à Wrisya, Demian West, Khadija, Salem et tous ceux qui ont envie de débattre plutôt que de se battre...
Salam, paix à tous et toutes. Merci de nous rejoindre. Peut-être arriverons nous ensemble à mettre enfin le bateau à flot : jusqu’à présent, il y a eu peu de contributions constructives au débat posé par cet article. Beaucoup s’emploient encore à me faire un procès d’intention : c’est leur droit, je n’en fais pas un fromage, en espérant que les plus intelligents d’entre eux passent, enfin, à autre chose.
Je ne suis pas à justifier ou non les accointances entre le pouvoir et la religion. Je constate seulement que cette réalité est celle du 3/4, au moins, de la planète. En ce qui concerne les pays du Tiers Monde, j’affirme que ce qui relie les gens entre eux, ce qui leur permet de transcender leur égocentrisme et leurs problèmes individuels, chaque jour, à chaque coin de rue, est de l’ordre du religieux. C’est surtout vrai en Inde et en Afrique, toutes religions confondues. Cette réalité, très majoritaire en ces pays, s’impose aux politiques, et les moindres contestations s’organisent, immanquablement, sous sa bannière.
Beaucoup de musulmans « de souche » ne vivent et ne font vivre que les aspects sociaux de notre religion. Dans le meilleur des cas, le partage communautaire, même relatif, sinon intéressé ; dans le pire, la paille dans l’oeil de son voisin. Pas plus en Mauritanie qu’en France, l’homme de la rue n’est un exemple d’altruisme et de tolérance, sinon à l’intérieur de ses schémas de pensée. Or, si le sens communautaire, dans le premier cas, est une condition de la survie, j’ai tendance à penser que, dans le second, c’est bien plutôt celui de l’individualité : cela signe différents modes d’organisation sociale.
J’entretiens en Afrique un foyer de six personnes, qui subsiste avec moins de 150 euros par mois, soit moins d’un euro par personne et par jour. Nous mangeons, nous habillons, mais demeurons à la grâce de Dieu et de nos relations sociales, sitôt qu’il nous faut nous soigner, par exemple... On peut, de l’extérieur, phantasmer sur « l’obsédante » présence du religieux dans ces conditions, déplorer « l’obscurantisme », « l’hypocrisie », etc., etc. : c’est pourtant cette ambiance qui motive, ici et là, suffisamment de générosité et de dépassement de soi pour assurer, notamment, les soins médicaux à notre petite famille.
Je l’ai signalé ailleurs : le succès populaire, et électoral, du Hamas et du Hezbollah tient à leur activité concrète sur le terrain. Elle s’inscrit dans la même logique religieuse, banale (et dénuée, dans mon quotidien, de toute implication politique), que je vis en Mauritanie. Mais on trouvera ailleurs, notamment en Inde non-musulmane, des myriades d’exemples analogues, à connotation politique ou non, d’implication du religieux dans l’organisation quotidienne, populaire, de la survie.
Cette dimension internationale, transreligieuse, des liens quasiment organiques, parce que quotidiennement vécus, entre le religieux, le social et le politique, est une réalité incontournable du monde contemporain. LA LOI DE L’ETAT EST CELLE DU PEUPLE MAJORITAIRE. Y a-t-il alternative CONCRETE à cette trivialité ? C’est la question qui devrait agiter nos beaux penseurs de l’athéïsme.
Enfin, Wrisya et Ka, je vous prie de méditer la méthode avec laquelle certains s’appliquent à nous diviser en « bons » et « méchants » musulmans, en insistant, notamment, sur votre féminité. En espérant que vous fassiez, toujours, la juste part des choses - c’est tellement agréable les compliments - je vous souhaite, et nous souhaite à tous, la meilleure des continuations. Bien à vous.