Wang,
Ce que vous écrivez est très intéressant, mais ça soulève des questions auxquelles je n’ai pu répondre, et auxquels nul n’a répondu, il me semble. Aveu : je n’ai toujours pas eu le temps de lire les classiques du libéralisme, je lis des historiens, des sociologues, des romanciers et des manuels techniques. J’espère que ce n’est pas une tare.
Questions, donc :
"La propriété, c’est de reconnaitre que quelqu’un est libre de
disposer de lui même d’abord, c’est le droit à la vie, et par conséquent
du fruit de son travail, sans quoi il est un esclave, et que tous les
hommes sont également dignes de droit (notion très différente de
l’égalité réelle) et respectables dans leurs aspirations diverses.«
D’accord, avec la liberté à contractualiser librement les relations d’échange service/argent pour tous ceux qui ne créent pas leur propre activité économique, et vu sous cet angle de contrat on peut estimer que leur création consiste à vendre leur savoir/service, c’est ça ?
Chacun, d’accord, est respectable dans ses aspirations, ses compétences, etc. Mais que devient celui qui, un jour, suite à un accident, est privé d’un bras, d’une jambe indispensables à l’exercice de ses aspirations, voire se retrouve tétraplégique ou souffre de dysfonctionnements psychiques tels qu’il ne peut pas participer de ce mouvement créatif ? Doit-il s’en remettre à la charité individuelle, c’est-à-dire être dépossédé de droits neutres au sens où ils sont les mêmes pour tous, basiquement vivre et prospérer, dépossédé parce qu’il devra oeuvrer à plaire à cette charité individuelle, à ce choix charitable (ou pas) ?
»La
propriété implique plusieurs choses donc : la pleine disposition des
fruits de son travail, le droit d’échanger celui-ci contre autre chose,
mais aussi la responsabilité, à savoir le fait d’assumer toutes les
conséquences de ses actes, y compris ses erreurs.«
Et lorsque les erreurs sont des fautes avec des conséquences en chaîne sur d’autres droits à la vie et à la liberté des diverses aspirations, qui assume et jusqu’à quel point ?
»Le premier être humain à avoir trouvé une
application à quelque chose doit en être considéré comme le propriétaire
légitime, c’est le droit du premier occupant qui peut avoir des
conséquences importantes"
Le droit du premier occupant de la forêt amazonienne est-il le droit premier ? Son économie, ses aspirations, son organisation de production et de consommation priment donc sur le nouvel arrivé exploitant le bois à échelle industrielle ?
« Ce n’est pas l’état qui est source du droit. »
Qui va déterminer ce qui relève du droit à la santé et du droit à l’éducation, les deux fondements offrant à chacun, dans la perspective libérale, le droit de vivre tel qu’en lui-même ?