A ThierryCH
Je ne vois pas de contradiction dans ma thèse. Ce que je critique, ce n’est pas la liberté, mais une certaine conception de la liberté, qui ne me paraît pas correspondre à la liberté véritable. Et il ne suffit pas d’invoquer l’étymologie pour prouver quoi que ce soit : ce n’est pas parce que « libéral » vient de « liberté » que le libéralisme est réellement porteur de liberté. Ne confondons pas les mots et les choses.
Cela dit, je veux bien mettre dans l’eau dans mon vin, et reconnaître que tout n’est pas à jeter, loin de là, dans le libéralisme. Ce courant a joué - et joue encore, dans une certaine mesure - un rôle important dans sa critique du despotisme politique, religieux, patriarcal, etc.
Ce que je reproche au libéralisme, ce n’est pas de défendre la liberté individuelle, c’est d’opposer liberté individuelle et liberté collective, et de considérer que la collectivité est une construction artificielle au service des individus (sans doute que je simplifie un peu, mais c’est en tout cas la tendance de beaucoup de libéraux). A mon sens, il n’y a pas de contradiction entre la vie collective et la vie individuelle : les deux se nourrissent l’une de l’autre. La liberté individuelle est d’autant plus forte que l’individu peut avoir une vie sociale intense, et partager avec ses semblables un maximum de ressources financières, techniques, scientifiques, etc.
Contre ce partage, les libéraux ont tendance à sacraliser la propriété privée, y compris la propriété privée des moyens de production, alors que je considère qu’une grande partie (mais non la totalité) des ressources matérielles et immatérielles devrait être gérées collectivement (ce qui ne veut pas nécessairement dire par l’Etat).
Libéralement vôtre,
J. Grau