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Commentaire de Mango

sur Médias : le choc des photos


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Mango Mango 29 septembre 2007 20:15

@ Luciole, et à tous.

Je suis loin de l’engagement que l’on devine chez toi, mais tu as parfaitement raison.

C’est amusant que tu parles d’ascenseur à oublier pour rester en forme : récemment, le propriétaire en a fait installer un dans mon vieil immeuble (5 étages avec les « chambres de bonne » et 3m50 sous plafond). Mon 3ème étage en valait bien 5 d’un immeuble moderne, et j’avais pris l’habitude de les grimper allègrement deux à 3 fois par jour, avec des pointes à 6 les jours de grandes courses.

Résultat après un an d’ascenseur : augmentation de la consommation d’énergie, des charges -énergie, travaux et entretien, car la « bête » alimentée par un réseau électrique « pas étudié pour » tombe régulièrement en panne-, et augmentation de mon tour de hanche !

Et, dans le même temps, on ouvrait un complexe « Diet avenue » au rez- de-chaussée, le genre de boîte qui se donne des allures high-tech, gage d’efficacité,l’équipe en photo, tout en cheveux et en dents, en tailleurs et costumes noirs qu’on se croirait dans la bande annonce des « Experts », avec diététicienne, psychologue, coach sportif, esthéticienne, kiné, visagistes, relookeuses, et machines de tortures en tout genre, le tout pouvant dépasser les 500 € de forfait mensuel, pour te retrouver en vitrine et en gros plan sur écran plasma pendant qu’on te draine, te triture, ou te secoue sur « power plate » !

Je jure que c’est vrai !

Heureusement, un dernier sursaut de bon sens m’a conduite à boycotter l’ascenceur plutôt que de pousser la porte des « Fat killers ».

Quant aux cosmétiques et parfums, la prise de conscience a été plus brutale : grande consommatrice de produits détergents, désinfectants, désodorisants, que ce soit pour mon hygiène personnelle, celle de mes enfants ou de ma maison, obsédée par la conservation de la « ligne » de mes 17 ans et l’entretenant à coup de cures ponctuelles de « substituts de repas », j’ai failli y passer suite à un choc allergique, il y a 5 ans. J’ai commencé par gonfler comme une outre, au point de m’asphyxier, puis mes mains ont commencé à se désécher, et à littéralement « tomber en morceaux », dans le style « Dracula prend un coup de soleil », au point que j’ai subi des examens de dépistage de la lèpre dans un service spécialisé, mais fort heureusement, ma peau se régénérait et les os n’étaient pas atteints. Après m’avoir trimballée de service en service, on a fini par diagnostiquer une hypersensibilité chimique multiple. En attendant que cette maladie incongrue soit reconnue, j’ai dû, entre autres, faire moi-même le ménage de la classe que j’occupe car la direction de l’établissement refusait qu’il y ait « traitement de faveur », à savoir un nettoyage à l’eau et au savon... Au passage, bel exemple de logique administrative préférant un enseignant suffoquant, les mains en miettes et en arrêt de travail plutôt que de renoncer à inonder tables , sols et murs de produits chimiques ruineux et ravageurs d’environnement- et je ne parle même pas des effets sur la santé des jeunes enfants qui y sont confronté quotidiennement-.

Il y a cinq ans, j’avais beaucoup de mal à trouver des produits, même bios, sans parfum, sans conservateurs, et aujourd’hui, on en trouve quasiment partout.

Est-ce un simple phénomène de « mode » ou y a-til de plus en plus de gens dans mon cas ?

Finalement, je suis presque reconnaissante à cette « maladie ».

Elle m’interdit les plats cuisinés et leur cortège d’agents de saveur et autres conservateurs. Du coup, je suis obligée de me nourrir sainement et j’ai beaucoup plus d’énergie qu’avant, en mangeant moins.

J’ai dû troquer mes produits d’entretien dispendieux contre une machine à vapeur, une bassine, des chiffons et de l’huile de coude : c’est beaucoup plus propre qu’avant, et , surprise ! ça le reste plus longtemps, la crasse ne s’incrustant plus sur les résidus de détergents soi-disant miraculeux qui finissent par « croûter » toutes les surfaces !

J’ai redécouvert les vertus de l’aération et le plaisir de confectionner des « pots pourris » contre les odeurs plutôt que d’empoisonner l’atmosphère et de la réchauffer à coup de « pshitt pshitt » mécaniques, ou même électriques programmés, un comble ! Des fois que votre spray dure plus longtemps parce que vous ne vous apercevez pas que ça pue chez vous...

