Il semble bien effectivement que cette fois la panique est du coté de l’Europe et non pas du gouvernement Grec.
Ce dernier décidément très grossier a commencé à faire un audit sur sa dette, et déjà le rapport préliminaire est saignant : ce serait en parfaite connaissance de cause de l’impossibilité d’un remboursement que le FMI a prêté à la Grèce, pour en fait éviter que 2 banques privées n’aillent au tapis. Autrement dit, un cas d’école de dette odieuse (la définition est codifiée).
Cette commission va dans ses conclusions définitives se livrer à un déballage public de linge sale, démontrant sans l’ombre d’un doute que de l’argent qui fut prêté aux Grecs, le peuple n’en a pas vu le premier sou.
Egalement le gouvernement Grec communique maintenant sur les « propositions » de la commission, qui n’en ont jamais été, en dehors d’exiger un abandon total du programme sur lequel Syriza s’est fait élire. Autrement dit, très exactement ce que l’on appela « la doctrine de souveraineté limitée » de feue l’URSS, qui fut alors tant décriée.
Pour résumer en une phrase : Syriza plie mais ne cède pas. Ils proposent des concessions réellement importantes pour certaines d’entre elles, mais ne cèdent en rien sur l’essentiel.
Et là effectivement ça commence à sérieusement craquer dans l’Europe. Merkel serait prête à trouver un compromis acceptable pour Syriza, mais pas son ministre des finances Schauble qui est une clé pour sa majorité. Il faut rappeler que la CDU gouverne grâce à une alliance avec les « socialistes » (en fait des ultralibéraux) du SPD. Ces derniers sont vent debout contre un effacement de la dette Grecque, considérant qu’ils ont politiquement trop investi sur la politique d’austérité pour la remettre en cause maintenant.
Mais il n’y a pas que cela. Les USA prennent objectivement peur que la Grèce décide de se joindre au BRICS et ne pivotent vers la Russie, ce qui mettrait par terre toute leur politique notamment en ce qui concerne l’Ukraine.
Et pour couronner le tout, l’oligarchie financière et le grand patronat Grec qui commence très sérieusement à s’inquiéter de possibles troubles sociaux dans le pays. Non pas que ce soit une manifestation de travailleurs qui les effraient, mais le fait qu’elle puisse venir en soutient de la politique du gouvernement, dans une configuration faisant penser à ce qui s’était passé lors du front populaire en France. Bref, comme dans ce précédent historique, la bourgeoisie a très sérieusement la pétoche, et à ce titre sera prête à faire toutes les concessions pour éviter une douloureuse période révolutionnaire propice à faire rouler quelques têtes riches dans des panières.
Bref, je voit l’Europe sur le point de céder aux demandes du gouvernement Grec, tout simplement car il ne se sentent pas prêt à envoyer la troupe sur ce peuple.