Médias : le choc des photos
La nouvelle campagne de sensibilisation aux dangers de l’anorexie faite dans un style très direct en laissant carte blanche à celui qui fit la marque Benetton en publicité, Olivero Toscani.
Le dénuement décharné d’une très courageuse française, Isabelle Caro, s’affiche ainsi sur les murs italiens en pleine semaine de la mode.
Une
façon nouvelle de montrer concrètement la maladie et ses ravages. Un
choix pas partagé par tous en particulier en France où le Bureau de
Vérification de la Publicité déconseille l’affichage. Vous ne saviez
pas qu’il existait le BVP ? Ben maintenant c’est bon.
L’homme n’en
est pas à son coup d’essai puisqu’il fit scandale en son temps en osant
représenter l’homosexualité ou la mort prochaine d’un malade du sida.
Je ne vous le cache pas, moi j’aime beaucoup.
La
photo dans ce monde de l’image qui défile, qui va vite, qui va partout,
qui s’affiche partout garde cette force extraordinaire, cette puissance
d’évocation et d’interprétation. Parvenir à capter toute l’émotion d’un
instant ou d’une situation en un clic c’est redoutable, c’est fort et
souvent beau.
L’anorexie est une maladie complexe dans laquelle
l’image de soi et l’image que l’on projette aux autres et que l’on croit
projeter aux autres sont complexes. Montrer simplement ce que c’est et de
suite susciter le malaise, c’est déjà beaucoup, le signe aussi d’un
problème pas bien assumé par notre société.
Alors que l’on se
réjouit chaque année d’un calendrier Pirelli ou Dieux du stade très
suggestif à ne pas mettre entre toutes les mains, que la publicité
mondaine de luxe se complaît dans le porno chic avec des relents
évidents et affichés de sado-masochisme ou d’avilissement de la
femme-objet, tout le monde applaudit.
Quand un grand magazine,
Paris Match pour ne pas nommer ce champion de l’éthique, retouche une
image et supprime les bourrelets disgracieux de notre président, il en
appelle à l’esthétisme et tout le monde applaudit.
Il y a donc dans
notre relation à l’image une difficulté à prendre de la distance autant
de par notre éducation, notre culture que du fait des habitudes, des
standards que l’on nous sert depuis tout petit. Il y a ce que l’on peut
montrer et le reste. Souvent un journaliste ténébreux nous explique que
sa rédaction a décidé de ne pas diffuser telle ou telle image car trop
choquante. 10 minutes plus tard un film d’une rare violence débute sur
la même chaîne...
Pour autant doit-on faire intervenir la morale
face à une photo, doit-on préjuger de l’image qui peut être diffusée ou
non dans un univers déjà si médiatique ? Y a-t-il des règles et alors
quelles sont-elles ? S’il n’y en a pas, pourquoi tant de haine, de
précipitation ? Où est le libre arbitre ?
Le sujet est tout de même
une cause noble, bien plus noble en tout cas qu’un parfum, un bijou ou
une voiture. Est-ce donc si scandaleux de voir en vrai une anorexique
et normal de voir des dizaines de jeunes filles en maillot de bain se
trémousser sur un salon de l’auto à Francfort ? Qu’une jeune fille soit
choquée par cette représentation est-ce si gênant ou ne peut-on croire
qu’elle mettra un visage et une apparence sur une maladie et glorifiera
peut-être moins le mannequinat que le monde du marketing vante à
longueur de journées ? Doit-on vivre dans un monde feutré, sans chocs,
sans risques, mais terriblement virtuel ?
Je crois en la force de
l’image mais il ne faut pas en avoir peur, au contraire, elle doit être
déclencheuse chez chaque individu de sa propre réaction : aversion
peut-être, dégoût, intérêt, surprise, soutien... là est le rôle d’une
photo publique, on approche de l’art et de ses interprétations libres
les plus diverses, c’est pourquoi je comprends mal cette censure bien
pensante.
Ironie de l’actualité, les photos chocs sont à l’honneur
cette semaine puisque des clichés de la vie quotidienne des officiers
SS à Auschwitz viennent d’être rendus publiques. Comme celle
d’Isabelle Caro, ces photos se passent de commentaires mais soulèvent en
chacun de nous tant de questions fondamentales...
"Une image vaut mille mots" disait Confucius...
85 réactions à cet article
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l’anorexie et ses méfait .... ma fille cadette à 18 ans qui se trouvait trop ronde parce qu’une copine se trouvait elle même trop ronde ,alors qu’elles étaient parfaitement normales ...... l’une a entrainée l’autre avec les emmerdes que l’on imagine ,tentatives de suicide ,hospitalisations ,l’enfer .... maintenant elle a 26 ans ,plutôt jolie ,a retrouvé une vie normale et une silhouette feminine ,mais très fragile ..... tout ça pour des effets de mode voulus par les marchands de chiffon ..... lamentable !!!!!
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J’applaudis à cette campagne de publicité italienne , les images peuvent choquer , mais une bonne photo vaut mieux qu’un grand discours et marquera nettement plus les esprits ! les jeunes filles que l’on veut disuader ne sont pas portées sur la lecture , à part les sms des copines , et l’impact visuel les marquera beaucoup plus !
je trouve scandaleux que ne soient pas durement sanctionnés les agents qui obligent ainsi les mannequins à avoir des hanches à rayer les baignoires , les os c’est bien pour un pot au feu , mais pour le glamour , c’est mieux avec de la viande autour ...
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@L’auteur
j’adore ton logo rantanplanisé je suis sang et or , mais je suis les performances de tous les clubs chtis avec attention .Désolé pour mercredi !
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je trouve que c’est assez représentatif de la saison du Losc en cours...
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pour Lens , on peut mettre snoopy sur sa niche , ça roupille pas mal ! mais je peux assumer ici au pays de l’OM
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at Lechat,
Autant la campagne « United colors of B°°°° » avait été provocatrice en montrant un sidéen , autant celle-ci me semble bien plus acceptable s’il s’agit de dénoncer une maladie grave qui semble être plus culturelle que biologiquement inéluctable....
Et donc comme Le Chat , j’approuve plutôt cette campagne.
At l’auteur,
Article qui me plait.
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je l’ai trouvé sur l’excellent site www.allezlelosc.com
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Il y a peu dans mon supermarché, j’ai croisé une bande de gamines d’une quinzaine d’années, très volubiles, très gaies, mais beaucoup trop maigres.
Dans le rayon des patisseries et gateaux en tous genres, l’une d’elle hurle bien fort (un des tics des ados) : « mais tu ne va pas bouffer ça tu va encore devoir te faire vômir ! »
Dans une totale inconscience de la gravité du problème.
Motivées par une société de consommation cynique et meurtrière qui ne voit pas où est le problème de vendre des produits tellement surchargés de graisses et de sucres, que l’augmentation catastrophique des infarctus et diabetes laisse totalement froide, pourvu que cela rapporte.
Ce n’est pas les adultes qui sont visés, touchés, mais bel et bien les ados, à l’âge où on peut leur fourguer n’importe quoi dans la cervelle comme vérité profonde.
Et comme c’est l’âge idiot où ils sont systématiquement contre tout ce que font et disent les adultes, ils se précipitent comme des moutons, par simple réflèxe de contradiction, vers tout ce que les adultes ne consomment pas.
La bêtise des ados, cible magnifique pour les professionnels du marketing qui vendent leur âme au diable en vendant leurs poisons à des anges, pourvu qu’ils se fassent du poignon.
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Et les gamines bien trop grosses, ça ne fait réagir personne ? Parce que là on ne parle pas de cas marginaux comme l’anorexie, mais de 25% des ados (sans compter les enfants, ce qui ferait bondir le %) ! D’ici peu, être obèse sera la norme et la taille 34 une maladie à combattre. Drôle d’époque !
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Quand j’étais gamine, une femme qui portait du « 38 » était considérée comme maigrichonne.
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Et moi quand j’étais gamine, celles qui faisaient 38 étaient appelées des « petits boudins »...Je crois qu’on n’est pas nées à la même époque
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Le mimétisme (ou la mode si vous préférez) est une plaie.
Je ne peux m’empêcher de penser : A toutes ces chinoises qui se font opérer pour ne plus avoir les yeux bridés, A toutes ces français qui ne veulent plus de leur hanches, A toutes les américaines qui veulent des seins énormes (pour ne pas dire déraisonables), etc . . .
Il est plus que temps d’arrêter le massacre.
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Il y a un malaise en France, ce sont les conséquences.
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A l’auteur : Vous n’avez pas besoin d’utiliser les affiches et publicités représentant de beaux corps nus comme boucs émissaires pour dénoncer la censure faite sur la représentation de certaines réalités par le BVP.
Autant je trouve le travail du BVP totalement nuisible (en laissant passer certaines pubs, il participe au blanchiment écologique de certains grands pollueurs), autant je suis lassé d’entendre les gens se plaindre d’une soi-disant agrssion visuelle parce qu’on représente des personnes dans le plus simple appareil, d’autant plus que ce même public ira se pâmer sous le plafond de la chapelle sixtine et devant un Botticelli.
Un autre aspect me surprend dans cette campagne. Etrangement, Toscani utilise exactement ce qu’il veut combattre, en nous présentant une image destinée à heurter nos canons esthétiques.
Quand le message aurait du insister sur les méfaits de l’anorexie pour la santé, on nous présente les choses d’un point de vue esthétique et canonique.
A quand la même campagne sur les obèses ?
Quid de la tolérance pour des physiques différents ? Il existe des personnes très maigres et pourtant bien portantes qui pourraient trouver cela insultant (le message, pas l’image).
Cette campagne aura-t-elle une quelconque efficacité ?
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Vous avez peut être raison honnêtement je ne sais pas quelle sera l’efficacité de cette campagne, sûrement négligeable mais justement qu’on la laisse vivre sans en faire toute une histoire. C’est vrai que cette campagne peut choquer mais tout peut choquer, le calendrier des rugbymans du stade français me choque : montrer des beaux mecs musclés je trouve ça insultant surtout quand je sors de la douche...
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Tout à fait d’accord avec l’article. :)
J’espère que cette photo fera prendre conscience à certaines personnes à quel point les médias, et notamment la pub et certains magazines, entretiennent le culte de l’apparence dans nos sociétés, uniquement pour des intérêts commerciaux (en plus du culte de la performance). Tout cela favorisant le manque de confiance en soi, les complexes et l’anxiété de ne pas être à la hauteur chez les individus.
J’espère aussi que les mannequins (qui sont déjà des sortes d’objets commerciaux porte-vêtements) seront un jour autorisées à manger suffisamment pour ne plus ressembler à des squelettes maladifs mais à de vrais femmes. Ou même qu’un jour les mannequins seront interdit(e)s ^^
A propos du calendrier des « Dieux du stade », je trouve également cela excessif (et commercial). Je comprends qu’on puisse admirer la beauté du corps humain, mais c’est considérer ces personnes plus comme des objets que comme des êtres humains.