La bonne vieille ventouse, maniée avec énergie, débouche tout aussi efficacement et moins nocivement les canalisations les plus rétives, et ça donne de l’exercice.

Et comme je suis restée coquette et superficielle, je me régale désormais à concocter « mes » parfums, « mes » crèmes, « mes » onguents, à grand renfort d’huiles essentielles sur bases neutres bio, et je ne sais pas si c’est efficace, mais en tous les cas, c’est bon pour mon moral, ma santé, et mon budget !

En plus, c’est convivial. Se faire une soirée « épilation au sucre » entre copines, même si les résultats ne sont pas probants, c’est quand-même plus marrant qu’un quart d’heure de temps de pose à se geler-car la peau doit être humide !-, coudes levés,jambes écartées, attentive à ne pas en f... partout car cette saloperie attaque même les rideaux de douche, en attendant de rincer une crème dépilatoire pleine de saletés qui puent (ils ont beau rajouter des produits et des parfums pour neutraliser, ça pue toujours autant, plus le parfum par dessus !).

Tu as raison, Luciole, le maquillage n’est pas indispensable, et il est bien pire d’entendre « tu as l’air fatiguée » quand tu as passé un quart d’heure à te ravaler la façade à coup d’anticernes et de poudres « bonne mine » que quand tu n’as pris que deux minutes à te débarbouiller au savon de Marseille.

Tout ça peut sembler hors-sujet en regard de l’anorexie, mais je ne crois pas que nous nous en soyons beaucoup éloignées.

La quête de l’image « parfaite » à travers la conformation à un modèle inaccessible à la grande majorité des femmes conduit au mépris de soi, et pour finir, à la « désincarnation ».

Je pense à toutes ces femmes noires qui ont tenté de lisser leurs cheveux, de blanchir leur peau, qui en mourraient, et en meurent encore, à ces hommes noirs qui striaient leur crane d’un coup de rasoir pour donner l’illusion d’une raie, à ces chinoises aux pieds mutilés, pratique que l’on croit, à tort, médiévale et révolue. En Asie, on en rencontre encore, pas si vieilles que ça, trottinant sur des moignons. Et nos corsets d’antan ? Nos « faux cul » ? Nos poitrines comprimées ?

Et les femmes gavées, les femmes excisées, les femmes infibulées, les femmes voilées... Pardon si j’en oublie...

Le tout avec la complicité d’autres femmes : mères, tantes ou soeurs, et le consentement de la « victime », bien consciente qu’il faut en passer par là pour espérer trouver un mari.

Alors, désespérant ?

Non, je ne crois pas.

Je crois, que comme toujours, la réponse est « éducation », et « information ».

Eduquer pour rendre indépendant et critique, informer pour avertir.

Mais il y a du boulot, d’autant que l’affectif entre largement en ligne de compte. Contrairement à l’esclave asservi, au travailleur exploité, la femme aime celui pour qui, croit-elle, elle est obligée de rester jeune, belle et lisse, histoire de lui rendre l’honneur qu’il lui a fait en la choisissant parmi toutes les autres. C’est un véritable piège affectif qui favorise compétition et concurrence. Les business-men and women du look l’ont bien compris et exploitent le filon. Regardez-les, eux... On ne les voit que rarement, ils n’exposent pas leur image. Bedonnants, adipeux, le poil grisonnant et le cheveux rare, le teint verdâtre ou couperosé, le sein en berne et la fesse molle, on en trouve de véritables nids l’hiver, sur les petites îles des Antilles. Pas de danger qu’ils bouffent ou se fassent implanter leurs saloperies, ni qu’ils se fassent aspirer quoi que ce soit ! Leur compte en banque suffit à susciter le respect et l’admiration, et point n’est besoin d’avoir la fesse haute et le sein arrogant pour se trouver un soupirant quand on « pèse » plusieurs millions de dollars.

La sentimentalité dégoulinante et le désir de plaire nous perdront si nous n’y prenons garde.

Cette époque voit le triomphe du cynisme : soyons plus cyniques encore, c’est notre seule chance.

Par parenthèse, je me demande ce que cette campagne soi-disant « anti-anorexie » et la polémique qui l’accompagne rapportera à No-lita, une marque de vêtements, si j’ai bien compris, et qui m’était parfaitement inconnue à ce jour.

No-lita ??? Marque pour « femmes fortes » ? Ou bien, comme dans la majorité des boutiques, et comme en témoigne ma meilleure amie, « belle plante » d’ 1m 83, vous retrouvez-vous exclue passé le 42 ?


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