« La richesse et la misère s’avancent sur deux lignes parallèles » a écrit l’économiste J.-B. Say
Déjà dépossédés par l’employeur d’une partie importante du bénéfice de leur travail, les travailleurs le sont encore par la clique commerciale ; si, après avoir subi le prélèvement du pingre dont ils sont les salariés et du charlatan qui lui vend au plus haut prix ce dont il a besoin pour s’alimenter, se vêtir, se loger et se distraire un petit peu, il reste (pure éventualité) quelques sous au travailleur, ces faibles disponibilités sont happées par la finance ou dévorées par l’Etat.
De sorte que toutes les richesses créées par leur travail ne restent jamais à la disposition et entre les mains des travailleurs-producteurs, mais passent immanquablement dans les coffres-forts des improductifs
Des fortunes extravagandes s’érigent sur le détroussement systématique des travailleurs qui produisent et qui consomment. Plus le régime libérale-capitaliste se développe, plus il engendre, par le système des profits additionnés, cette accumulation des richesses.
C’est ainsi que d’immenses fortunes, de phénoménales recettes, d’incalculables réserves, dûs à l’effort de la multitude qui trime et vit piétrement, se trouvent aujourd’hui en la possession d’une minorité de filous et de profiteurs -qui, de génération en génération, se transmettent constamment augmentées les richesses ainsi accumulées.
Il est inutile de s’indigner contre ce fait économique oppressant pour la majorité des populations sans s’indigner contre le régime social qui le fatalise : on ne peut efficacement combattre les conséquences sans s’attaquer au principe ; ce serait stupide que de vouloir détruire l’effet sans en détruire la cause.
Pourtant, le plus souvent, c’est ce que font, tous ces soi-disants révolutionnaires qui violemment s’élèvent contre l’accumulation des richesses dont pâtit le plus grand nombre et qui, cependant, se font les défenseurs du milieu économique qui la produit inévitablement.