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Commentaire de François-Ferdinand De la Friche en Souche

sur Le polythéisme des marques, nouvelle frontière du 21ème siècle ?


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Pourquoi donc ? Simplement parce que la Culture induit des comportements, produit et est produite par l’Expérience globale ou individuelle, simplement parce qu’elle interroge le Monde et permet de créer sans que le Matériel n’interfère.
En cela, elle est aujourd’hui le noyau de la mécanique de globalisation, dominée par le dogme  dit néo ou ultra-libéral : bien que ce système apparaisse autant bâtard qu’hybride des points de vue économique ou idéologique.

Le travail de ces élites ( à entendre castes/classes dominantes) a commencé dés le début du siècle dernier, le bouillonnement industriel  leur fait comprendre ce qu’ils pouvaient tirer soit du contrôle de la Culture soit par sa substitution par l’actuelle  anti-culture. Les théories freudiennes et la crise de 1929 furent le décor permettant ce constat par nos  élites.
Les gains de productivité engendrés par la Révolution industrielle eurent pour conséquence une  surproduction chronique que Marx avait prophétisé en parlant de  baisse tendancielle du taux de profit.
Réalisant cela, les élites économiques comprirent qu’elles devaient opérer un  élargissement  de leurs marchés plutôt que des gains de productivité . La globalisation, encore en marche, donnera à cette mécanique d’élargissement une dimension globale dont notre monde contemporain témoigne.
L’enjeu peut se résumer ainsi : il faut  dynamiser  la consommation plutôt que la production, en effet la consommation sera toujours inférieure aux possibilités de production. Dés lors tous les moyens seront bons pour pousser/inciter à la consommation, le marketing est né…aujourd’hui, nous en voyons les conséquences où même l’art politique n’est plus qu’affaire de marketing soit de communication.

Mais dés lors que la Consommation devient la finalité (ou absence existentielle de finalité dans les faits) de l’individu, la Culture entre dans sa  phase terminale dans la construction et de l’individu, et de l’Humanité. L’individu consommateur  ne peut cohabiter avec l’individu culturel : où tout au moins, le système n’a plus besoin de l’être culturel.

Quel est notre monde aujourd’hui ? La globalisation, que produit-elle comme décor ? des multinationales multipliant leurs marchés par deux, trois..par cent…etc…faisant tomber les barrières douanières mais aussi les barrières  esthétiques ou culturelles …dans le but de « vampiriser  » l’individu, de capter, de diriger son énergie libidinale, de le faire muter d’être culturel à clone-consommateur.

Prendre  un consommateur à un concurrent est une formule usuelle : le terme  prendre quelqu’un  témoigne à lui seul de la  violence et du processus  vampirique (ou phénomène de possession avec une grille de lecture religieuse) de ce qui nous apparaît somme toute devenu commun mais surtout normal : le concept de concurrence impactant jusqu’à nos conduites et nos rapports à l’Autre…Décor posé par le néocapitalisme ou dit néo/ultra-libéralisme économique, avec son système de croyance : ses dogmes, sa divine loi du Marché, etc…

Mais qu’est-ce donc que  prendre  un client à un concurrent, de le garder comme client si ce n’est un phénomène d’ordre libidinal, une captation et dérivation de l’énergie libidinale de l’individu.
Le Désir, au centre de la religion Consommation connaît une énergie mais aussi une économie, qui le gouvernent inconsciemment : l’affect. Or nos  élites  ont compris qu’on pouvait non seulement le capter mais aussi l’organiser , et là où l’acte consommatoire tant il est habituel, et parait anodin, démontre le pouvoir de contrôle donné à nos  élites : cette captation-organisation est de fait destructrice.

Comme nos  élites  visent pour l’instant au contrôle des individus et non à leur destruction, l’enjeu est de capter-organiser cette énergie individuelle, de conquérir la libido  des individus-consommateurs sans pour autant la détruire mais bel et bien la contrôler.
Voilà le nouveau modèle d’individu, de contrôle, de culture/anti-culture auquel l’Humanité est confrontée, changement sans précédent depuis des dizaines de millénaires dans le rapport autant au Monde qu’à l’Autre ou à Soi.

comment s’opère cette « conquête », cette « captation-organisation », comment les élites  vampirisent l’individu-consommateur ?

 

La conquête, la captation se fait au travers de dispositifs de contrôle des temps et espaces d’existence  de chacun, plus clairement par mise en place d’un système de contrôle de  l’espace-temps de vie individuel.
Le contrôle usait d’abord de moyens analogiques : cinéma, radio, télévision. Ou plus simplement industries de programme . Ces moyens aujourd’hui sont devenus numériques, mais leur fonction demeure, à savoir : propositions de modèles de vie et de conduites-attitudes en orientant l’évolution des désirs du Public : les individus-consommateurs que nous sommes devenus. L’aspect strictement commercial revenant à vendre selon une formule consacrée : du temps de cerveau disponible aux différentes marques.

