@Fergus
Je ne sais ce que vous connaissez de l’Allemagne. A part une propreté maniaque, un entretien méticuleux, l’absence de chiens divaguant et d’indigènes-propriétaires les vidant sur la voie publique, le respect des piétons et cyclistes inscrit dans la voirie (et dans la tête des habitants), un souci esthétique et un respect de la Nature permanents, des Konditoreien accueillantes, des églises emplies de musique...qu’y a-t-il de commun entre les formes d’habitat (symbiose entre une Nature « humanisée » depuis des siècles et des aménagements matériels) de Forêt-Noire, des Alpes bavaroises, de Franconie et de l’Eifel ? Rien. Entre le Rhin « romantique » , la haute vallée du Danube et celle de la Weser, rien non plus. Quel rapport entre la lande de Lüneburg et les îles frisonnes, entre le Vieux Pays, la Suisse du Hosltein et les stations balnéaires de Rügen ? aucun. Entre les maisons à colombages de Rothenburg/Tauber, Miltenberg, Monschau, Einbeck et Celle ? Elles différent tellement...
Bien sûr, le domaine « français » est hétérogène (état pluri-ethnique assemblé par l’appétit capétien) Nous avons notamment un gradient depuis l’Alsace (encore un peu germanique, quoique bien abîmée si l’on compare avec la maison-mère) jusqu’à la « poubelle » marseillaise, beaucoup plus africaine qu’européenne. Mais le gradient Nord-Sud de l’Italie est encore plus cinglant entre les villages montagnards et germanophones du Süd-Tirol (épargnés par l’italianisation qui, après l’annexion, s’est heureusement limitée aux villes) et la chienlit ultime napolitaine (d’où l’on peut ressentir ensuite Marseille comme une ville propre et ordonnée, presque rassurante).
Maintenant, si vous voulez éprouver les contrastes physiques et climatiques les plus violents (de très très loin) qui existent en Europe (et si vous n’avez pas peur des km et du vide / de la solitude) parcourez l’Espagne (bien plutôt les Espagnes). Je ne parle pas, bien sûr du Pays basque, ni de la Catalogne, beaucoup trop industrialisés mais...du reste. Rien à voir avec l’Italie et le Midi français fait figure, en comparaison, de timbre-poste. C’est du grand et du brutal, depuis les dunes géantes et brûlantes près d’Huelva (avec un océan si chaud !), l’enfer venteux de Tarifa, la magie de Grenade et de son étrange montagne, jusqu’au grand plongeon sur la côte Nord (la Suisse ibérique - une marche qui peut atteindre 1600 m de haut si on vise les Picos de Europa !) en passant par l’immense Meseta sillonnée de sierras désertes. Solitudes arides - hors Sierras - où l’on se pose des questions sur les formes militaires de la Reconquista et sur sa durée et où on peut rencontrer (connaître !), dans plus d’un pueblo, l’inverse absolu de l’omniprésente politesse germanique, à savoir l’absence, due à l’isolement, de toute formule (superflue) de politesse (chose très différente de l’impolitesse à la parisienne !)
Bons voyages de toutes façons....