L’article dans une certaine mesure révèle une certaine ignorance des interventions humanitaires. Elles dépendent essentiellement de la coopération des gouvernements, c’est-à-dire de la mise à disposition des structures, infrastructures, réseaux existants.
Il ne faut pas aussi oublier que les évaluations ont montré qu’après le tsunami, c’étaient les collectivités locales qui avaient apporté les premiers secours. Je ne dis pas qu’il ne faut pas aider la Birmanie, mais que de chercher à acheminer des secours, aider la population et batailler contre le gouvernement est un cocktail explosif.
Il y a des organisations qui travaillent déjà, et depuis plusieurs années en Birmanie, MSF, ACF, Merlin, la Croix-Rouge etc. qui manquent de moyens et de personnel, mais qui peuvent faciliter l’acheminement des secours. Plutôt que d’amorcer un débat qui je pense est stérile sur la nécessité d’intervenir, sans parler de toutes les technicalités, qui va y aller, qui va donner l’autorisation d’y aller, ou est-ce que ce sera une intervention unilatérale et je pense que même les Etats-Unis ne s’y risqueraient pas, je pense qu’il faut soutenir financièrement et matériellement les ONG qui travaillent déjà en Birmanie, en étant pragmatique, c’est-à-dire en acceptant qu’une partie des secours puisse être détournée, (mais quand on pense au gaspillage après le tsunami !!), mais en sachant aussi que la plus grande partie atteindra les populations sinistrées.
Ce que je crains le plus est l’indifférence et l’abandon du peuple birman (avec maintenant le tremblement de terre en Chine). Au nombre de toutes les discussions sur la nécessité d’ingérence, combien sont vraiment motivées par le sort du peuple birman, et combien d’autres par une figure de cas intéressante du point de vue politique. Personnellement je ferai appel à vous tous en disant soutenez les organisations sur le terrain.
Je vais pour finir enfiler mon cheval de bataille (un parmi d’autres mais celui-là me tient à coeur). L’évolution actuelle du système humanitaire, hormi pour quelques subversifs comme MSF ou ACF pour ne citer que les ONG françaises, est de se concentrer sur des pays où il existe des perspectives de développement. Ce qui veut dire que les urgences dans des pays sous la tutelle de gouvernements corrompus ou qui sont très pauvres, doivent attendre plus longtemps avant de recevoir une assistance, parce que l’urgence n’est pas médiatisée par la présence de certaines ONG, qui n’éprouvent aucun intérêt à y travailler. Pensez au Tchad par exemple, comparé au Darfour qui a reçu toute l’attention médiatique parce que les enjeux étaient essentiellement politiques, le Niger ignoré pendant des mois, parce que trop pauvre pour envisager toute perspective de développement, la Birmanie aujourd’hui. Les principes humanitaires sont constamment bafoués. Ce ne sont pas ceux qui sont le plus dans le besoin qui sont assistés, ce sont ceux qui ont le plus de chances de s’en sortir. Si cela paraît logique du point de vue de l’investissement financier, c’est aussi en complète contradiction avec les principes humanitaires. Un point intéressant est l’on retrouve pratiquement les mêmes ONG travaillant dans des pays difficiles, qui ne peuvent vraiment pas se prévaloir de résultats réellement positifs dans la mesure où les circonstances militent contre cela.