non, mais je vous assure que les manipulations sont tout à fait à l’ordre du jour ! Je vous invite à faire un tour du côté de la psycho sociale (que j’ai étudié) ou des sciences neuro-cognitives (que je connais moins). Des milliers d’articles sont produits chaque année, et la connaissance augmente très très vite !
Alors effectivement, à ma connaissance, c’est plutôt utilisé sciemment à des fins commerciales pures (mais de manière intuitive et empirique par tout bon militant qui se respecte), et d’une manière générale en entreprise, mais c’est simplement parce que notre époque voit la prévalence de l’économique sur le politique, ou plutôt de l’institution privée sur l’institution publique. Ceci dit, les moindres actes de communication de l’Elysée sont pensés, pesés... donc manipulatoires : on va dire telle chose plutôt que telle autre, pour obtenir tel effet. Un agent A détient une information ignorée d’un agent B, et s’en sert pour obtenir un effet par la modification de B : C’est en gros la définition de la manipulation (cf : Beauvois et Joule).
Mater un mouvement revendicatif, augmenter la productivité ou la satisfaction au travail sans modifier les conditions salariales, diminuer le turn-over ou au contraire favoriser les départs, pratiquer toute conduite de changement, la signature d’une pétition... les utilisations sont nombreuses, et nous gouverne au quotidien, presque à chaque instant. La manipulation, c’est simple : si vous avez le sentiment de l’être... alors c’est que c’est loupé ! Une manipulation réussie ne se voit pas, et c’est ça qui est fort ! Si nous sommes bien manipulés, nous ne le savons pas !
Le problème n’est pas tant la manipulation d’un point de vue technique, que de celui de l’éthique. Et de cela, les chercheurs s’en occupent bien peu. A comparer au nucléaire, bien pratique pour faire de l’électricité... et des bombes.
Mais si l’on entend le terme « politique » comme l’analyse et la possibilité d’influer sur le pouvoir qui nous gouverne, alors on constate que les techniques manipulatoires sont au service de ceux qui ont le pouvoir-maître(en l’occurrence, de nos jours, le pouvoir économique), et en prendre conscience serait un acte éminemment politique.
Au demeurant, le plus fort levier de manipulation qui existe est celui qui consiste à faire croire que l’on est libre (voir les travaux sur l’engagement). La posture de doute sur l’utilisation effective des techniques manipulatoires est raisonnable, mais il ne coûte rien de plus d’envisager la possibilité que cela existe. Selon Beauvois, c’est notre meilleure arme intellectuelle pour s’en prémunir un peu. S’en prémunir totalement est impossible, même pour les meilleurs spécialistes, car ça demanderait trop de ressources cognitives. (très accessible : « petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens », de Beauvois & Joule, ou « 100 expé. de psycho sociale » de Géguen)
Le volet institutionnel et technologique préconisé par l’article en est un autre.
Le point de vue FO est intéressant, comme tout point de vue, mais n’à que le mérite de porter sa (faible position).
La question n’est pas tant de savoir si le rédécoupage c’est bien ou mal, mais de savoir si cela va modifier les règles de notre souveraineté au niveau local, et par quels mécanismes.
Si cela modifie effectivement les règles de souveraineté (façon de prendre en compte les décisions collectives), alors la décision ne sera valable que par référendum après large débat public. Sinon, ce n’est pas légitime.
Un découpage, oui... pourquoi pas... Mais surtout pourquoi faire, et qu’est ce que cela va changer de manière certaine et garantie (obligation de résultat plutôt que de moyens), et qu’est ce qui se passe si les modifications n’ont pas les effets envisagés ? Qui sera responsable ? Comment on envisagera un retour en arrière ? etc... ?
Merci à FO de demander un débat PUBLIC (via le CNDP ?) et de le publiciser au mieux.