Tous les croyants ne s’amusent pas à vouloir faire du concordisme à tout prix.
Je trouve qu’on exonère un peu trop facilement le pouvoir civil (ou ce qui en tenait lieu) de ses responsabilités en ce qui concerne l’oppression des siècles passés. Si on prend l’exemple de l’antisémitisme, les juifs étaient mieux traités dans les enclaves contrôlées par le Pape que dans les territoires contrôlés par le pouvoir civil.
Contre des la manie des féodaux de se battre les uns contre les autres, l’Eglise avait tenté d’instituer la trêve de Dieu ou l’interdiction de l’arbalète, le plus souvent sans succès (malgré les menaces d’excommunication). Elle a dû composer avec ce qu’elle avait sous la main, c’est-à-dire des hordes de barbares (et leurs descendants, les féodaux) profitant de la chute de la civilisation romaine pour piller et saccager : elle a réussi à les convertir, sauvant ainsi des bribes de savoir qui ressortiront lors de la Renaissance. Mais elle en a gardé un goût du pouvoir qui l’a corrompu.
Toute le monde sait bien que les idéologie a-religieuses du XX ème siècle ont commis bien plus de morts que tout le mal que les religions ont pu commettre.
Des crimes sans nom ont été commis au nom de la République (Terreur, Vendée), cela m’empêchera-t-il d’être républicain ou démocrate ?
La boucherie de la première guerre mondiale résulte de la confrontation de nationalismes étroits, faut-il renoncer à être patriote ?
Des inventions terrifiantes sont nés de l’imagination des scientifiques, cela m’interdira-t-il de soutenir la science ?
Des horreurs indescriptibles ont été accomplies au nom du communisme et du nazisme, cela doit-il gêner l’appartenance à un parti de gauche ou de droite modérée ?
On a reproché également aux religions leur archaïsme ; mais le néo-libéralisme qui englue le monde d’aujourd’hui, nouvelle mouture de la loi de la jungle, ne l’est-il pas bien davantage ?
Quelle doctrine n’a pas ses intégristes ? Pourquoi le reprocher uniquement aux religions ?
Faut-il alors s’éloigner de tout système de valeurs, potentiellement totalitaire, vers un relativisme indifférent menant au nihilisme de la pensée ?
Mais, pour bien comprendre les rapports entre la violence et le sacré, il faut lire René Girard (mimétisme, bouc émissaire...)