Je ne suis pas un expert des équilibres internes au PS, mais si quelques députés « frondeurs » parmi les plus médiatiques sont effectivement des « aubrystes » (Jean-Marc Germain et Christian Paul), la plupart des députés « aubrystes » n’ont pour le moment pas rejoint les rangs des « frondeurs » effectifs. Tout comme les proches de Montebourg, d’ailleurs.
On peut noter qu’aussi bien les « aubrystes » que les « montebourgeois » avaient en revanche signé « l’appel des 100 » réclamant une réorientation du Pacte de Compétitivité, mais dans les deux cas la grande majorité d’entre eux n’est pas passée aux actes quand est venu le moment du vote (41 abstentions sur le vote du Pacte de Compétitivité, sur 78 députés signataires de l’appel des 100, la plupart des « aubrystes » et des « montebourgeois » figurant parmi les 37 autres).
S’il est certain que des considérations politiciennes et de cuisine interne motivent certains positionnements tactiques de députés employés comme « poissons-pilotes » au bénéfice d’un poids lourd, il me semble néanmoins que la plupart des « frondeurs » qui se sont associés aux députés de l’aile gauche prennent cette position de manière sincère. Laurent Baumel, par exemple, que je connais un peu, est un social-démocrate sincère, ancien proche de Dominique Strauss-Khan et qui a longtemps cru que Manuel Valls, même s’il n’en appréciait pas l’aspect « coups de menton », mènerait une politique sociale-démocrate. Son choix de prendre part à la « fronde » est fondé sur la déception de ses attentes et sur la conviction que la politique gouvernementale ne règlera pas les conséquences de la crise, et même les aggravera. Son rapprochement avec l’aile gauche du PS en a surpris plus d’un, y compris son collègue et ami François Kalfon, co-fondateur avec lui de La Gauche Populaire, mais elle s’explique par cette déception et le sentiment de l’urgence.
Notons cependant que si l’aile gauche ne s’était pas montrée prête à transiger et à accepter de se mettre d’accord avec des socio-démocrates simplement soucieux de réajustements de la politique de l’offre, cette « fronde » n’existerait pas, ou bien serait circonscrite à une dizaine de députés à peine.