Mais ce qui me choque beaucoup plus, ce sont les « hôtesses » des salons autos ou informatique notamment, qui servent d’argument commercial pour vendre une carte graphique ou une voiture, en posant en petite tenue avec des poses provoquantes(!) Et également toutes les publicités, magazines féminins/masculins (remplis de stéréotypes : une femme s’intéresse forcément à la cuisine, la mode, la déco,la couture, la ’psychologie’, les ’stars’... ; un homme au foot et au sport, aux voitures, à la muscu, au sexe...), calendriers, magazines érotiques... où les femmes (et de plus en plus les hommes) sont traitées (même si elles/ils l’acceptent car cela leur permet de vivre) comme des objets, des arguments de vente, parfois de façon humiliante, en véhiculant des messages stéréotypés sur chaque sexe, et sur ce à quoi il faudrait ressembler, ce qui a des effets très négatif sur les mentalités. Avec en plus des publicités partout pour les régimes, les appareils pour se « sculpter » un corps parfait, etc...
Bref, j’espère que cette publicité fera au moins réfléchir un peu les gens, et aidera à faire évoluer les mentalités même si la pub sera toujours la pub... ;)
(Oups, désolée c’est long :p)
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A ytty54
Je partage votre point de vue. Mais pour reprendre vos termes et d’un point de vue féminin, voir à tous les coins de rues des photos de femmes superbes au corps et au visage « parfaits » (d’autant plus qu’ils sont largement maquillés et souvent retouchés) peut également sembler insultant/humiliant/complexant à des millions de femmes, et ce depuis des années...
et en alimentant une pression sociale déjà importante par rapport aux critères attendus de « féminité » et de « désirabilité » entraîner complexes et/ou quête sans fin vers un idéal/canon de beauté par peur de ne pas être à la hauteur, en cherchant par tous les moyens à améliorer toujours plus son apparence (maquillage, crèmes anti-rides, régimes, vêtements à la mode...) ce qui profite (et c’est le but) aux industries cosmétiques, diététiques, de la mode, etc... et maintenant de plus en plus hélas aux praticiens en chirurgie esthétique. Je trouve cela d’un cynisme assez incroyable. Sans parler du culte de la jeunesse, jeunisme... (Quelle place pour les « séniors » et les personnes « âgées » dont l’expérience et la connaissance peuvent être d’une valeur inestimable ?)
Certaines émissions américaines où il s’agit non seulement de « relooker » mais de « remodeler » un individu insatisfait de son apparence, y compris en en passant par la chirurgie esthétique (!), sont de ce point de vue assez effrayantes.
Evidemment, tout cela n’est pas nouveau mais je trouve qu’on en arrive à un point assez inquiétant, d’autant que cela s’élargit maintenant de plus en plus aux hommes.
Va-t-on vers un monde d’individus aux corps standardisés où tout « défaut » ou écart aux canons de beauté ou à la norme est corrigé ou sinon devient discriminant ? A quel degré de superficialité en est-t-on arrivé pour autant définir la valeur d’un individu par son apparence ? Notre identité (notamment sexuelle) est-elle si fragile qu’elle ait besoin de tous ces artifices (chez la femme) pour soutenir un narcissisme défaillant ou du moins permettre de garder une image acceptable de soi, par nous-même et par la société ? Jusqu’où la publicité agit-elle sur notre inconscient ? Quelle est l’influence des stéréotypes qu’elle véhicule sur la formation de notre identité par rapport aux comportements attendus des genres féminin et masculin ? Comment expliquer qu’une femme soit presque « obligée » par la société (ou du moins fortement encouragée)pour donner l’image d’une féminité « épanouie » de recourir à des artifices et traitements divers de son corps (maquillage, bijoux, vêtements sexy, épilation...)comme si cette féminité n’allait pas de soi, alors que l’homme pour être homme a juste à « être » (bien qu’il subisse également une pression importante je suppose, mais peut-être plus liée à la performance). Jusqu’où vont aller les cultes de l’apparence et de la performance avec l’individualisme grandissant, et sans compter les nouvelles possibilités techniques offertes notamment par la génétique ?
Je sais que je caricature un peu mais il me semble que tout cela touche des questions d’identité vraiment essentielles et que certaines dérives de nos sociétés me paraissent inquiétantes. N’est-on pas en train de les déshumaniser de plus en plus au détriment du lien social ? (Cela me fait penser à l’excellent film « Gattaca ») Tellement de questions en suspens... :p
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il y a un problème d’education et de construction mentale autour de cela.. un commentaire parlait de la stupidité des ado.. des effets d’entrainement.. Je pense que cela n’arrive pas tout seul : manque de confiance en soi, manque d’attaches et/ou d’un cocon familial equilibré, que sait-je...
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@ l’auteur.
merci pour cet article très intéressant. Je vous rejoint totalement lorsque vous dites que la censure de cette photographie est d’avantage le résultat d’un tabou social que d’un soucis de l’effet potentiellement choquant de celle-ci.
@Martin Lucas.
Les gens ne se plaignent pas de la nudité rendue visible par les photographies de mode, mais de la façon dont les corps de ces mannequins sont transformés. Michel Ange n’a pas eu besoin de photoshop pour évoquer la beauté du nu.
Enfin le photographe utilise effectivement les mêmes critères « artistiques » que les photographes de mode pour réaliser ce portrait ; mais il s’en justifie trés bien lui même en expliquant que c’est dans le soucis d’un impact fort de mise en parallèle qu’il a adopté cette démarche. Il joue simplement à armes égales pour renverser notre vision de la page de magazine.
Enfin à toutes celles et ceux qui souffrent d’anorexie, j’apporte mon soutien et je félicite la jeune femme qui a posé pour ces clichés pour son courage et son combat !
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Notre fille est anoréxique...
Ce qui me choque dans cette pub, c’est que l’annonceur s’est offert une pub avec une anorexique comme manequin (en la payant ?) pour faire au final et surtout la publicité de la marque « BENETTON » car il me semble que c’est de « BENETTON » dont on parle, n’est-ce pas ?
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non l’annonceur est la marque de vêtement no-lita. Le but de cette pub n’est pas de faire de promouvoir la marque mais de dire « nous sommes contre l’anorexie ».
Je pense qu’ils ont tout simplement voulu montrer ce qu’il y a sous les vêtements de certains mannequins que les ados admirent tant.
Une chose qui n’a pas été mentionnée dans les médias français : cette campagne a été lancée pendant la semaine de la mode à Milan.
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Je suis étudiante en psychologie (dernière année et je travail sur le thème de l’anorexie) et j’ai moi même traversé l’expérience de l’anorexie. J’ai bien noté que votre enfant traversait actuellement cette expérience et je tiens à vous apporter toute ma compassion. Un des éléments qui m’a permis de trouver le ressort d’adopter un autre fonctionnement fut la volonté de ne plus voir souffrir les gens que j’aimais. Je ne sais si cela est opportun de vous le dire mais j’espère que vous ne vous croyez pas responsable de ce qui arrive à votre fille...souvent le corps médical ( encore aujourd’hui incapable de comprendre le phénomène anorexique) incrimine les parents ( c’est plus aisé que de reconnaitre son ignorance). Je ne sais si cela vous interesse mais je vous propose de garder contact, en dehors de ce forum, je serais ravie de vous communiquer les résultats ( encore peu étayés) de mes recherches. Sinon, il est claire à mes yeux, à tord ou à raison, que cette campagne est une vulgaire manœuvre marketing. Lorsque j’avais un corps qui ressemblait à celui de la photo, je le cachais sous de grands vêtements amples et je me serais sentie « violée » de constater que chacun pouvait se le représenter identique à celui de l’image. j’en aurais beaucoup souffert et je me serais sentie encore un peu plus différente...ce qui aurait alimenté les causes de mon troubles !!! L’anorexie n’a rien à voir avec la mode et le marketing, ce trouble existait bien avant l’avènement de ces dimensions contemporaines (le premier cas étudié remonte au 16éme siècle) et il sévissait aussi à l’époque ou les canons de la beauté pesaient 65kg en moyenne, pour 1m60. Réduire l’anorexie à un probléme de mode, et de volonté de plaire par la maigreur, c’est au mieux débile, au pire criminel ; parce que cela dit, implicitement que les personnes présentant un fonctionnement anorexique sont des « fashions victimes » et cela nuit à l’estime de soi, qui est finalement bien plus au coeur de la problématique que n’importe quel photo de mode. Au tenant de cette approche je dirais : essayez de perdre 20kg en 5 mois pour ressembler à un mannequin !!!...c’est impossible.
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@ Algunet ;
Il ne s’agit aucunement d’une pub pour la marque BENETTON.
Le photographe avait été rendu célèbre pour ces clichés de l’époque pour cette marque, notamment celui d’une femme noire allétant un nourisson blanc.
Il s’agit ici d’une campagne de pub contre l’anorexie initiée par le ministère de la santé italien.
Aucune marque ou enseigne n’est à associer à ces clichés.
De tout coeur avec vous,
Cordialement,
Fern
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Pardon ?
C’est quoi, No-lita, sinon une marque de fringues ?
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Je vais tenter de rester correcte mais j’avoue que ce déballage d’ignorance m’agace...une campagne de pub contre l’anorexie cela ne veut rien dire : une campagne de pub c’est pour vendre des produits quelsqu’ils soient. Et l’anorexie est un trouble du comportement alimentaire. Deux espace inconciliable, sauf pour des annonceurs habiles qui savent que lorsque le spectateur est choqué, il va garder en mémoire les informations présentent au moment de son choc. De nombreuses expérimentation en psychologie expérimentales ont mis ce phénomène en lumière. Il s’en foute de la souffrance des personnes présentant un fonctionnement anorexiques et de leurs familles, ce qui leur importe est de vendre !!!et contrairement à ce que vous prétendez, une marque est clairement associée à cette campagne, c’est la marque italienne No-l-ita (c’est une marque de vêtements). A bon entendeur
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Cette campagne-choc (bien que faisant prendre conscience violemment du drame de l’anorexie à de nombreuses personnes) n’est pas une campagne contre l’anorexie en elle-même, mais reste une publicité pour une marque de vêtement (bien que le ministère de la santé italien y soit apparemment associé) qui se pose en dénonciatrice des pratiques de certaines agences de mode, qui en obligeant (plus ou moins directement) leurs mannequins à être très maigres (par des régimes draconiens) peuvent les faire basculer dans l’anorexie (Il existe malheureusement de nombreux cas).
L’intention peut paraître/être louable mais n’est évidemment pas désintéressée, car l’entreprise se (re)donne ainsi une excellente image de marque qui aurait pu être entachée par les récentes polémiques en Italie : elle montre ainsi qu’elle-même non seulement n’applique pas ces pratiques (se distingue des autres), les dénonce (nous sommes une marque éthiquement et socialement responsable, et même bienfaitrice) et par opposition et implicitement il me semble, promeut une image de la femme épanouie, en bonne santé et avec des formes, et non squelettique et maladive comme hélas les mannequins de nombreux défilés.
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Conclusion : le BVP est d’une hyprocrisie complètement irresponsable. Mais au-delà de ça : l’anorexie est-elle une maladie si tabou que ça en France ? Je veux dire, il y a nombre de reportages à la télé régulièrement sur le sujet, alors pourquoi censurer une campagne qui balance la réalité en face aux jeunes filles tentée par l’anorexie comme par la dernière mode ? C’est tout de même inquiétant.
