Etre démocrate, c’est quoi ?
"Dans la règle de saint Benoît, rédigé en 530 de notre ère, il est fait une recommandation très exigeante aux frères hôteliers, en charge de l'hospitalité dans les monastères. Dans le Coran, rédigé entre 630 et 632, plusieurs sonates proposent les mêmes exigences. C'est après que cela s'érode de toutes parts et dégénère en guerres civiles, en religions fratricides sous le contrôle de dirigeants zélés susceptibles d'accaparer le pouvoir après un coup d'Etat. Les politiciens avec leurs partis pris ont un rôle dans cette affaire et se sont avérés hypocrites et maladroits. Le mépris ou la soif de domination paraissent être les émotions les plus menaçantes pour la culture démocratique. Un individualisme forcené complète le tableau, sans plus d'introspection pour en comprendre l'aboutissement" écrit Alexandre Lacroix avec le titre "L'humanité de l'autre".
Préambule
2024 est l'année pendant laquelle la moitié de la population mondiale est appelée à voter. Ce magazine vient bien à propos des élections communales et provinciales en Belgique qui auront lieu ce dimanche 13 octobre avec d'autres élections en juin.
D'emblée, disons que le principe de base de la constitution démocratique, c'est la liberté.
Tandis que la France sort d’une crise politique et institutionnelle, que le président Emmanuel Macron qui en difficulté après les élections, tardait à nommer un premier ministre, que la campagne américaine a été secouée par une tentative d’assassinat et qu'un flot d’infox complotistes se déverse sur la candidate démocrate Kamala Harris. En cette époque troublée, le magazine a voulu revenir aux fondamentaux : sur quoi repose la démocratie ? Les élections au suffrage universel suffisent-elles, ou faut-il invoquer d'autres valeurs ? En somme, comment défendre la démocratie ? Théoriser sur le fait que les sociétés ouvertes génèrent des promesses d'égalité trop grandes, la démocratie s'expose inévitablement à la critique, à la manifestation de mécontentement et de division. Les opérations de subversion doivent exciter sur le long terme, l'individu moyen en raison de la courte durée de la mémoire historique, incapable de percevoir un effort cohérent et délibéré qui pose question.
Le magazine lance quelques idées et quelques pistes
'"J''envisage la justice comme une pratique qui doit tendre à réduire la souffrance des personnes, à accroître leur bonheur et l'idée d'utilité de manière générale. Je n'estime pas qu'il existe un droit absolu à vivre, ni chez les humains ni chez les animaux non humains"", dit Peter Singer.
1. Rester neutre est impossible.
La neutralité n'est pas un signe de faiblesses à condition de savoir, lorsque l'urgence l'exige, accepter de s'engager pour autrui. Cheminer dans l'existence pose des questions comme "dois-je travailler moins pour m'occuper de ma famille ? Est-ce que l'amour finit toujours mal ? Les mots justes sont des éléments du langage politique qui vont des approximations scientifiques à des paroles mais qui sont de plus en plus éloignées de ce qu'elle souhaite au prix du souci de vérité.
2. Le régime John Dewey
Existe-t-il un besoin d'expression démocratique. Un projet pragmatique et lisible comme l'évoque Emmanuel Macron ? Etre démocrate, c'est gouverner par et pour le peuple. Le peuple est une entité difficile à définir. Uni par l'historique et le nationale ou fondamentalement hétérogène creusé républicain. Le contraste de la défense du principe de la liberté d'opinion et d'expression, égalitaire se retrouve devant la loi, la transparence de la justice et l'égalité répartition de la richesse. Une dimension participative de la démocratie ne peut pas s'arrêter au vote mais se réaliser dans une série d'actions citoyennes sur le terrain. Jürgen Habernas se greffe sur l'éthique de la discussion comme conditions au débat avec des opinions divergentes et des désaccords dans un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide et plurielle. La démocratie est une activité créative qui échappe à une définition catégorique.
3. Quel démocrate êtes-vous ?
Répondre à une série de questions du magazine, permet de se catégoriser parmi les républicains, les girondins, les jacobins ou les anarchistes ?
4. Vers la tyrannie de la majorité ?
Que faire si le peuple choisit en conscience de tourner le dos à la démocratie ? Le peuple n'a pas toujours raison. Le pouvoir (demos) + le peuple (kratos) n'a pas la légitimité absolue. Le populisme et le complotisme pas plus pour l'affaiblir, voire l'anéantir. L'égalité et la paix ne vont pas de pair dans l'absolutisme.
5. L'idéal de raison
Un peuple éclairé œuvre nécessairement pour son bien a une histoire. Est-ce jusqu'au point de produire des lois absurdes en désignant un chef chef tyrannique ? Le concept du philosophe-roi dans l'opposition antique entre le peuple et la foule, de l'historien Polybe vire en ochlocratie dans le règne des passions et de l'irrationnel. Le succès des populistes témoigne d'une démophobie.
