Merci pour cet article fort intéressant.
Je n’ai qu’un seul reproche à votre prose, c’est la façon idéalisée (c’est un peu une manie, chez vous, d’idéaliser tout ce que vous aimez : votre conjoint doit être chouchoutée !) que vous employez pour parler de la Commune et de cet homme. J’aurai préféré une analyse plus objective.
Car il convient pourtant de rappeler que la Commune était un gouvernement de sédition et anti-démocratique. Votre héros, aussi sympathique soit-il, est donc avant tout un traître, un séditieux et un opposant à la démocratie.
Rappelons également que la commune était pour la guerre à outrance et contre la paix avec Guillaume 1er. Joli programme qui n’a pas grand chose à voir avec le bonheur de la classe ouvrière. A moins que cette destruction ne soit - justement - l’objectif. Cela orrespond d’ailleurs à certains positionnements de MARX : ne disait-il pas que les progrès sociaux constituaient un leurre destiné à éloigner les masses ouvrières de la dictature prolétarienne ? Autrement dit, seule une misère totale du monde ouvrier permettrait de provoquer cette révolution salutaire annonciatrice de temps radieux ! Tel était, peut-être l’objectif de la Commune : tout détruire pour tout reconstruire selon un ordre nouveau ! C’est le principe de la Terreur révolutionnaire de 1793.
Officieusement, la Commune était surtout une opposition au régime de Thiers. Excusez moi de le rappeler, mais Thiers était un opposant à l’Empire et il était plutôt de gauche. Il fut un peu tout et son contraire : monarchiste, républicain, ... il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis. Nous connaissons tous certains socialistes qui ont porté la francisque ... bien malins ceux qui s’amusent à juger le passé avec les yeux d’aujourd’hui. Avec un certain amusement, je dirai même qu’il devait être de gauche, mais ceux de gauche qui préconisent l’ordre juste, si vous voyez ce que je veux dire ...
Ce qui importe, c’est que Thiers a été nommé par une assemblée nationale élue démocratiquement en février 1871. Et cela, vous oubliez de le dire. Votre héros trahit le vote populaire et démocratique en rejoignant la commune. Drôle d’idéal. Vous me direz que cette assemblée étaient composée de conservateurs et que les ouvriers craignaient un retour de l’empire ou pire, de la monarchie. Et cela, les milieux ouvriers n’en voulaient pas. Certes. Toujours est-il que la Commune est d’abord l’expression (ultra violente) d’une minorité qui refusait la loi de la majorité. La Commune est donc illégale car contraire aux suffrages issus des urnes. Ce point mérite, il me semble, d’être souligné avec force.
De même que les partis de gauche ont pendant des années refusé d’accorder le droit de vote aux femmes car ils étaient convaincus (à raison, sans doute) qu’elles voteraient comme leur curé ou leur mari leur dirait de le faire (Dieu sait si la gauche aurait eu l’occasion de la faire sous la IIIème Rép), la gauche s’éloigne parfois sans vergogne ni scrupules des valeurs qu’elle prétend représenter.
Car la Commune est l’expression même de ce paradoxe : le vote populaire, oui, mais à condition qu’il aille dans notre sens !
Bien cordialement,
Icks PEY