@ l’auteur et au chat Oui mais si tous les 2 matchs on se prend des erreurs d’arbitrage, ça va être dur de changer rantanplan en dogue... Mais bon, c’ets vrai qu’on se fait une saison pèpère...
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effectivement je crois que ces dernières années on n’a jamais autant parlé d’anorexie mais ce blocage montre que de la parole aux actes il y a encore du chemin. Après tout sur un paquet de cigarette il est grassement marqué « fumer tue » pourquoi ne pourrait on pas afficher « l’anorexie tue » ?
pour le reste y a des erreurs d’arbitrage mais aussi des erreurs de casting !
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Oui mais pourquoi ce blocage ? Pourquoi en Italie ça passe et pas en France ? Notre culture/société fait-elle qu’on ne peut pas mettre une image en 4x3 sur l’anorexie ?
et pour ce qui est du casting, sans doute, mais en tout cas notre Claude et ses costards siciliens peuvent passer n’importe quelle audition...
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Comme d’hab, les français sont frileux, et dans la demi teinte, ils ne veulent pas voir la réalité des choses, et cela n’est pas seulement valable pour l’anorexie..ils faut toujours les ménager, les pauvres, ce faisant leur attitude fait souvent le lit des plus forts et l’accablement des victimes...Au passage on remarque que le gouvernement italien a commandé cette campagne et que celle-ci se déroule pendant les défilés de mode..alors il y aura toujours des emmm....pour juger que c’est trop ci et pas assez çà, bref de blablater..en attendant, il y a des gens qui essaient de faire en sorte que l’anorexie ne touche plus les jeunes filles, comme elle les touche au nom d’une image que les vendeurs de chiffons imposent sans souci..du moins en France ou ils ont les mains libres !des relationset un jem’enfoutisme complet des jeunes filles de la masse ..
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Gazi BORAT 28 septembre 2007 15:43« Anorexie et canons de la mode ».
Deux types d’anorexie doivent être pris en compte :
- L’ANOREXIE PROFESSIONNELLE : En cause principalement les canons de la mode qui incitent les couturiers à « employer » dans leurs défilés des filles de plus en plus jeunes, avec des critères de minceur qui mettent en danger celles qui s’y soumettent.
Une campagne est actuellement en cours obligeant à produire des certificats médicaux de « non-troubles nutritionnels » par les mannequins.
C’est une bonne chose et l’affiche de Toscani pourra contribuer à une prise de conscience du public qui, éventuellement pourra exercer de son côté des pressions sur les couturiers.
- L’ANOREXIE PSYCHOLOGIQUE : en cause ici des troubles psychologiques qui touchent les adolescentes, pour des raisons parfois liées à un refus des changements corporels liés à la puberté.
Pour ces cas, l’affiche de Toscani ne remplacera pas une thérapie.. Les canons de la mode se déplaçant vers des morphologies type Rubens, il y aurait toujours des anorexiques.
Les parents d’enfants anorexiques accuseront toujours la mode, procédé facile pour évacuer leur culpabilité.
gAZi bORAt
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@ Borat
« Les parents d’enfants anorexiques accuseront toujours la mode, procédé facile pour évacuer leur culpabilité. »
euhhh, votre affirmation me semble trop facile....
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@ borat,
je m’inscrit en faux à votre affirmation : « »Les parents d’enfants anorexiques accuseront toujours la mode, procédé facile pour évacuer leur culpabilité."
l’anorexie est un trouble du comportement alimentaire qui sévit particulièrement à l’adolescence, époque où l’enfant voit ses repères et son corps changer.
une de mes copines de classe, belle sportive aux joues un peu trop rondes à son goût, en est morte nous avions alors 16 ans...
l’anorexie, c’est l’angoisse de tous les parents dont la fille commence à vouloir ressembler à kate moss ou un autre mannequin faisant la couverture des magazines... quand, faisant un petit « 40 » pour 1m75, elle se prend pour une baleine obèse parce qu’elle ne rentre pas dans un 38, voire un 36... et qu’elle entreprend une campagne de repas « chipotteurs »...
mais pour avoir eu une reflexion pareille, je doute que vous ayez une ado à la maison...
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gAZi bORAt
Vous avez une vision de cette maladie qui ne correspond pas à la réalité. Pour la côtoyer et l’étudier depuis plus de 7 ans, il faut savoir que ce trouble du comportement alimentaire déclenché par une cause souvent anodine telle un régime alimentaire, le souci de la perfection, à l’occasion d’un voyage à l’étranger ou d’une peur de décevoir…, évolue vers une maladie mentale complexe dont l’anorexie ou la boulimie suivant les phases en sont les conséquences. Des spécialistes parlent même de présence de certains gènes… De plus il ne faut pas confondre maigreur même extrême et anorexie. Tous les mannequins ne sont pas anorexiques mais dans cette profession le taux d’anorexiques est de plus en plus important depuis que les standards exigés par les professionnels tendent vers la maigreur.
Également quand vous dites : « Les parents d’enfants anorexiques accuseront toujours la mode, procédé facile pour évacuer leur culpabilité. », croyez-vous que les familles des enfants morts d’un accident de la route et qui accusent la vitesse et l’alcool comme facteur principal le font pour déculpabiliser ? Je crois plutôt qu’ils ne veulent pas que ce gâchis, qu’est la mort de leur enfant, ne se répète pas… pour le malheur des autres.
10% des anorexiques meurent des suites de leur maladie, soit par dénutrition, soit par suicide. Mon épouse et moi n’éprouvons aucune culpabilité, d’autant que nous avons eu la chance d’avoir décelé la maladie à ses tout débuts. Car c’est une des causes principales de culpabilité : ne pas avoir vu s’installer la maladie.
Alors oui voir des mannequins d’une extrême maigreur fait que je m’inquiète pour elles et pour toutes celles qui par souci de ressemblance à ces icones de la mode vont prendre un risque énorme.
Allez visiter un site pro-ana en tapant sur le moteur de recherche les mots ana et mia… (pour anorexique et boulimique dans leur langage) et vous vous rendrez compte qu’il s’agit d’une maladie mentale et non un excès de maigreur.
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D’accord avec Gazi BORAT .
Il ne s’agit évidemment pas de dire que les parents SONT coupables, mais il est indéniable qu’ils éprouvent une culpabilité certaine, qui peut devenir tellement insupportable qu’il est humain de rechercher des causes « externes » au mal-être de leur enfant.
Mais en même temps, il ne faut pas nier la pression sociale dans le déclenchement de troubles alimentaires, qu’il s’agisse d’anorexie ou de boulimie, car souvent, les deux sont associés.
Alors, j’ai envie d’un gros coup de gueule.
Un gros coup de gueule, parce que cette publicité, censée dénoncer l’anorexie et ses ravages, et au sujet de laquelle je suis absolument d’accord avec l’auteur pour en dénoncer l’interdiction, cette photo d’une femme mourrante (car je ne trouve pas d’autres mots), cette femme souffrante, cette femme à l’agonie, eh bien, Mesdames et Messieurs, certaines de vos filles l’envieront et certains hommes la désireront.
Non, ne protestez pas avant d’avoir fait un tour sur les sites qui font l’apologie de l’anorexie. Allez-y, on en reparle après. Cette femme est presque « grassouillette » comparée aux images que l’on trouve sur ces sites.
J’ai regardé hier soir un reportage d’ « Envoyé Spécial » qui traitait du « gavage des filles » en Mauritanie. Il existe encore des sociétés où, pour survivre aux famines et aux maladies, mieux vaut avoir une bonne « réserve » pour espérer s’en sortir. C’est devenu une distinction sociale. Cela peut aller jusqu’à mettre la santé en danger.
« Vouiii », me direz-vous, « mais chez nous... »
Je ne parlerai que de ce que je connais, et « chez nous », ce n’est pas si vieux : ma grand-mère, petite et menue, ayant eu la malchance de naître avant l’avènement de la ligne « haricot vert » dans sa lointaine campagne, a été gavée comme une oie par crainte qu’aucun homme ne veuille de cette crevette, au point qu’elle faillit en trépasser et en est ressortie plus maigre encore qu’avant ! Enfin, elle en réchappa et fête cette année ses 100 ans, comme quoi...
Depuis 50 ans, c’est l’inverse...
Ma mère s’est mise à fumer à 15 ans pour ne pas manger : c’était conseillé dans le livre de régime de Gaylord Hauser, de l’époque, que nous avons pieusement conservé. « S’il vous arrive d’avoir faim »- malgré la biscotte-pamplemousse du matin et la feuille de laitue-œuf dur de midi- « fumez une cigarette et buvez un café » ! C’est le même qui nous vend aujourd’hui des « substituts de repas » sucrés jusqu’à l’écœurement (mais d’édulcorants, d’ailleurs objets de polémiques), et des produits « diététiques » ! A l’époque de Bardot, vous passiez 50 cm de tour de taille, vous étiez foutue ! Diurétiques, amphétamines... Tout était bon pourvu que vous puissiez boucler cette *% !§ de ceinture sur votre jupe en vichy ! Plutôt crever (comme Marylin) plutôt que de renoncer à porter le bikini !
Moi, j’ai eu de la chance : Birkin, bien que fluette, arborait fièrement, et avec un brin de provocation pour l’époque, un arrière-train féminin en diable qui nous épargna les complexes de nos sœurs, nées à peine 5 ans plus tôt, et traumatisées à vie par Twiggy et Françoise Hardy.
Devenue mère et épanouie, j’ai lu - ou entendu ?- Vanessa Paradis, de 10 ans ma cadette, qui avouait avoir été désespérée par son « gros cul » (? !?!?!?) lorsqu’elle était ado, jusqu’à ce qu’elle se rende compte que ces messieurs appréciaient les fesses rebondies. Ouf ! On respire ! Et vu le mec qu’elle s’est trouvé avec son « gros cul », on se dit que rien n’est perdu !
Ma fille de 14 ans qui se retrouve en 3ème avec une silhouette de femme « faite », se fait traiter de « gros cul » car elle porte du 36 pour 1m 67 ; eh, oui ! Hors du 10 ans, point de salut ! Bon nombre de ses copines « sèchent » carrément la cantine, certaines après avoir falsifié leur carnet de liaison, d’autres profitent de l’indifférence plus ou moins complice des parents. D’autres se contentent de grignoter une feuille de salade, puis courent se gaver de bonbons, de gaufres et de beignets avant de se faire vomir.
Heureusement pour ma puce à moi, elle a, pour l’instant, assez confiance en elle pour se trouver très bien, prendrait bien encore qqs centimètres pour remplir et me piquer toutes mes fringues, et par chance, aime trop la « bonne bouffe » pour songer à s’affamer.
Mais j’ai beau tenter de me rassurer en me disant que j’ai pris beaucoup de temps et de soin à parfaire l’éducation alimentaire de mes enfants, je tremble en songeant qu’un jour où elle serait fragilisée, elle pourrait considérer que ses formes sont la cause de tous ses maux.
Je crois très important de rappeler à nos filles, et à tous ceux qui s’extasient sur des brindilles faméliques, que les femmes ont des seins, des hanches, qu’ un certain pourcentage de masse graisseuse est indispensable pour être une « vraie » femme, féconde (les grandes sportives souffrent souvent d’aménorrhée en raison du déséquilibre entre masse musculaire et masse graisseuse. Idem pour les anorexiques : plus de masse du tout !).