6. Quel peuple pour quelle représentation ?
"La stratégie des populistes est de prétendre être les seuls représentants de ce qu'ils considèrent comme le vrai peuple. Mais un peuple homogène n'existe pas", dit Jan-Werner Müller. Le clivage droite-gauche doit exister pour que le centre puisse trouver aussi sa voix. Le démocratie binaire et numérique par des votations, des consultations régulières, des référendums respectant le vote dans une collection de choix personnels.
7. La possibilité d'une autocorrection
Les profils socio-économiques au Parlement ne sont pas assez variés pour que le système de représentation fonctionne entre représentants et représentés même avec des traits en communs, des valeurs partagées et une sociologie comparable... Au fond, la démocratie est toujours soumise à l'écueil d'une vision absolutiste, évolutive et plastique. Non ponctuelle, elle s'adapte aux changements sociaux et s'instruit de ses erreurs.
8. Le pouvoir du peuple dans l'histoire et la philosophie
L'histoire politique est cyclique. Les gens doivent-ils leur richesse à la lâcheté des pauvres dans une démocratie instable ? La passion de l'égalité que l'effort, la dureté du combat, la discipline, les maximes de la vertu et l'acquisition de connaissances, ne sont plus encensées pour être remplacées par l'insolence, l'anarchie, la prodigalité et l'impudence dans un retour à la verticalité après les excès de l'horizontalité. De là à vouloir mettre un philosophe sur le trône...
Pour Platon, la démocratie mène tôt ou tard à la tyrannie en 4 phases ou régimes : l'aristocratie guerrière, l'oligarchie , l'arkhô de la commande et l'élite de l'argent.
- John Locke : Quand a-t-on le droit de faire la révolution ?
- Jean-Jacques Rousseau :La véritable démocratie serait-elle surhumaine ?
- Alexis de Tocqueville : La démocratie rend-elle apolitique ?
- Simone Weil : Faudrait-il supprimer tous les partis politiques ?
- Hannah Arendt : Les conseils populaires valent-ils mieux que les partis ?
- Jacques Rancière : Vivons-nous vraiment en démocratie ?
- Marcel Gauchet : Faut-il guérir la démocratie contre elle-même ?
En hommage à Michel Blanc, je prends le film "L'exercice de l'Etat" pour terminer ce chapitre.
Réflexions du Miroir
A reculons dans le temps, quelques billets de ce site ont le mot "démocratie" dans leur titre :
- L'esprit démocratique s'étiole
- Bye-Bye démocratie ?
- La démocratie manipulée par la séduction des nouveaux médias
- De la démocratie représentative à la démocratie participative
- Coup de pouce à la Démocratie
- Vivre dans un monde démocrate, ça vous gratte ?
Tous les verbes de la langues française qui se terminent par "-oir" ont un lien avec la politique, la démocratie avec une consonance particulière de domination : "avoir", "apercevoir", "concevoir", "décevoir", "devoir", "échoir", "émouvoir", "équivaloir", "falloir", "pouvoir", "prévaloir", "recevoir" "savoir", "valoir", "voir" et "vouloir".
En fait, il faut se rendre à l'évidence, que nous sommes peut-être dans un monde dans lequel il faut dire "Adieu monde de brutes, Bonjour monde d’abrutis". Pour qu'il y ait un progrès substantiel dans les relations humaines. La démocratie a beaucoup de formes à son actif. Elle peut être "directe", "indirecte ou représentative", "parlementaire", "présidentielle", "semi-présidentielle ou mixte", "d'assemblée", "libérale", "par tirage au sort", Elle est un rempart contre la tyrannie, l'ostracisme, la protection des libertés individuelles
Des références et des billets se sont montrés outrés par la situation en France qui ne serait plus une démocratie en ne correspondant plus aux résultats des votes.
Quelques lignes à ce sujet en parlent au sujet d'un régime présidentiel à deux tours. La Belgique, au régime parlementaire, en a deux aussi mais au deuxième la population n'est plus impliquée et se règle en concertation entre parti pour obtenir un majorité suffisante pour exercer le pouvoir.
"Les chiffres montrent une insécurité sans s'aggraver pour autant", ai-je lu..
"Questions de principes et d'objectifs de vie" ai-je écrit.
Il faut trouver des compromis dans ces principes sans compromissions
Est-ce allégorie de la caverne ou un oxymore en alliant deux mots de sens contradictoire ?