Mais aujourd’hui, nous assistons au développement accéléré de technologies beaucoup plus redoutables, des technologies de contrôle computationnelles  qui permettent d’intégrer et de faire converger toutes les phases de production en parallèle avec celles de la consommation. En plus simple : des technologies de contrôle totale de la chaîne production-consommation.

Tout y est intégré : recherche, développement, design, conception, marketing, production, logistique, distribution  just in time  avec réaction en temps réel ou un décalage minimal aux codes barres  en bout de chaine.
Intégration totale de tous les éléments de cette nouvelle anti-culture : publicité, création de l’envie, méthodes de géolocalisation pour la logistique, et traçabilité des clients.
Un contrôle total de l‘individu-consommateur qui ne se doute de rien et quoi agir selon ses besoins et sa perception.

En quoi cela est-il nouveau et dangereux ? le contrôle strictement social est dépassé, l’idéologie dominante via des moyens technologiques opère ce contrôle via la Culture, jusqu’à l’anéantir en tant que telle devenant de fait anti-culture de Contrôle et Conditionnement. Les singularités deviennent alors des particularités, et la Culture devient l’anti-Culture.

 

Le singulier naissant de l’Expérience, disparaît derrière le Particulier né du Conditionnement et de réactions influencées.

La singularité est le cœur du sujet individu, cette singularité cherche ses âmes-sœurs qui elles aussi sont des singularités. Tout ce que l’individu cherche dans sa vie ce sont des singularités autres. L’acte d’achat en cela, est une projection de cette singularité dans l’absolu. Si cet acte d’achat ne permet plus la projection de cette singularité mais se réduit à un réflexe conditionné d’acte consommatoire, le singulier disparaît derrière le particulier. A l’échelle globale, c’est la disparition-destruction des singularités individuelles soit de ce qui définit chacun, d’une manière à la fois systèmatique et systèmique.

 

En définitif, la fin de l’Humanité en tant qu’ensemble d’individualités originales et singulières pour une pseudo ou post-humanité comme somme d’individus identifiables uniquement par quelques particularités consommatoires. Une post-Humanité sans Culture pour relier les individus mais une anti-culture pour les contrôler.

Cet évènement n’a rien d’anodin et nous assistons purement et simplement à la disparition de l’Homme dans des sociétés, soi-disant, inspirées par les valeurs des Droits de l’Homme :

Par le passé, nous connaissions des sociétés de type disciplinaires, le contrôle y était principalement social : par exemple, on pourrait dire que dans la société industrielle, le contrôle social ne passait pas par la Culture mais par un contrôle de la production des ouvriers dans les usines, ou l’action des militaires, ou bien encore celle des gardiens de prison…un contrôle d’une société qui produit, qui agit, qui veille au respect d’un certain Ordre…mais cela complètement indépendamment d’autres acteurs de la société : ceux du monde de l’Esprit qui à l’époque capter-organiser la libido collective pour assurer le pouvoir du Roi, de l’Eglise, soit les pouvoirs politiques et religieux.

Donc des sociétés divisées en deux catégories : le monde de la Production et de l’Action et  le monde de l’Esprit : complètement libre dans la construction de la Culture de tout contrôle social : celui-ci opèrant dans le monde de la Production et de l’Action.

Donc la possibilité de la Culture et de la culture de Soi , soit un monde où l’individu se forge une expérience de lui-même mais aussi du monde.

Les nouvelles élites inversant la hiérarchie historique Culture/Politique/Economie ont mis fin à cette division de la société en deux mondes séparés, plus simplement fin de la séparation entre monde de l’Action et monde l’Esprit, entre espace-temps de l’Acte, et espace-temps de la Pensée où naît et évolue l’Humanité et la Culture.

Derrière, l’aspect conçu comme inéluctable de globalisation autant économique que dans la perspective de la dite démocratie libérale conçue comme un absolu : apparaît quelque chose de terrible et terrifiant pour notre évolution future : la séparation entre monde de l’Esprit, de la Pensée, de la Culture et monde de l’Acte, de la Production, du Matériel est ELIMINEE, éliminée sur tous les plans : technique, économique, politique.

Ces deux dimensions du Monde, mais aussi de la Vie et de l’Humanité ont permis l’évolution de l’Humanité depuis Neandertal…cette séparation entre monde de l’Acte(matériel) et monde de la Pensée(spirituel) avait permis la Culture, avait créé ou produit l’Expérience à l’échelle autant globale qu’individuelle, mais avait aussi permis que le contrôle ne soit jamais total, se contentant d’être social : un contrôle visible et définissable : cette division du Monde avait certes produit du conditionnement culturel ou social (religieux, idéologique, etc…) mais avait toujours laissé un espace pour l’expérience individuelle, et donc la construction de perceptions individuelles du Monde, de l’Autre.

Autant dire, que la  fusion contrôlée de ces deux mondes dans une perspective de contrôle autant total que global est un évènement colossal à l’échelle du Monde et de l’Humanité…c’est la fin de la Culture, et en définitif de l’Humanité telle que nous l’avons toujours conçue.

et à nouveau la même question : qui du barbare ou du clone est le plus proche de l’Humanité ?

 


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