Rappelons que l’horrible cellulite, graisse honnie, résistante à toutes les restrictions alimentaires et que l’on attaque aujourd’hui à coups de malaxages, triturages, massages, disloquages, enfouissements, enveloppements, et autres lasers, multi piqûres et onctions de produits dont le prix au kilo ridiculise les frais de bouche des époux Chirac, pour finir par la « succionner » à l’aspirateur- je me demande ce qu’ils font des bocaux ? Ils les réinjectent dans les bouches de « stars » ?-, cette ignoble cellulite disgracieuse, Mesdames et Messieurs, est probablement à l’origine de la survie du genre humain, car accrochée aux fesses de vos femmes, elle leur a permis de rester fécondes et de continuer de procréer dans les pires périodes de disettes et d’épidémies , alors que les malheureuses aux maigres derrières et aux cuisses étiques succombaient par suite de privations ou de fièvres.
D’ailleurs, malgré un relativement récent brassage des populations, il n’y a qu’à voyager et observer les morphologies dominantes pour voir que plus les conditions de survie sont (ou furent ) aléatoires, plus le cul stocke !
Rappelons à nos filles que nous les aimons comme elles sont, que les photos des magasines sont retouchées, que les mannequins qu’elles admirent sont parfois plus jeunes qu’elles, siliconées à 13 ans pour vendre de la « disponibilité de cervelle » - occupe -toi de tes bourrelets, tu ne réfléchiras pas à autre chose !-
Gloire Laetitia Casta, et d’autres, réhabilitatrices de rondeurs, et occasionnellement, d’une ombre de duvet sous les aisselles !
Et, mes sœurs, méprisons ces minables timorés qui nous veulent osseuses à rayer la baignoire, lisses comme des bidets, maquillées comme des voitures volées, sèches comme des harengs, désodorisées comme une cuvette de WC, pour mettre en valeur les sièges baquets de leur Porsche ou la harde haute-couture dont ils veulent montrer qu’ils ont eu les moyens de se fendre pour notre anniversaire !
Heureusement, le monde est plein de vrais hommes qui n’ont pas peur des vraies femmes et goûtent la joie d’ « en avoir plein les mains », si vous me permettez l’audace de l’image.
Aimez les femmes, elles s’aimeront.
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wouaahhh...joli, bravo !
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Merci pour votre « coup de gueule » votre fille a de la chance de vous avoir ! merci de défendre les femmes qui ressemblent à des femmes c’est à dire qui ont des seins et des fesses rebondies, qui sont evidemment et entre autres des appâts sexuels. C’est ce que précisément nient les anorexiques , l’émergence de leur sexualité.Ce déni est le plus souvent inconscient . Tout le travail consiste a faire accepter ce caractère sexuel . La mode règle les canons de la beauté, malheureusement.Que les couturiers de renom habillent des femmes aux formes plus épanouies et ressemblant enfin à des femmes serait peut ête une aide( sans être une panacée) pour toutes ces jeunes filles qui cherchent l’image de « la femme ».
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@ Mango
Vous mentionnez un point très important dans votre post dont on oublie souvent de parler quand on aborde l’anorexie c’est la détresse dans laquelle se retrouvent certaines femmes qui ont été anorexiques et qui ont réussi à s’en sortir, parfois plusieurs années après ce cauchemar elles rencontrent des difficultés pour avoir des enfants.
Pour ce qui est de la jeune femme sur l’affiche publicitaire, il faut savoir que cela fait 13 ans qu’elle est anorexique et qu’elle se bat contre cette maladie. J’ai vu un reportage sur cette femme qui est très courageuse et qui continue son combat malgré le temps qui passe. Elle est déterminée et cette campagne de pub représentait pour elle un challenge, c’était un point de départ parce qu’elle avait décidé au moment du reportage d’essayer de reprendre du poids même si on imagine que ce sera etrêmement difficile parce que ça fait longtemps qu’elle souffre de cette maladie.
Si cette campagne peut l’aider à s’en sortir ce sera une bonne chose et elle aura été utile.
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bonsoir mango,
beau coup de gueule, dont je partage entièrement l’angle de vue.
ma fille fait aussi partie des « jolies rondes » avec un ( tout petit) petit bedon et un poids en rapport avec sa taille. périodiquement elle se pince la taille en marmonnant « qu’il faut qu’elle fasse un régime », mais ses revendications de minceurs s’estompent à la première tartine de nutella écervelée, rencontrée par hasard sur le bord de la table (pire encore, elle arrive à retrouver les pots planqués dans les placards)
mais elle a quelques copines qui se vouent au culte « pomme-vittel » dès que leur balance affiche 20 grammes de trop. c’est un drame de les avoir à table, grappillant une feuille de salade, un quart de la moitié d’un steak, 3 petits pois et 2 spaghettis... en revanche, j’ai remarqué que ces demoiselles biberonnaient sec toutes ces nouvelles liqueurs : malibu et consorts...
35 ans après, j’ai toujours en mémoire le visage de ma copine de 2°, élancée et musclée,car elle pratiquait la danse, qui pour être « plus mince » a cessé de se nourrir... un jour elle n’est plus venue en classe... et nous avons appris son décès après 2 mois d’hospitalisation.
cette image ne cesse de me hanter, et j’ai veillé à ce que mes enfants se sentent bien dans leur peau en leur apprenant à se défendre contre les dictats de la mode.
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Bonsoir Claude
Y avait une fille dans ma classe quand j’étais au lycée, super gentille et forte. Au début de l’année j’ignorais qu’elle avait été anorexique peu d’années avant. A chaque fois qu’on allait déjeuner à la caféteria elle prenait un peu de carotte rapée sans sauce avec un petit bout de pain, on ne comprenait pas, puis elle nous a raconté son histoire, super émouvante. Elle a perdu son père alors qu’elle entrait dans l’adolescence (première épreuve), ensuite sa mère s’est remariée avec un type qu’elle détestait (2ème épreuve). cette fille était très mignone et adorait la photo, elle nous a d’ailleurs montré un de ses books, des photos qu’elle a faites alors qu’elle commençait tout juste à reprendre goût à la vie. A cause de sa fragilité psychologique un jour elle s’est trouvé trop grosse et elle a commencé à perdre du poids très vite, pour changer, pour ne plus être celle qu’elle était au moment où ça allait mal dans sa tête. Ca a été l’engrenage elle ne contrôlait plus rien et est tombée dans l’anorexie, quelques temps après elle a du être hospitalisée et on l’a mise sous perfusion. Elle a réussi à s’en sortir grâce à sa détrmination et grâce à un homme qu’elle a rencontré. Elle a quitté la formation qu’elle suivait en BTS pour faire des études en pharmacie. J’ai eu des nouvelles d’elle un an après par hasard, on l’a rencontré, une amie et moi, dans la rue alors qu’on sortait du lycée et elle nous a annoncé qu’elle était super heureuse et qu’elle allait se marier. Ca nous a fait super plaisir, malheureusement toutes les filles qui deviennent anorexiques ne s’en sortent pas aussi bien.
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Bonne idée, mais je ne vois pas comment un créateur de mode pourrait aimer les formes féminines... Son idéal, c’est plutôt les fesses de jeunes garçons...
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Ces dicussions sont très intéressantes, mais les conclusions sont assez inquiétantes. En fait, il seblerait que notre société moderne n’ait absolument pas permis aux femmes, du moins aux jeunes femmes, d’accepter leur propre sexualité, leur matérialité. Plus que jamais, la femme reste un objet de consommation, qui doit, pour être désirable, donc vendable, être le moins animal possible. Je pense que les anorexiques cherchent réellement à être désirables, mais qu’elle ne cherchent pas à désirer elles-mêmes. Le désir sexuel féminin reste un grand tabou, et plutôt un désavantage dans la compétition sexuelle. Une femme qui a de réels désirs est perçu comme malpropre par les hommes et par les autres femmes. les parents eux-mêmes supportent mal les désirs sexuels de leur fille, ils en ont honte, alors qu’ils se glorifient (en général du moins) des désirs sexuels de leurs fils. Je suis persuadée que la maigreur pour une femme est le signe de l’absence d’animalité, donc d’absence de désir propre, ce qui rend beaucoup plus désirable.
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@ tous.
Je suis heureuse de voir que je ne suis pas la seule à bouillir de colère face à la dématérialisation et à la « marchandisation » du corps des femmes, qui n’est malheureusement pas nouvelle. Mais ce qui est nouveau, c’est cette hypocrisie , cette dualité qui veut que nous soyons à la fois épanouies, bien dans notre peau, et cette pression qui nous interdit de l’être hors du moule, de la conformité imposée. Imposée par quoi ? Mais le « marché », bien sûr !
Le nouveau code moral tient en une question : « Est-ce que ça rapporte ? ». Et si la réponse est positive, c’est bien. Point. Les régimes rapportent, le cosmétique rapporte, le sport en salle, la chirurgie plastique, la thalasso... Et ne rapporteraient pas autant si nous nous sentions belles, épanouies et aimées avec nos hanches rondes et nos poignées d’amour. Il n’y a donc aucune raison pour que la pression se relâche : bien au contraire ! Après avoir ciblé les femmes jeunes, ont s’est attaqué aux ados, aux « seniors », et maintenant, on entreprend les hommes, leurs bedons, leurs doubles mentons, et jusqu’à leurs poils !
Il y a des jours où je me dis que prendre 10 kgs en se gavant de graisses et de sucres raffinés, boycotter les cosmétiques et renoncer à son épilateur reviendrait presque à poser un acte de désobéissance civile !
C’est pas gagné, les filles ! Honnêtement, laquelle d’entre nous aurait les c... (c’est une image !) de sortir mafflue, poilue,boudinée, sans fards et sans parfum ? On passerait, au pire pour une clocharde, au mieux pour dépressive... Ou alors, il faudrait lancer un badge, un t-shirt, un signe distinctif, qui nous signalerait comme militantes de la résistance à la pression médiatique et industrielle.
Ils sont très fort : ils ont réussi à faire passer toutes les tortures que nous nous infligeons, du renoncement consenti à se gaver de charlotte aux fraises à l’épilation du maillot brésilien, pour du « respect de soi » !
On est mal barrées, moi je vous le dis...
Et soyons cyniques jusqu’au bout : nos règles, mesdames, dernier tabou, celles qui nous permettent de procréer sans que ça vous coûte un rond, et même en vous faisant plaisir, sans compter celui d’être grosse pendant 9 mois sans complexer, vous rendez-vous compte qu’elles sont un frein au développement de marchés juteux ? Les réseaux d’adoption, les mères porteuses, la procréation médicalement assistée... Pour pallier aux détresses de ces familles, combien d’intermédiaires qui se sucrent au passage ?
A se demander s’il ne vaudrait pas mieux que les femmes occidentales soient enfin débarrassées de cette contrainte mensuelle, salissante, rappel périodique à notre condition animale, qui coûte à la sécu en migraines et maux de ventres, et qui, paraît -il, influe fâcheusement sur notre humeur... (D’ailleurs, vu comme je m’énerve en ce moment, ça devrait pas tarder )
J’exagère à peine...
Bon week-end quand-même, et profitez-en pour vous faire belles !
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à Mango
Très bonne question ! Laquelle aura le courage de commencer ? En fait, c’est asez facile de trouver des arguments :
- Les cosmétiques et le maquillage (hormis ceux vendus en magasins bio) sont presque tous des perturbateurs du système endocrinien. Bonne nouvelle, n’est-ce pas ? On est super belles, mais sans aucun désir et plus aucune fécondité... Un vrai objet de luxe, quoi !
- les parfums stressent les plantes, qui dégage des allergènes pour se défendre et nous enrhume du même coup. par ailleurs, certains parfums comportent de l’aluminium, responsable de la maladie d’Alzheimer. Mais perdre son cerveau, c’est encore ce qui peut arriver de mieux à une jolie femme, demandez donc à Frances Farmer !
- Pour les kilos, j’ai un autre point de vue. Cela me ferait horreur de ressembler à ces coach potatoes affalés devant leur téloche qui regardent les petits africains décharnés. La nourriture doit être répartie plus équitablement dans le monde et c’est une honte d’utiliser notre pouvoir d’achat pour nous empiffrer pendant que d’autres meurent. Pour le reste, il suffit d’oublier les ascenceurs pour avoir un corps en bonne santé.
C’est vrai qu’au début, quand vous ne vous maquillez pas, vous avez droit au « tu as l’air fatiguée », mais après ils s’y font très bien et on se sent une autre personne. Enfin, je veux dire, une vraie personne, enfin...
Ma fille me demandait ce matin en allant au judo : "maman, pourquoi on éduque toujours les filles à être de petites princesses nunuches ?
- Pour mieux les vendre, ma chérie ! -
@ Luciole, et à tous.
Je suis loin de l’engagement que l’on devine chez toi, mais tu as parfaitement raison.
C’est amusant que tu parles d’ascenseur à oublier pour rester en forme : récemment, le propriétaire en a fait installer un dans mon vieil immeuble (5 étages avec les « chambres de bonne » et 3m50 sous plafond). Mon 3ème étage en valait bien 5 d’un immeuble moderne, et j’avais pris l’habitude de les grimper allègrement deux à 3 fois par jour, avec des pointes à 6 les jours de grandes courses.
Résultat après un an d’ascenseur : augmentation de la consommation d’énergie, des charges -énergie, travaux et entretien, car la « bête » alimentée par un réseau électrique « pas étudié pour » tombe régulièrement en panne-, et augmentation de mon tour de hanche !
Et, dans le même temps, on ouvrait un complexe « Diet avenue » au rez- de-chaussée, le genre de boîte qui se donne des allures high-tech, gage d’efficacité,l’équipe en photo, tout en cheveux et en dents, en tailleurs et costumes noirs qu’on se croirait dans la bande annonce des « Experts », avec diététicienne, psychologue, coach sportif, esthéticienne, kiné, visagistes, relookeuses, et machines de tortures en tout genre, le tout pouvant dépasser les 500 € de forfait mensuel, pour te retrouver en vitrine et en gros plan sur écran plasma pendant qu’on te draine, te triture, ou te secoue sur « power plate » !
Je jure que c’est vrai !
Heureusement, un dernier sursaut de bon sens m’a conduite à boycotter l’ascenceur plutôt que de pousser la porte des « Fat killers ».
Quant aux cosmétiques et parfums, la prise de conscience a été plus brutale : grande consommatrice de produits détergents, désinfectants, désodorisants, que ce soit pour mon hygiène personnelle, celle de mes enfants ou de ma maison, obsédée par la conservation de la « ligne » de mes 17 ans et l’entretenant à coup de cures ponctuelles de « substituts de repas », j’ai failli y passer suite à un choc allergique, il y a 5 ans. J’ai commencé par gonfler comme une outre, au point de m’asphyxier, puis mes mains ont commencé à se désécher, et à littéralement « tomber en morceaux », dans le style « Dracula prend un coup de soleil », au point que j’ai subi des examens de dépistage de la lèpre dans un service spécialisé, mais fort heureusement, ma peau se régénérait et les os n’étaient pas atteints. Après m’avoir trimballée de service en service, on a fini par diagnostiquer une hypersensibilité chimique multiple. En attendant que cette maladie incongrue soit reconnue, j’ai dû, entre autres, faire moi-même le ménage de la classe que j’occupe car la direction de l’établissement refusait qu’il y ait « traitement de faveur », à savoir un nettoyage à l’eau et au savon... Au passage, bel exemple de logique administrative préférant un enseignant suffoquant, les mains en miettes et en arrêt de travail plutôt que de renoncer à inonder tables , sols et murs de produits chimiques ruineux et ravageurs d’environnement- et je ne parle même pas des effets sur la santé des jeunes enfants qui y sont confronté quotidiennement-.
Il y a cinq ans, j’avais beaucoup de mal à trouver des produits, même bios, sans parfum, sans conservateurs, et aujourd’hui, on en trouve quasiment partout.
Est-ce un simple phénomène de « mode » ou y a-til de plus en plus de gens dans mon cas ?
Finalement, je suis presque reconnaissante à cette « maladie ».
Elle m’interdit les plats cuisinés et leur cortège d’agents de saveur et autres conservateurs. Du coup, je suis obligée de me nourrir sainement et j’ai beaucoup plus d’énergie qu’avant, en mangeant moins.
J’ai dû troquer mes produits d’entretien dispendieux contre une machine à vapeur, une bassine, des chiffons et de l’huile de coude : c’est beaucoup plus propre qu’avant, et , surprise ! ça le reste plus longtemps, la crasse ne s’incrustant plus sur les résidus de détergents soi-disant miraculeux qui finissent par « croûter » toutes les surfaces !
J’ai redécouvert les vertus de l’aération et le plaisir de confectionner des « pots pourris » contre les odeurs plutôt que d’empoisonner l’atmosphère et de la réchauffer à coup de « pshitt pshitt » mécaniques, ou même électriques programmés, un comble ! Des fois que votre spray dure plus longtemps parce que vous ne vous apercevez pas que ça pue chez vous...
La bonne vieille ventouse, maniée avec énergie, débouche tout aussi efficacement et moins nocivement les canalisations les plus rétives, et ça donne de l’exercice.
Et comme je suis restée coquette et superficielle, je me régale désormais à concocter « mes » parfums, « mes » crèmes, « mes » onguents, à grand renfort d’huiles essentielles sur bases neutres bio, et je ne sais pas si c’est efficace, mais en tous les cas, c’est bon pour mon moral, ma santé, et mon budget !
En plus, c’est convivial. Se faire une soirée « épilation au sucre » entre copines, même si les résultats ne sont pas probants, c’est quand-même plus marrant qu’un quart d’heure de temps de pose à se geler-car la peau doit être humide !-, coudes levés,jambes écartées, attentive à ne pas en f... partout car cette saloperie attaque même les rideaux de douche, en attendant de rincer une crème dépilatoire pleine de saletés qui puent (ils ont beau rajouter des produits et des parfums pour neutraliser, ça pue toujours autant, plus le parfum par dessus !).
Tu as raison, Luciole, le maquillage n’est pas indispensable, et il est bien pire d’entendre « tu as l’air fatiguée » quand tu as passé un quart d’heure à te ravaler la façade à coup d’anticernes et de poudres « bonne mine » que quand tu n’as pris que deux minutes à te débarbouiller au savon de Marseille.
Tout ça peut sembler hors-sujet en regard de l’anorexie, mais je ne crois pas que nous nous en soyons beaucoup éloignées.
La quête de l’image « parfaite » à travers la conformation à un modèle inaccessible à la grande majorité des femmes conduit au mépris de soi, et pour finir, à la « désincarnation ».
Je pense à toutes ces femmes noires qui ont tenté de lisser leurs cheveux, de blanchir leur peau, qui en mourraient, et en meurent encore, à ces hommes noirs qui striaient leur crane d’un coup de rasoir pour donner l’illusion d’une raie, à ces chinoises aux pieds mutilés, pratique que l’on croit, à tort, médiévale et révolue. En Asie, on en rencontre encore, pas si vieilles que ça, trottinant sur des moignons. Et nos corsets d’antan ? Nos « faux cul » ? Nos poitrines comprimées ?
Et les femmes gavées, les femmes excisées, les femmes infibulées, les femmes voilées... Pardon si j’en oublie...
Le tout avec la complicité d’autres femmes : mères, tantes ou soeurs, et le consentement de la « victime », bien consciente qu’il faut en passer par là pour espérer trouver un mari.
Alors, désespérant ?
Non, je ne crois pas.
Je crois, que comme toujours, la réponse est « éducation », et « information ».
Eduquer pour rendre indépendant et critique, informer pour avertir.
Mais il y a du boulot, d’autant que l’affectif entre largement en ligne de compte. Contrairement à l’esclave asservi, au travailleur exploité, la femme aime celui pour qui, croit-elle, elle est obligée de rester jeune, belle et lisse, histoire de lui rendre l’honneur qu’il lui a fait en la choisissant parmi toutes les autres. C’est un véritable piège affectif qui favorise compétition et concurrence. Les business-men and women du look l’ont bien compris et exploitent le filon. Regardez-les, eux... On ne les voit que rarement, ils n’exposent pas leur image. Bedonnants, adipeux, le poil grisonnant et le cheveux rare, le teint verdâtre ou couperosé, le sein en berne et la fesse molle, on en trouve de véritables nids l’hiver, sur les petites îles des Antilles. Pas de danger qu’ils bouffent ou se fassent implanter leurs saloperies, ni qu’ils se fassent aspirer quoi que ce soit ! Leur compte en banque suffit à susciter le respect et l’admiration, et point n’est besoin d’avoir la fesse haute et le sein arrogant pour se trouver un soupirant quand on « pèse » plusieurs millions de dollars.
La sentimentalité dégoulinante et le désir de plaire nous perdront si nous n’y prenons garde.
Cette époque voit le triomphe du cynisme : soyons plus cyniques encore, c’est notre seule chance.
Par parenthèse, je me demande ce que cette campagne soi-disant « anti-anorexie » et la polémique qui l’accompagne rapportera à No-lita, une marque de vêtements, si j’ai bien compris, et qui m’était parfaitement inconnue à ce jour.
No-lita ??? Marque pour « femmes fortes » ? Ou bien, comme dans la majorité des boutiques, et comme en témoigne ma meilleure amie, « belle plante » d’ 1m 83, vous retrouvez-vous exclue passé le 42 ?
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Bien sûr Ka ! Une seule qui s’en sort, ne serait-ce que celle sur l’affiche, et c’est déjà beaucoup.
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@ Mango
Merci de nous raconter cette expérience, que tu racontes avec un grand talent, c’est vraiment précieux et je crois effectivement que l’on ne s’éloigne pas du sujet.
Je dois avouer que j’ai connu moi aussi une période un peu « pétasse » et qu’une allergie à des cosmétiques conventionnels m’a également fait prendre conscience que l’industrie de la beauté n’était pas exclusivement composée de bons samaritains.
Trouver une alternative est un travail complexe, difficile tant nos relations avec les autres dépendent de l’image sociale que l’on donne (et les gens sont tellement rassurés par le produit standardisé !), mais très stimulant intellectuellement.
Je n’ai pas envie de revenir en arrière, rien que l’idée de donner de l’argent à l’industrie chimique du nettoyage et des cosmétiques me glace le sang, mais pour rester en contact avec les autres êtres humains qui peuplent cette planète, il faut se creuser la tête pour trouver un fonctionnement subtil et adapté.
Je patauge encore un peu, mais on se dit que l’on trace peut-être un chemin.
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salut les filles !
chères mango et luciole,
honte à moi, mais quand on a les muscles atrophiés, les « pschitt ! pschitt ! » miracles sont d’un grand secours....
mais je comprends votre point de vue : mon mascara dure 5 ans... lol !
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Gazi BORAT 1er octobre 2007 07:03« culpabilité parentale.. »
Une question se pose tout naturellement pour tous les problèmes psychologiques frappant un sujet avant sa majorité :
- Quelle est la part de responsabilité des parents oo plutôt : qu’est-ce qui aurait dysfonctionné dans leurs rapports avec un enfant qui souffre visiblement ?
La question de l’incidence du rapport parent-enfant doit se poser aux psychologues et aux chercheurs en général mais ne doit pas culpabiliser les parents car on ne peut accuser ceux-ci d’avoir délibérément chercher à « fabriquer » (dans le ca qui nous concerne) une anorexique.
De plus, le « mal » étant fait, la préoccupation devant être thérapeutique, culpabiliser les parents ne peut résoudre en rien le problème.
La question du lien à la mêre a été posée dans bien des cas d’anorexie mais aussi, plus douloureusement encore pour les parents, dans le cas de l’autisme où Bruno Bettelheim, qui avait avncé l’idée d’un rejet inconscient de la mêre envers son enfant a été éreinté de son vivant par des associations de parents et continue à l’être sur bien des sites web consultables actuellement..
Un commentateur a avancé un facteur déclencheur par un déséquilibre alimentaire inopiné qui évoluerait ensuite vers une pathologie mentale... mais nul ne sait pourquoi toutes les adolescentes ayant vécu une telle situation (courante) ne connaîtront pas la même évolution.
Je viens de lire une interview de la jeune femme de l’affiche et je reste persuadé que la campagne n’aura pas les effets que l’on peut en attendre sur les anorexiques ell-mêmes.
Dans ses propos, la jeune femme que nous nous accordons à trouver plutôt « repoussante » se voit elle, quand elle se regarde dans un miroir, plutôt séduisante..
Les troubles alimentaires de l’adolescence, qu’il s’agisse de la boulimie ou de l’anorexie, restent encore mal connus, tant au niveau des causes que des remèdes..
gAZi bORAt
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Comme on dit par chez moi, « Quand les gros s’ront maig’ ça f’ra longtemps que les maig’ s’ront morts... »
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Il ne s’agit pas qu’un « machin Bettelheim ». Mais il faut se rendre compte que des tas de parents ne se rendent pas compte que leur fille devient anorexique (on ne ressemble pas à un squelette ambulant en trois mois... et en trois mois, le mal est fait, j’vous jure !)et que, oui, certains poussent leur fille un peu enveloppée à suivre des régimes draconiens. Ou leur font des remarques désobligeantes à longueur de soirée. Ou les formatent pour devenir ce qu’ils n’ont pas pu être eux-mêmes. Alors, non, tout n’est pas « de la faute aux parents » (quel que soit l’âge de la gamine d’ailleurs... ce n’est pas parce qu’on est majeure que l’on ne reste pas imprégnée de l’éducation parentale) mais de là àles absoudre totalement... euh... Exemple récent (pour ne pas en revenir à moi : j’ai perdu 30 kg en 6 mois, et mes parents ne s’en sont rendu compte que par les factures des boutiques de fringues...) : mon fils de vingt ans a une amie de 15, anorexique. Cette petite est passée de 55 à 35 kg depuis le mois d’avril. Quelqu’un se dit qu’elle va mal dans sa famile ? Non. Ses parents se contentent de lui donner une éducation « tradi-péchue » de base. Au point que ce soit mon gamin qui prenne rendez-vous chez le médecin pour elle. Et fasse deux cent kilomètres pour l’y accompagner.
Accessoirement : effet de cette affiche sur cette jeune fille : néant. « Mais enfin, Pierre, cette fille est malade, mais moi, je ne suis pas comme ça ».
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Tout à fait d’accord ! :)
A part un point qui m’a effrayée : Non, on n’a pas forcément l’air d’une dépressive ou d’une clocharde (j’espère !) si on ne se maquille pas et qu’on ne porte pas de parfum !! Il y a de nombreuses personnes dans ce cas et elle n’en sont pas pour cela repoussantes, et pour certaines très (voir plus) belles !!! La beauté au naturel existe (ouf) lol.
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Je me pose la question de l’utilité d’une telle campagne. Est-ce vraiment dissuasif ?
Ce genre d’image associée à la mode peut faire le jeu des pros-anas qui sévissent sur internet. Les créateurs ou plutôt les créatrices des sites pro-anas trafiquent des photos de mode de mannequins connus pour en faire des anorexiques hyper squelettiques qui renvoient à l’idée de destruction et de mort tout en faisant passer ça pour de l’art, pour quelque chose de beau, un idéal. Et cette campagne de pub est sans le vouloir une excellente publicité pour ces pro-anas. En plus ce sera diffusé à plus grande échelle et c’est légal contrairement aux sites pro-anas qui incitent les jeunes filles à être anorexiques en leur donnant des méthodes pour y arriver et en les dégoûtant de leur image si elle ne correspond pas à leur idéal anorexique.
J’espère que cette campagne de pub sera réellement dissuasive, qu’elle empêchera des jeunes filles de sombrer dans l’anorexie ou toute autre maladie liée à des troubles alimentaires.
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bonsoir,
tout ce qui peut choquer les esprits dans le combat contre l’anorexie est bon à prendre.
le regard de cette jeune femme est particulièrement poignant.
j’espère que les jeunes filles à qui cette campagne est destinée, vont prendre conscience de la dangerosité de cette attitude.
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C’est bien sympa de dire qu’il faut lutter contre l’anorexie, mais si les gamines arrêtent de s’alimenter, c’est d’abord pour plaire aux garçons. Or, quand j’étais au collège, le fille de ma classe qui avait le plus de succès, bien qu’elle ne soit pas si jolie, était la plus maigre, à peu près anorexique effectivement. J’aimerais bien comprendre pourquoi les jeunes hommes préfère autant les filles les plus maigres... ? Je sais que les hommes mûrs vont répondre que ce n’est pas leur cas, mais qu’en était-il à 15 ans ? De façon générale, la façon dont les hommes parlent du corps des femmes ne peut qu’alimenter une compétition acharnée qui mène parfois à la mort.
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En m’appuyant sur mon propre cas (je réponds à ta question « et vous à 15 ans ? »), je proposerais : « Par peur des filles ? ». J’ai toujours été vachement intimidé par la gent féminine (d’ailleurs à l’heure actuelle, c’est ma copine - 1m74, 67 kg, un vrai bonheur à caresser - qui a dû faire tout le boulot pour qu’on sorte ensemble).
C’est vrai, regardez un clip de rap (ou toute autre bouse avec un gros con qui croit faire de la musique en claquant deux boucles sur son sampler) : chez les beaufs machos, on aime la poitrine agressive et les hanches rondes !
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..pensez vous réellement que l’on va pouvoir lutter contre l’anorexie par une campagne d’affichage exposant le corps d’anorexiques ? Pour une anorexique ce corps affiché qui peut nous horrifié est l’idéal à atteintre, cette image représente les canons de la beauté anorexique ?. Non ! que dis je ? il ne dois pas y’avoir un modele a atteintre pour l’anorexie on peut toujours aller au dela vers la plus extréme maigreur, vers la quasi immatérialité. Ca n’est pas pour plaire aux garçons qu’elles maigrissent ou pour obéir a je ne sais quel critére esthétique qui serait extérieur à l’anorexie, il ne s’agit pas de « nos critéres » c’est autre chose
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Seguela avait dit qu’une pub avec une frimousse ou une belle fille faisait vendre, imparable parait-il.
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Je vais être méchante, mais : on ne lutte pas contre une maladie mentale avec de la pub. On lutte contre une maladie mentale avec des médecins.
J’ai été anorexique dans ma jeunesse (ça ne se voit pas : faut dire que le corps qui s’habitue à fonctionner avec « rien » finit par stocker quand on lui donne « pas grand chose »). Ce n’est pas un idéal de maigreur, même au regard soi-disant « poignant » qui m’aurait empêché de ne pas manger, et de me faire vomir quand je l’avais fait.
Quelques remarques :
La diète « drogue » : quand vous ne mangez plus depuis un certain temps, votre cerveau produit des hormones -il me semble que ce sont des endorphines, mais je n’en suis pas certaine - qui vous font l’effet, je n’irait pas jusqu’à dire d’un euphorisant, mais d’un anti-dépresseur. Vous mangez, vous êtes en état de manque. Ca semble absurde, hein ?
Quand votre corps est habitué à ne rien avoir à l’intérieur de lui, dès que vous mangez, vous vous sentez lourde (ce qui est un malaise physique) et sale (ce qui est un malaise moral).
SoiUne anorexique ne ressemble pas toujours à un squelette ambulant. A la limite, cette photo est cliché : vous avez des tas de jeunes femmes en apparence « normale » physiquement et qui sont aux portes de la mort. En ça, je trouve cette campagne malsaine et dangereuse.
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Encore une question à l’auteur : y a-t-il un rapport entre les SS qui font la fête à Auschwitz et les grands couturiers qui boivent du champagne pendant les défilés de mode ?
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Il faut se garder de toute comparaison directe car les conséquences ne sont en rien identiques. Pour une mannequin mort récemment, il y a eu plus d’un million 300 000 morts à Auschwitz. Mais on peut en tout cas penser qu’il y a un peu la même distance, le même détachement, le même manque de considération pour le bétail utilisé...
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@ l’auteur
Merci pour cette réponse. Cela me plaît d’autant plus qu’un agoravoxien a récement comparé l’élevage industriel du bétail à la déportation des juifs par les nazis.
J’aime assez l’idée que les femmes, et les mannequins en particulier, subissent un peu ce type d’élevage industriel, sans respect réel pour l’être vivant, toutes proportions gardées bien évidemment. La particularité avec les femmes, c’est que l’on a réussi à les convaincre de devenir leur propres tortionnaires, un bel exploit de nos chers publicitaires et magazines de mode !
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Le Bureau de Vérification de la Publicité interdirait cette campagne car : « ... l’image démontre une pathologie... et est attentatoire à la dignité humaine... »
L’anorexie, la boulimie sont des maladies chacun le sait, qui tuent moralement l’individu.
En France, dans le secteur de la mode, il y aurait un refus, à ce qu’il me semble avoir entendu, d’aborder ce problème de l’anorexie. Ce qui fut fait dans d’autres pays.
