• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de miaou

sur Individualisme et religion : entre pouvoir de consommation, pouvoir du peuple et nécessité éthique


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

miaou (---.---.147.40) 11 septembre 2006 10:46

Il est banal de constater que la sécularisation a entraîné l’apparition d’un manque, qui n’a pas été comblé par les idéologies modernes. Ces temps-ci, il existe même une sorte de nostalgie du religieux, voire une tendance lourde à vouloir réhabiliter le religieux, sans forcément passer par les religions (Luc Ferry, Regis Debray...).

Mais une des lectures les plus pertinentes me semble être celle de René Girard ; ce dernier, à partir d’un axiome apparemment très simple (le mimétisme, c’est-à-dire le fait d’imiter), arrive à construire une sorte de théorie de la culture assez complexe ; le sacré (ou le religieux) y occupe une place centrale, en tant que canalisateur et régulateur de la violence mimétique inhérente à l’homme (car à force d’imiter le désir d’autrui, on entre en conflit avec lui ; puis, par effet boule de neige, la société peut être au bord de l’implosion). Les religions archaïques proposaient comme exutoire le lynchage ou le sacrifice humain (ex : lors de l’arrivée de la peste sur Thèbes, Oedipe, son roi, est injustement accusé de parricide et d’inceste). Mais très progressivement, une prise de conscience de l’injustice de ce procédé se fait jour (toute l’histoire du judaïsme en témoigne), qui culmine avec le christianisme : révélation de la supercherie, la victime sacrificielle est effectivement innocente.

Cette théorie, esquissée ici à gros traits (elle est en fait bien plus subtile), est très puissante ; elle a des implications profondes en critique littéraire, anthropologie, économie, théologie... Elle est cependant assez mal considérée en France (devinez pourquoi), malgré la consécration de son auteur à l’Académie française.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès