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Commentaire de easy

sur « Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé » Guerlain


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easy easy 18 octobre 2010 15:26

Nous vivons un contexe de panique morale et nous avons le réflexe de nous accuser les uns les autres jusqu’au moment où, par hasard, il y a une convergence possible vers une cible et là c’est l’hallali. Jusqu’à la prochaine coagulation contre une autre cible.

Je suis bâtard nègre/colonialiste. Je suis le fruit de l’union entre une personne qui était à l’époque dans le groupe des colonialistes et une personne qui était dans le groupe des esclaves.
Je crois que pour sortir de ce climat de panique qui provoque des milliers de tirs croisés où chacun finirait par tomber au moins sous le coup de balles perdues, il serait temps que chacun montre à la communauté des hommes qu’il est volontaire pour livrer sur la grande table de la paix, d’abord le pardon mutuel, d’abord l’amitié mutuelle.

Toute ma vie j’ai souffert des réflexions du genre de celles de monsieur Guerlain. Mais nous sommes tous bien trop défaits pour gagner quoi que ce soit à une pendaison de plus.
Par chance, probablement pour des raisons mercantiles mais pas forcément, monsieur Guerlain s’est aussitôt excusé. Il serait fou ou hystérique de ne pas tenir compte de ses excuses.

Chacun a des besoins de vengeance-justice-réparation. Il n’est pas possible pour un individu donné, même millionnaire, même prestigieux, de dédommager tous ceux qui se sentent ruinés par le racisme. Mille vies, mille fortunes comme la sienne n’y suffirait pas. N’exigeons pas un infini de la part d’une personne finie (elle ne pourrait que désespérer et vouloir se suicider) réservons nos réclamations infinies à Dieu ou à l’Humanité entière à la rigueur.


Le racisme, le sexisme ou l’ethnisme fonctionnent sur la base de sentiments banals tels que la prétention, la supériorité, l’élitisme, le mépris, l’orgueil et, à la limite sémantique, la fierté. Aucun de ces sentiments n’est interdit pas la loi mais ils sont bien à corriger si l’on veut s’élever, dépasser notre reptile.

Beaucoup de gens réussissent à brider ces sentiments, c’est donc possible. Efforçons-nous d’en faire autant, ne serait-ce qu’entre nous Agoranautes pour commencer. Car il y a beaucoup, beaucoup trop de mépris dans les jugements hyper hâtifs des uns envers les autres. Que d’insultes, que de dénigrements, que de mépris entre nous, ici !

Je vois trois principaux facteurs sur lesquels chacun fonde son mépris de l’autre : le niveau de fortune, le niveau d’instruction et le niveau de rhétorique.
Oui, on se fonde aussi sur sa race (si on la trouve supérieure sur un des critères ci-dessus) mais ça vient bien après.
Fortune, instruction et rhétorique sont les 3 socles de l’arrogance.
Or, dans ce pays par exemple, ces 3 socles sont officiellement cultivés et élevés au rang de valeurs.

Certains, très très rares, quoique riches de ces valeurs, ont démontré qu’ils pouvaient s’en servir dans un sens au contraire plus amical. 


Alors que monsieur Guerlain, quand il avait été cambriolé il y a environ 15 ans (je n’en retrouve aucune trace sur le Net) avait porté plainte (mais il faut dire que ses gens de maison avaient été pris plus ou moins en d’otage), Brassens, lui aussi cambriolé (mais sans prise d’otage) avait déclaré qu’il comprenait le voleur et lui pardonnait.
Voilà donc deux hommes riches de fortune, d’instruction et de rhétorique, l’un avait considéré qu’il était criminel de le voler, l’autre que c’était compréhensible.

Mais encore une fois, dans le cas Guerlain, il y avait eu violence contre ses gens, ce qui pourrait expliquer sa réaction plus vindicative et victimaire.

A part ça, un ami Roumain qui avait eu l’idée de réunir des artistes après la tempête 2000 pour qu’ils réalisent des sculptures à partir des souches d’arbres déracinés, avait trouvé en monsieur Guerlain, un très bon soutien. En cette occasion, ce monsieur avait su valoriser des morceaux de bois sculptés par des artistes en herbe, pas du tout connus et tous fauchés.


Maintenant que le scandale est lancé, essayons d’être le plus amical et pragmatiques possible. Au lieu de pourrir la vie de ce monsieur en l’accablant de procès avec des demandes infinies, demandons-lui par exemple (sans le menacer de quoi que ce soit) de reconsidérer le cas de sa plantation d’ylang-ylang de Mayotte sans jamais perdre de vue que quand nous nous rendons dans ces îles en touristes, nous n’offrons aux locaux que des salaires de misère.

Et nous pourrions en faire de même avec Benetton au sujet des terres des Mapuches qu’il s’est accaparé pour nous livrer des pulls super câlins.

Il est possible de dire que nul au monde ne mérite un confort et une abondance tels qu’ils nous sont proposés et tels que nous pouvons nous payer. Même en tenant compte de notre très bonne productivité. Si nous jouissons dans notre maison de confort surnaturel (ne serait-ce que d’un CP et d’Internet) c’est que nous avons arraché à d’autres ce qui leur revenait naturellement.

Colonialisme ou pas, racisme ou pas.

Se poser en chantre de l’antiracisme tout en ayant un train de vie qui spolie des gens de ce qui leur revient de façon naturelle, c’est légitimer sa posture en accusant un bouc émissaire. C’est se poser en juge alors qu’on est voleur.

Et bien c’est contre ce trucage, c’est contre ces faux protecteurs que les spoliés ont le plus de mal à se défendre.


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