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Commentaire de LAFFITTE Jacques

sur Lettre ouverte au Grand Rabbin Gilles Bernheim


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LAFFITTE Jacques LAFFITTE Jacques 20 janvier 2013 18:28

@njama

Effectivement est intéressante la différence entre d’une part intellection par signification et conscience, d’autre part intellection par signification seule ; on pourrait ajouter pour cette dernière signification interne ou univoque en référence aux automates ou logiciels qui ne peuvent mettre plusieurs significations sous le même mot et donc l’entendent sous le sens premier ou le plus usuel.


Cette différence-opposition entre ces deux intellections revient à l’opposition très ancienne mais toujours d’une très brûlante actualité entre l’esprit de la loi ou au pied de la lettre comme en un garde à vous.

En effet, la première, l’intellection signification et conscience, par l’ajout de cette conscience, intègre ce qu’en termes modernes on appellerait le contexte que ce soit celui du document dans une analyse de texte, ou d’une époque, du-des débats parfois très âpres qui agitaient les gens (clercs ou laïcs) ; et qui peuvent complètement tomber en désuétude quelques temps plus tard (par ex. comme on le voit dans le fim de Umberto Ecco « Le nom de la rose » on s’étripait presque pour savoir si le Christ possédait ou non sa tunique).


Cette « compréhension » du contexte pouvait aller loin et ne s’occupait pas seulement de bien comprendre le-les sens possibles d’un mot, d’une loi. Elle pouvait aller bien au-delà du « compréhensible » jusqu’au « compréhensif » c’est-à-dire jusqu’à montrer une mansuétude à l’égard d’une faute avérée et aller ainsi carrément à l’encontre même de l’application d’une loi pourtant forte, officielle, voire réputée avoir été donnée par Moïse qui lui-même la tenait du doigt-burin de Dieu Lui-même qui l’avait gravée dans la pierre.

On a ainsi trois exemples majeurs de cette compréhension supérieure à la compréhension stricte d’une loi, qui en vient à « casser » au sens quasi juridique du terme une loi pourtant officielle, dans le cas dont je vais parler celui de la condamnation de la femme adultère à la lapidation. Trois personnages qui ne sont pas des farfelus qui auraient oublié ou mal compris la loi. Il s’agit de Yeoshua le Nosri (plus connu sous le nom de Jésus-Christ), du Rabbi Hillel, et du Prophète Mohammed.

1) Jésus-Christ : tout le monde connaît « que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ».

2) Hillel (contemporain de Jésus) : On lui amène une femme mariée prise en flagrant délit d’adultère. Comme en justice juive il faut qu’il y ait au moins deux témoignages concordants (et notons que si dans un procès il y a unanimité pour condamner une personne celle-ci est automatiquement relâchée pour non-lieu à cause de cette unanimisme). Hillel entend le premier témoin qui raconte :

« Voilà elle faisait l’amour avec un homme qui n’était pas son mari, je l’ai vue.

-Où était-ce ?

-Sous le gros olivier qui borde le muret à l’angle nord-est du champ d’Un tel.

  • Tu en es sûr ?

  • Oui

  • Tu es sûr de ne pas te tromper d’olivier ?

  • J’en suis sûr.

  • Ah bon, alors dis-moi combien de feuilles a cet olivier.

  • Je ne sais pas.

  • Dis-moi un chiffre ; si-si donne-moi ton chiffre, le plus exact possible.

  • Ben, euh...3528

  • Merci. Tu peux te retirer.

Puis il reçoit le second témoin sans qu’il ait pu communiquer avec le premier et lui demande aussi le nombre de feuilles. Le deuxième témoin donne un chiffre différent et Hillel statue :

- « Témoignages non-concordants : Non-lieu est prononcé. »


3) Le prophète Mohamed, lui, apporta une innovation puisqu’il fit dans la prévention : quand les combattants revenaient chez eux, au foyer où attendaient leur(s) épouse(s), il avait enjoint aux combattants de faire le plus de bruit possible avec leur cuirasse, leur bouclier, leur épée et en hurlant, criant, chantant. Bien que cela ne soit pas dit,et même si on prend cela pour une sainte et belle exubérance, il est clair que cela donnait le temps à l’amant éventuel de partir discrètement et ainsi il n’y avait pas de...problème ! Cela est même devenu une tradition plus générale au point que quand on rentre au pays (même si on est avec sa femme dans la voiture) on klaxonne bruyamment pour annoncer sa (re)venue.


Ce terme de signification-conscience était donc riche de sens à déplier !

Merci à vous d’y avoir pensé.

Cordialement.


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