@njama
Effectivement est intéressante la
différence entre d’une part intellection par signification et
conscience, d’autre part intellection par signification seule ;
on pourrait ajouter pour cette dernière signification interne ou
univoque en référence aux automates ou logiciels qui ne peuvent
mettre plusieurs significations sous le même mot et donc l’entendent
sous le sens premier ou le plus usuel.
Cette différence-opposition entre ces
deux intellections revient à l’opposition très ancienne mais
toujours d’une très brûlante actualité entre l’esprit de la loi
ou au pied de la lettre comme en un garde à vous.
En effet, la première, l’intellection
signification et conscience, par l’ajout de cette conscience, intègre
ce qu’en termes modernes on appellerait le contexte que ce
soit celui du document dans une analyse de texte, ou d’une époque,
du-des débats parfois très âpres qui agitaient les gens (clercs ou
laïcs) ; et qui peuvent complètement tomber en désuétude
quelques temps plus tard (par ex. comme on le voit dans le fim
de Umberto Ecco « Le nom de la rose » on s’étripait
presque pour savoir si le Christ possédait ou non sa tunique).
Cette « compréhension » du
contexte pouvait aller loin et ne s’occupait pas seulement de bien
comprendre le-les sens possibles d’un mot, d’une loi. Elle pouvait
aller bien au-delà du « compréhensible » jusqu’au
« compréhensif » c’est-à-dire jusqu’à montrer une
mansuétude à l’égard d’une faute avérée et aller ainsi carrément
à l’encontre même de l’application d’une loi pourtant forte,
officielle, voire réputée avoir été donnée par Moïse qui
lui-même la tenait du doigt-burin de Dieu Lui-même qui l’avait
gravée dans la pierre.
On a ainsi trois exemples majeurs de cette
compréhension supérieure à la compréhension stricte d’une loi,
qui en vient à « casser » au sens quasi juridique du
terme une loi pourtant officielle, dans le cas dont je vais parler
celui de la condamnation de la femme adultère à la lapidation.
Trois personnages qui ne sont pas des farfelus qui auraient oublié
ou mal compris la loi. Il s’agit de Yeoshua le Nosri (plus connu sous
le nom de Jésus-Christ), du Rabbi Hillel, et du Prophète Mohammed.
1) Jésus-Christ : tout le monde
connaît « que celui qui n’a jamais péché lui jette la
première pierre ».
2) Hillel (contemporain de Jésus) :
On lui amène une femme mariée prise en flagrant délit d’adultère.
Comme en justice juive il faut qu’il y ait au moins deux témoignages
concordants (et notons que si dans un procès il y a unanimité pour
condamner une personne celle-ci est automatiquement relâchée pour
non-lieu à cause de cette unanimisme). Hillel entend le premier
témoin qui raconte :
« Voilà elle faisait l’amour
avec un homme qui n’était pas son mari, je l’ai vue.
-Où était-ce ?
-Sous le gros olivier qui borde le
muret à l’angle nord-est du champ d’Un tel.
-
Tu en es sûr ?
-
Oui
-
Tu es sûr de ne pas te tromper
d’olivier ?
-
J’en suis sûr.
-
Ah bon, alors dis-moi combien de
feuilles a cet olivier.
-
Je ne sais pas.
-
Dis-moi un chiffre ; si-si
donne-moi ton chiffre, le plus exact possible.
-
Ben, euh...3528
-
Merci. Tu peux te retirer.
Puis il reçoit le second témoin sans
qu’il ait pu communiquer avec le premier et lui demande aussi le
nombre de feuilles. Le deuxième témoin donne un chiffre différent
et Hillel statue :
- « Témoignages
non-concordants : Non-lieu est prononcé. »
3) Le prophète Mohamed, lui, apporta une
innovation puisqu’il fit dans la prévention : quand les
combattants revenaient chez eux, au foyer où attendaient leur(s)
épouse(s), il avait enjoint aux combattants de faire le plus de
bruit possible avec leur cuirasse, leur bouclier, leur épée et en
hurlant, criant, chantant. Bien que cela ne soit pas dit,et même si on
prend cela pour une sainte et belle exubérance, il est clair que cela
donnait le temps à l’amant éventuel de partir discrètement et
ainsi il n’y avait pas de...problème ! Cela est même devenu
une tradition plus générale au point que quand on rentre au
pays (même si on est avec sa femme dans la voiture) on klaxonne
bruyamment pour annoncer sa (re)venue.
Ce terme de signification-conscience
était donc riche de sens à déplier !
Merci à vous d’y avoir pensé.
Cordialement.