Quelqu’un a dit que les enfants n’écoutaient pas les adultes. Cela est faux. Ils n’écoutent peut-être pas leurs parents, mais ils écoutent ceux des magazines de mode, qui pour certains sont réservés aux jeunes de 20 ans et lus par des adolescents de 13-15 ans. Ils écoutent « le monde extérieur » ! Monde qui ne leur veut pas que du bien. Petits c’est l’institutrice qui dit vraie, adolescents : ce sont les camarades, les premières fréquentations, les parents des autres, les articles de presse, etc...
A force de lire qu’ils doivent feuilleter telle revue, ressembler à telle actrice en vogue sur le moment, manger tel mets, porter telle marque ou tel vêtement, telles chaussures, voir tel film, aller dans telle boîte branchée, fréquenter tel garçon, avoir telle attitude, acheter tel maquillage, acheter telles fournitures, avoir tel comportement avec ses parents, etc... il y a de quoi perturber certains jeunes un peu fragiles. Filles ou garçons.
N’est ce pas une façon de détruire une jeunesse ? N’est-ce pas insidieusement volontaire ?
Un soir, je me souviens, il y a quelques années maintenant, en zappant je fus sur M6 qui diffusait l’émission « graines de stars ». Il y avait de quoi hurler à voir comment certains parents avaient accoutré leurs progénitures, de moins de 15 ans, pour les faire participer et tenter de les faire sélectionner pour des professions où l’humain est secondaire. Est-ce cela l’ambition de parents « modernes » ? Je n’ajouterai rien d’autres.
Comment un enfant peut-il encaisser un échec dans ce genre d’émissions, lorsque les parents leur bourrent le crâne durant des semaines ? En les faisant ressembler à des « poupées » et là encore, en modérant mon langage.
Certains parents, je ne dis pas tous, déstabilisent leurs enfants pour le « miroir aux alouettes », pour un rêve qu’il reporte sur eux. Une ambition que parfois ceux-ci n’ont même pas, mais qu’ils se voient imposer, j’allais ajouter jusqu’au harcèlement. Ils se voient ainsi imposer une « image » faussée.
L’anorexie serait parait-il un problème d’image avec la mère ?
Il est vrai que de surcroit tous ces régimes alimentaires qui sont vantés en couvertures de quelques hebdomadaires n’arrangent rien. Des parents attentifs ne sont pas assurés, en dehors d’internet qu’ils peuvent tenter de censurer, que leurs enfants ne les aient entre les mains par des chemins détournés. Il ne faut pas grand chose pour que le « virus régime » chemine et fasse ses ravages.
Il est vrai également, que le besoin de séduction entre en jeu, à un âge où la fragilité psychologique est causée, dans la normalité des choses, par un processus d’évolution et de changement physiques. Un âge de l’éveil à la vie.
Il est exact que si la femme n’était pas devenue un « objet » symbole de séduction, que si elle n’était pas arborée comme un trophée parce qu’elle pèse tel poids, tout en mesurant telle taille, par certains individus qui considèrent l’humain comme un potentiel financier et non comme un être vulnérable et vivant, il y aurait peut-être moins de dégâts !
Car l’anorexie n’est pas qu’une maladie qui touche des enfants en mal de vivre dans leur propre famille ; elle est aussi une maladie qui touche des individus qui ont subi un traumatisme affectif, des écorchés de la vie.
Il est courageux pour cette jeune femme d’avoir posé pour cette campagne qui a plus l’air de déranger en France que de servir et qui pourrait être utilisée grâce à cette belle opportunité, comme catalyseur de choc. Mais qui cela gêne t-il ?
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J’ai été confronté à cette maladie il y a une quinzaine d’années environ ; c’était vraiment à ce moment là les prémices de la prise de conscience de ce qu’était l’anorexie tant au niveau du « grand public » que même de la médecine non spécialisée.
Beaucoup de progrès ont été faits depuis cette époque, même si à mon sens il en reste encore beaucoup à faire.
Aussi cette campagne a le mérite d’exister ; si elle choque, et bien c’est au moins qu’elle ne laisse pas indifférente. Car c’est d’abord contre l’indifférence qu’il faut lutter afin d’obtenir une prévention efficace.
Et afin de joindre au choc de la photo le choc des mots (comme diraient certains ...), j’ajouterais juste ceci :
L’anorexie tue. Irrémédiablement elle mène à la mort à plus ou moins moyen terme par la fragilité dans laquelle se trouve à ce moment là le système immunitaire de la personne malade. C’est la prévention qui vous fera prendre conscience que quelqu’un autours de vous est peut être atteint.
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Juste un témoignage pour les jeunes filles (principalement) souffrant d’anorexie. Ce n’est pas la maigreur qui vous « amènera » quiconque, de la simple aventure d’un soir à l’homme de votre vie. Je sais bien que c’est une maladie et que comme toute pathologie plusieurs facteurs entrent en compte dans les raisons qui poussent en l’occurence à ne plus s’alimenter, mais outre le fait qu’on se croit à tort plus fort que soi-même, ce qui est faux, une fille maigre n’attire pas les hommes, du moins pour l’expérience que j’en ai.
Un tas d’os, puisque c’est ainsi que se transforment beaucoup de filles, femmes, jeunes ou moins jeunes, volontairement, ça effraie plus que que ça n’attise le désir. Je ne dis pas qu’il n’y a pas amateurs de longilignes silhouettes, mais entre mince et pathologiquement maigre il y a un gouffre que beaucoup de mâles ne sont pas près de franchir. Mâles ou femelles, d’ailleurs, à chacun ses préférences.
Un corps maigre à ce point-là ça fait Daschau, ça fait Auschwitz, ça fait malade et ça fait mal dans la tête sans compter lors des relations sexuelles. Désolée pour celles qui n’ont pas choisi de l’être mais c’est ce que j’ai constaté, c’est tout. Ce que je veux dire c’est que l’amour accepte beaucoup de choses sauf l’auto-mutilation.
Je me doute que dans le cas de l’anorexie c’est autrement plus délicat qu’une simple affaire de sexe mais puisque la séduction est l’un des blocages de cette maladie, sachez, mes pauvres atteintes, que quelques formes humaines ne vous apporteront que succès et bonheur, à moins que ce ne soit là ce dont vous ayez peur ?
Courage,
Alexe
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Au risque de ramer à contrecourant de la plupart des commentaires, je ne me pronnoncerai pas en favaur de cette publicité (car c’en est bien une, ne pas s’y tromper). D’abord, il est toujours surprenant de trouver une publicité contre une maladie. Cela laisserait supposer qu’il y ait une tendance pour... A quand une publicité contre le cancer ? On frôle la démagogie, même si, dans le cas de l’anorexie, on essaie d’assimiler la maladie à une tendance de la mode, ce qui est abusif bien entendu et même assez malhonnête. Toute cette publicité pour No-L-ita reviendrait presque à dire que l’anorexie est une maladie choisie et qu’il faut lutter contre ce choix. J’ai lu dans un commentaire : « dénoncer l’exploitation de la bêtise des adolescents ». Si l’on fait de telles généralités gratuites, que dire de celle des adultes. La maigreur comme mode n’a pas toujours ainsi au cours des siècles. Si les femmes ne fantasmaient pas sur ces grands échassiers de top models qui, lorsqu’on voit la réalité, font davantage pitié qu’envie (en faisant abstraction du phénomène mode), les adolescentes n’en seraient pas là. Cette publicité peut être donc prise comme une lutte contre la maigreur en tant que mode. Elle dit aux jeunes filles : regardez ce qui vous attend si vous souhaitez devenir maigres. Si la maigreur ne faisait pas rêver les femmes, les mannequins ne seraient pas maigres. On peut, bien sûr, dire que ce rêve leur est imposé, depuis l’enfance avec Barbie et Cindy qui ont, soit dit en passant, des proportions complètement inhumaines... comme ont des proportions inhumaines ces mannequins pour qu’elles correspondent aux images qu’on s’est forgées. On se sert de ces grandes filles, c’est une évidence, mais pour alimenter nos phantasmes (même si ce ne sont pas les phantasmes de tous) et nous en sommes les uniques responsables. Maintenant l’interdiction de la pub : Toscani a compris avec Benetton, qu’on pouvait faire la publicité d’un produit en montrant des images négatives, à savoir en choquant sans rapport avec le produit. Compris que seul un bon coup sur le mental réussissait à détourner le spectateur blasé de son chemin. Et peu importe qu’on en dise pis que pendre, l’essentiel est que la marque soit prononcée, le plus souvent possible, selon l’adage : il vaut mieux entendre parler de soi en mal que ne pas en entendre parler du tout. On disait alors : « Quelle honte, utiliser le virus VIH pour vendre des vêtements Benetton ». La pub fait débat, on en parle dans les médias, les « pour » les « contre ». C’est bon pour Benetton tout ça. Ne pas s’y tromper cette image d’anorexique pour No-L-ita est bien faite pour promouvoir des vêtements, elle est faite pour choquer, faite pour susciter ce que nous écrivons à la suite de cet article, faite pour qu’on en parle. Choquer est donc une bonne pub, encore faut-il conserver une certaine retenue, sinon on risque bientôt de voir un massacre de bébés à la tronçonneuse pour vendre des yaourts, des torturés à mort pour promouvoir une assurance vie. Il est vrai, comme le constate un commentaire, qu’il n’y a pas de frontière au choquant. La limite est uniquement culturelle et le curseur bouge constamment. Il n’empêche que le procédé « choc » ne fonctionne pas éternellement. On n’est plus choqué par ce qu’on voit chaque jour. Il en faudra donc toujours davantage pour que le public réagisse. Qui souhaiterait être entouré d’images de cauchemars qui l’agressent dès qu’il sort de chez lui, même si c’est pour la bonne cause (ce qui n’est pas le cas de la publicité) ? Si le traumatisme du spectateur peut se justifier pour la prévention routière, le permettre pour tout et n’importe quoi est la porte ouverte à tous les excès qui ne toucheraient d’ailleurs même plus leur but tant le spectateur y serait accoutumé. Alors, au risque de surprendre, je ne suis pas pour la permissivité totale de ce qui est exposé dans la rue. L’espace public ne doit pas devenir le lieu dans lequel les publicitaires se livrent à une surenchère de l’horreur pour vendre leur soupe. Il y a va de notre liberté individuelle et il faut se battre pour qu’on la respecte.
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« A quand une publicité contre le cancer ? »
Laisse-moi réfléchir... L’an dernier sur tous les murs de la capitale (je ne sais pas pour les autres villes) ? Hier en couverture de Metro ?
« »dénoncer l’exploitation de la bêtise des adolescents« . Si l’on fait de telles généralités gratuites »
T’en fais pas, pour être encore assez proche de cette tranche d’âge (du haut de mes 20 ans), je t’assure que les ados de maintenant affichent une connerie étonnante dont je ne me souviens pas que mes amis ou moi-même l’ayons manifestée avec autant de virulence il y a quelques années.
(Sans doute vas-tu me rétorquer « cher jeune, j’ai des enfants adolescents, je suis mieux placé que toi pour parler », je tiens donc à préciser qu’il s’agit ici d’une appréciation du niveau moyen des jeunes, et pas d’une généralité absolue.)