Un dilemme s'inscrit dans la futur : "avoir un régime fort et ne plus avoir son mot à dire (comme en Russie, en Chine, à Singapour...) ou un régime démocratique dans lequel on peut dire et écrire n’importe quoi sans validation que l'on rencontre dans nos réseaux sociaux
Au sujet des élections à la belge, j'en ai déjà parlé en juin dans "Elire par la fiction" suivi par "À droite toute".
Ne connaître personne parmi les candidats aux élections, ne pas avoir envie de consulter les programmes des partis, sont des arguments, céder ses prérogatives aux représentants dans une régime fort, sont des arguments qui s'opposent aux idées démocratiques. L'Europe, elle-même, a déjà été à plusieurs reprises citée comme non démocratique.
Mais je disais au début que la Belgique, après les élections de juin, aura des élections communales (de mairies) et provinciales, ce dimanche le 13 octobre.
Plus proches des citoyens et parfois de leurs représentants bourgmestres (ou maires), et échevins ces élections seraient plus et "mieux pratiquées"..
Les affiches ressortent avec les partis en présence avec leurs représentants dans les marchés dans une distribution de tracts et d'exhibitions plus ou moins amusantes. Le pouvoir d'achat, la sécurité, la police, l'immobilier, la locomotion sont toujours les points de discussions.
Depuis 2 semaines, les citoyens de plusieurs communes et villes sont questionné sur les ressentis vis-à-vis d'elles. On s'interroge, on se consulte, on rassemble les avis sans nécessairement prendre le temps de consulter les projets qui sont explicités et souvent assez longs.
Le VIF présente un numéro pour aider les citoyens à se positionner politiquement comme l'a fait la RTBF. A Bruxelles, pas d'élections provinciales.
Les titres en questions sont pourtant éloquents :
- Est-ce des élections pour triompher ou pour sauver sa peau ?
- Le MR et les Engagés qui avaient gagné en juin vont-ils achever la concurrence ou les autres se faire une santé ?
- Les écolos fragilisés
- Un logo c'est bien, une stratégie c'est mieux
- Les petits partis utiles pour les grands
Ce mercredi, dans une vision humoristique, il y a celle de la plume de Thomas Gunzig
La série "Nos futurs, 2080"
J'ai trouvé intéressant de jeter un coup d'œil sur le futu. Imaginer le futur dans 55 ans, une gageure. Tout est régulé, calculé avec précision. Les jeunes d'aujourd'hui seront devenus des vieux en 2080. Avec les concepts d'aujourd'hui, cela paraît inimaginable. Certains points paraissent très bien, d'autres beaucoup moins. C'est une anticipation probablement trop lointaine dans le temps, mais comme les choses vont plus vite que dans le passé, les idées pourraient ou devraient s'y adapter en difficulté pour les uns et normales pour les autres.
(Cliquez sur les titres ci-dessous pour voir les documentaires)
Chaque épisode donne cette phrase en préambule : "A nous de choisir"
Une révolution alimentaire se profile, mais laquelle ? L'élevage pourrait disparaitre au profit d'usines de protéines issues de microbes, ou au contraire, notre salut pourrait venir de ce que l'on connaît déjà, l'agriculture biologique en pleine terre, gérée par l'intelligence artificielle. Une autre version du futur, plus pessimiste, consiste à penser que nos assiettes seront remplacées par des aliments encapsulés, bons pour la santé certes, mais sans saveur ni convivialité.
l'intelligence artificielle sera capable de connaitre tout de nos biomarqueurs génétiques, et d'ainsi suivre à la trace nos constantes vitales et nos modes de vie, de manière à éviter la plupart des maladies chroniques. Chaque membre ou organe blessé pourra être remplacé par des substituts artificiels aux performances bien supérieurs à nos compétences naturelles. La frontière entre l'homme soigné et l'homme "augmenté" n'existera plus. Ce qui soulève quelques questions éthiques...
L'avenir de nos transports réside-t-il dans la diminution et la rationalisation de nos déplacements, grâce à des lieux de vie, de travail et de loisirs rassemblés ? Ou bien peut-on entrevoir une Europe reliée par un réseau Hyperloop à 1000km/heures, comme un métro à échelle du continent, alimenté au solaire et remplaçant totalement les vols court-courriers ? Quoi qu'il en soit, tout le monde s'accorde en tous cas sur une chose : à l'avenir, c'est le véhicule qui nous conduira, et plus l'inverse.
Le spectateur n'est plus passif, mais partie intégrante de son divertissement. L'explosion du métavers est même comparée à la révolution constituée par l'invention du cinéma : bientôt, on pourra vivre une expérience immersive en temps réel, partagée avec une foule dispersée dans le monde entier. La barrière entre le virtuel et le réel s'affine inexorablement, et à nous de décider comment utiliser cette évolution pour le meilleur de notre divertissement.
Allusion
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