Pour rééquilibrer ce ramassis d’inepties :
Le crime de
Pinochet
Au moment où j’écris ces lignes, le général
Pinochet est toujours en état d’arrestation à Londres. Le juge
espagnol qui a décidé de l’inculper pour « génocide » et
« crime contre l’humanité » n’a pas été désavoué
par les autorités de son pays.
Des manifestants de gauche, jour
après jour, se rassemblent devant le lieu de détention
pour rappeler, larmoyants ou indignés, le nom des victimes.
Les journalistes qui rendent compte de l’événement
parlent d’une dictature sanglante qu’il ne faut pas oublier. Les
politiciens de droite et de gauche interrogés
renchérissent, à l’exception notable de Margaret
Thatcher.
Certains rappellent, émus, le
gouvernement d’Union populaire, les "espérances
assassinées" et le sort tragique de Salvador Allende. ’ Quelle
que soit l’issue finale de l’événement, la cause ainsi
présentée parût entendue. Qui, en une
époque où démocratie et droits de l’homme sont
devenus des valeurs planétaires, pourrait défendre
l’auteur d’un coup d’État ?
Il serait pourtant utile de rafraîchir
les mémoires défaillantes...
Loin d’avoir été une
cité de cocagne, le Chili à la fin des années
Allende était un pays au bord de la guerre civile et qui se
rapprochait à grands pas du totalitarisme marxiste et du chaos
économique. A une inflation totalement emballée
s’ajoutaient des difficultés d’approvisionnement alimentaire
et une chute vertigineuse de la production agricole et industrielle.
Les usines occupées et confisquées sous la pression de
hordes armées voisinaient avec la constitution de milices
parallèles, prises en main par des représentants de
l’extrême gauche terroriste venus de toute l’Amérique
latine.
Loin d’avoir respecté les
procédures constitutionnelles, le gouvernement Allende et
Allende lui-même n’ont cessé de fermer les yeux sur des
exactions toujours plus nombreuses, sur l’installation d’une terreur
ambiante et sur l’acceptation d’un glissement vers l’hostilité
de tous contre tous.
Ce qui était à l’ordre du jour
n’était plus, de quelque côté qu’on regarde, le
maintien de l’État de Droit, mais une prise de pouvoir par la
violence...
La gauche, bien sûr aurait
préféré que cette prise de pouvoir soit
opérée par des éléments de gauche-Tout ou
presque était prêt pour cela.
On aurait, bien sûr,
déploré les victimes, mais les grandes consciences
européennes auraient eu vite fait de dire que l’avancée
de l’histoire est à ce prix, et se seraient
pâmées devant les portraits de Che Guevara brandis par
des foules enthousiastes. On se serait aperçu, plus tard, que
le pays était devenu un pays en voie de
sous-développement, et quand les dirigeants, pour ne pas
sombrer totalement, auraient fait appel à des investissements
extérieurs pour survivre à leur propre gabegie, on se
serait émerveillé de leur "esprit
d’ouverture".
Malheureusement, les choses se sont
passées autrement. Varmée a rétabli l’ordre. Et
comme elle a rétabli l’ordre dans un pays où les armes
les plus diverses circulaient, il y a eu des victimes, sans doute
même des victimes innocentes. Un autre scénario que
celui prévu par la gauche en a découlé. Retour,
au bout de quelques années de stabilisation, à des
institutions de Droit et à la démocratie.
Rétablissement de la liberté
individuelle et de la liberté d’entreprendre. Le Chili est
devenu un modèle économique, l’exemple vivant d’une
réforme qui s’est depuis disséminée dans presque
toute l’Amérique latine où les terroristes sanglants
ont quasiment disparu et où des dirigeants élus ont
procédé aux réformes économiques
indispensables à l’avancée vers la
prospérité.
En une époque où les
communistes, partout sauf en France, n’osent plus revendiquer leur
appellation et où, du rêve d’un monde asservi aux dogmes
totalitaires, il ne reste que quelques lambeaux misérables, de
Cuba à la Corée du Nord, sans doute divers nostalgiques
avoués ou inavoués ne pardonnent-ils pas. Et sans doute
le général qui, au Chili, a brisé leur
rêve de voir l’Amérique latine devenir un grand champ
d’expérimentation pour dictateurs de gauche et qui, dans le
même mouvement a, le premier sur son continent, montré
que la liberté économique était la meilleure
garantie de vie prospère pour le plus grand nombre, est-il
à leurs yeux plus impardonnable encore...
Qu’un juge, dont on devine aisément
les arrière pensées politiques, tente de se faire le
bras armé des nostalgiques n’est, dans la triste situation
mentale de l’Europe actuelle, que fort logique.
Bien sûr, il ne faut pas le dire.
Comme il ne faut pas dire vraisemblablement qu’utiliser le mot
« génocide » en pareil contexte relève d’une
indécence obscène et ignoble, qui place sur le
même plan les concepteurs de la solution finale sous le
Troisième Reich et n’importe quel militaire intervenant dans
un pays au bord du gouffre. A quand l’utilisation du mot
génocide pour stigmatiser les généraux
français de la guerre d’Indochine ou les chefs militaires de
la guerre du Golfe ?
Il ne faut pas dire non plus que le mot
dictateur est appliqué à un général qui,
de facto, a rétabli une démocratie menacée,
alors que jamais ce mot n’est employé pour décrire les
dirigeants de la République Populaire de Chine ou pour
désigner Fidel Castro... Il est vrai que si les premiers comme
le second ont à leur actif des centaines de milliers, voire
des millions de morts, leurs intentions étaient « pures » et
leurs buts dignes de "respect’, car ce qui est de gauche est
toujours, par essence, « pur » et digne de « respect »...
La gauche, c’est le rêve, n’est-ce
pas, et même si le rêve prend l’odeur des cadavres et le
contour des camps de concentration, il faut rêver encore. La
droite est ignoble par définition, et plus ignoble encore sans
doute lorsqu’elle crée de la liberté et de la
prospérité. La liberté et la
prospérité ne sont pas un bon terreau pour
développer des idées de gauche...
Pinochet est coupable, oui. Il a
manqué de discernement. S’il avait pensé à
gauche, il serait resté au pouvoir sans remords ni scrupules,
et sans cette étrange lubie de rétablissement de la
démocratie. Le Chili serait resté pauvre et
bâillonné. Aux morts du coup d’État auraient pu
s’ajouter des morts par centaines ou par milliers, année
après année.
Il aurait été reçu
partout en Europe. Nul n’aurait manifesté. Nul n’aurait
trouvé à redire.Au contraire...
http://www.les4verites.com/les4verites/lesnumeros/4verites194.htm#d