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On a entendu ça depuis le début des temps. Les jeunes sont devenus « stupides », « mal élevés », « que vont-ils devenir », etc, etc... depuis Sénèque dans la Rome antique, c’est pour dire. Avancer ces généralités c’est ne pas comprendre que les valeurs qui nous sont chères n’ont plus forcément cours, qu’elles sont remplacées par d’autres et les rejeter entraîne souvent de gros ravages dans les rapports humains entre générations. C’est aussi la marque d’un vieillissement prématuré : ne pas essayer de comprendre ceux qui viennent juste après nous et qui sont légèrement différents. On peut trouver des publicités pour la lutte (recherche) contre le cancer, mais je ne connais personne qui soit « pour » le cancer. Une publicité « contre » le cancer est donc un non sens. Question de formulation sans doute...
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Je crois que les témoignages de jeunes femmes anorexiques ou ayant été anorexiques ont plus d’impact et sont beaucoup plus parlant que des images. En regardant l’affiche ont peut ressentir de la pitié pour cette jeune femme, du dégoût pour ce corps trop maigre, mais on ne comprend pas, on n’a pas d’histoire on ne voit pas forcément la détresse qu’il y a derrière. On pourrait presque penser que l’anorexie finalement c’est du à un caprice de jeune fille qui aurait voulu ressembler aux mannequins des magazines alors que les raisons qui amènent à être anorexique sont multiples et ne sont pas forcément liées au départ à une envie de maigrir. C’est une maladie mentale et on a parfois tendance à l’oublier car ce que l’on voit le plus souvent de cette maladie quand on ne l’a pas cotoyé, c’est les conséquences à savoir la perte de poids et la maigreur, le côté physique, pas ce qui était là avant. Même si pour certaines jeunes filles au départ c’était pour être moins ronde et que finalement ça a dérapé parce qu’elles n’ont pas pu contrôler, pour d’autres c’est un moyen de se détruire, de mourir, parce qu’il y a un malaise profond à l’origine.
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@ Ka
est-ce que le malaise, de façon générale, n’est pas : quelle est vraiment la place d’une femme dans cette société ?
Si elle ressemble à un mannequin anorexique, c’est une déesse, elle vas être admirée par tous les hommes qu’elle verra, elle va en épouser un plein aux as et se fera bronzer aux Sechelles jusqu’à ce qu’une plus jeune l’éjecte du niz conjugal.
Si elle n’y ressemble pas, c’est un boudin méprisé que personne n’écoute, que l’on bouscule dans la rue et à qui ont fait la grimace lorsqu’elle vous tend votre ticket derrière la caisse du supermarché.
Et vous vous demandez pourquoi elles essayent de maigrir ??
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@ Luciole
« est-ce que le malaise, de façon générale, n’est pas : quelle est vraiment la place d’une femme dans cette société ? »
Le malaise dont je parlais n’est pas forcément lié à la place d’une femme dans cette société mais les doutes qui nous envahissent et l’image idéale que l’on donne comme modèle à la femme d’aujourd’hui dans notre société accentuent le malaise quand il y a malaise. Quand on doute de soi, qu’on a pas confiance en soi ou quand on a été fragilisée c’est plus facile de s’attaquer au physique à ce qui est apparent en croyant que c’est de là que vient le problème.
« Si elle ressemble à un mannequin anorexique, c’est une déesse, elle vas être admirée par tous les hommes qu’elle verra, elle va en épouser un plein aux as et se fera bronzer aux Sechelles jusqu’à ce qu’une plus jeune l’éjecte du niz conjugal. »
Ici la déesse c’est celle qui arrivera à garder la ligne, dans un autre pays comme la Mauritanie la déesse c’est celle qui aura le plus de bourelets parce que c’est la norme là-bas. La faute à qui ? Aux femmes pour qui la reconnaissance passe par le corps. Ou la faute aux hommes qui peuvent conforter les femmes dans cette idée.
"Si elle n’y ressemble pas, c’est un boudin méprisé que personne n’écoute, que l’on bouscule dans la rue et à qui ont fait la grimace lorsqu’elle vous tend votre ticket derrière la caisse du supermarché.
Et vous vous demandez pourquoi elles essayent de maigrir ? ?"
Le problème c’est qu’on est à la fois victimes et responsables de tout ça.
Pourquoi les femmes se maquillent-elles ? Pourquoi elles martyrisent leurs pieds avec des talons aiguilles ? Pourquoi font elles des régimes quand ce n’est pas nécessaire ? Pour plaire ? On a alors une image de femme qui doit souffrir pour plaire (il faut souffrir pour être belle) ou du moins c’est ce que la plupart des femmes pensent. A l’extérieur tout va bien elle est fine, mignone, jeune, classe, glamour, etc... Elle séduit. A l’intérieur c’est pas toujours très beau à voir, mais on sauve les apparences c’est ce qui compte le plus dans cette société : l’apparence.
Quele est vraiment la place d’une femme dans cette société ? Je ne sais pas.
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@ Ka
On peut au moins commencer à se poser la question, ce serait un pas de fait.
Celle, subsidiaire, que je me pose, est de savoir si on est vraiment libre de refuser cette alternative désespérante. Comment va réagir Big Brother si on ne se conforme pas au modèle totalitaire qui nous est proposé ?
Je ne suis vraiment pas sûr de pouvoir mener la vie que je veux et refuser l’asservissement à l’apparence sans me retrouver exclue assez rapidement de nombreuses relations sociales (ça commence d’ailleurs à sentir le roussi à mon bureau). Suis-je capable d’assumer une vie d’ermite pour suivre mes idées, pour prouver que je suis libre ?
Telle est la question, comme dirait mon cher Hamlet qui avait un peu ce genre de problème à résoudre. Peut-être qu’en me faisant passer pour folle, comme lui... ??
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Gazi BORAT 1er octobre 2007 07:20@ ka
Le problème que vous posez est celui de la place de la femme dans une société patriarcale.
L’homme étant censé assurer la subsistance d’un noyau familial, il lui est ainsi moins demandé de séduire par l’esthétique de son corps que par sa puissance physique (dans les sociétés moins complexes) ou financière (dans les nôtres).
Dans une telle vision, la femme est dévolue à la reproduction et au soin des enfants et, dans certaines sociétés, est, en plus porteuse de l’honneur et de la garantie de la filiation..
J’ai discuté il y a peu avec un vieux rabbin qui me disait que des règles de décence appliquables aux femmes mariées ne l’étaient pas aux jeunes filles célibataires car celles-ci (dans certaines limites toutefois) ne devaient pas cacher leurs attraits, de façon à trouver un époux..
Malgré l’apparition des moyens modernes de contraception qui libère la femme de la fatalité du processus de reproduction, malgér l’accès des femmes à des responsabilités sociales inconnues jusque-là et parfois à la supériorité financière dans certains couples, il ne semble pas que les mentalités aient évolué..
Un homme physiquement quelconque pourra être vu séduisant par bien des femmes au volant d’un véhicule de luxe et une femme pauvre mais physiquement attirante aura plus de chances d’évolution sociale qu’un homme pauvre mais physiquement favorisé..
Cependant, petit à petit, ces règles évoluent..
gAZi bORAt
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@ Gazi Borat
« Un homme physiquement quelconque pourra être vu séduisant par bien des femmes au volant d’un véhicule de luxe et une femme pauvre mais physiquement attirante aura plus de chances d’évolution sociale qu’un homme pauvre mais physiquement favorisé.. »
Reconnaissance par l’argent et le pouvoir pour l’homme et par le corps pour la femme. Mais pour bien des hommes, contrairement aux femmes, l’âge n’est pas un obstacle pour séduire (même si on commence à lui faire croire le contraire dans les nouvelles pubs pour soins anti-fatigue et toutes ces conneries qui font le bonheur des métrosexuels, tu parles !).
Mais est-ce vraiment l’homme quelconque qui est vu séduisant dans sa voiture de luxe ou le luxe ?
Alors qu’une femme quelconque ou d’un certain âge aura plus de mal à attirer des hommes qui lui plaisent même avec une voiture de luxe, elle attirera probablement des gigolos pour s’amuser de temps en temps mais pour le long terme y aura pas grand monde alors qu’un vieux monsieur même moche mais pété de tunes pourra plus facilement contracter un mariage avec de jolies jeunes femmes et qui plus est c’est moins choquant pour la société que quand il s’agit d’une femme.
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@ Philippacos
La publicité pour le cancer vous l’avez par la publicité sur le tabac !
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Ce n’est pas « pour » mais « contre » que j’ai dit. Absurde de faire une publicité « contre » une maladie. Une maladie, on ne peut pas être « pour », le slogans perdent leur sens...
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..je pense que cette publicité est une publicité en faveur de la maigreur.. Quelle est le rapport avec les joyeux « employés du camp de concentration » prenant un apéro ? je pense que ces image nous disent quelque chose de « la banalité du mal »... ???... Quel est le rapport entre ces deux images ? Celle de l’anorexie et celle des SS ? Il n’y en a aucun et il serait complétement imbécile de tenter d’y voir un quelconque rapport. Cette article est absolument idiot...
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@ Philippacos
La publicité sur le tabac vous pouvez l’interpréter comme vous le désirez. Selon une humeur macabre ou optimiste.
Par acquis de conscience, lorsque je dis publicité, je pense bien sûr, au clip publicitaire sur le tabac et non à la phrase choc inscrite sur un paquet de cigarettes.
Maintenant il n’y a peut-être pas de photos agressives sur des immenses panneaux publicitaires, comme pour l’anorexie, mais vous avez des publicités qui se généralisent contre le cancer du sein, de l’intestin, de la prostate... Ces publicités incitant les individus à consulter dans l’esprit de la prévention. Mais, pour ces maladies, il y a un âge requis. L’anorexie les devançant dans ce domaine largement.
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Je persiste à dire qu’il n’y a pas de publicité possible « contre » une maladie mais contre sa cause (le tabac pour le cancer du poumon). Maintenant pour notre cas, les causes de l’anorexie ne sont pas seulement le désir de maigrir et je crois que, de toute façon, cette publicité a été faite pour choquer le spectateur, pas pour venir en aide aux malades atteints par la maladie. Toscani est coutumier du fait...
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Ces photos ont peut être été faites à des fins commerciales mais ne seront-elles pas bénéfiques, pour finir... C’est une question que je me pose.
Vouloir toujours détourner les yeux, se sentir agressé par un morceau de peau dévoilé ou un état « hors normes » mis en avant... n’est-il pas plus choquant de voir les reportages passés aux infos qui nous sont tout autant imposés et qui, me semble-t-il, sont tout aussi violents... L’anorexie est un phénomène de société qui trouve son énergie dans les médias (notamment sur le net ou son apologie est faite sur bon nombre de blog... les pro ana sont nombreux !!).
Ne pas en parler, laisser couler, se voiler la face ne fera rien avancer et il faut composer avec les visions que se font les médias de ce fléau... certes il ne faut pas s’étonner, cette pub est bel bien faite pour promouvoir avant tout une marque mais si au delà de cet aspect marketing il pouvait y avoir un effet de prise de conscience... pourquoi pas !!! Ca peut ne pas être incompatible après tout non ?!
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Tout à fait d’accord !! Bravo ! :)
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Très bon article :) Tout à fait d’accord avec l’auteur, Luciole, Utaupix, Ka, Mango et Borat :)
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