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En réponse à :


docdory docdory 20 septembre 2012 17:28

@ Sylvain Rakotoarison


D’habitude je lis vos articles avec intérêt , même si je ne suis pas toujours d’accord avec vous. En général vos articles sont sensés mais tel n’est pas le cas de celui-ci.

Mais là, en vous lisant, j’ai été submergé par la colère. Je vais donc essayer de réfuter votre article sans m’énerver, et ça va être difficile.


 Tout d’abord, à propos du film « innocence of muslims ». Certes ce film, ou plutôt les treize minutes de la bande-annonce est très mauvais sur le plan formel de la technique cinématographique, mais pas plus que des millions d’autres films parodiques que l’on peut voir sur Youtube ou à la télévision.

Il faut donc parler du fond du film, et là, on s’aperçoit qu’il s’agit simplement d’une caricature humoristique de la vie de Mahomet telle qu’elle est décrite dans des textes fondateurs de l’islam tels que la sira et les hadits. Toutes les situations décrites dans le film sont décrites dans ces livres, simplement l’auteur du film se contente d’en faire ressortir le côté grotesque : voir une analyse poussée et minutée de la bande annonce ici .

Mais bien entendu, ce film n’est en rien responsable du lâche assassinat de l’ambassadeur américain en Libye et de ses collaborateurs. Les responsables, ce sont les musulmans plus ou moins fanatiques qui représentent, au sein des pays du « printemps arabe » plus de 40 % des électeurs, si l’on considère le résultat catastrophique des élections en Tunisie et en Egypte.( Vous ne ferez évidemment croire à personne que Gannouchi en Tunisie et Morsi en Egypte ne sont pas d’odieux fanatiques. ).

Ces fanatiques musulmans auraient, en l’absence de ce film, trouvé n’importe quel autre prétexte pour assassiner ces diplomates, ou bien même n’auraient pas eu besoin du moindre prétexte pour les assassiner ...


Quand vous déclarez, à propos de ce que vous appelez des « provocateurs de pacotillle » que leur ego et leur portefeuille « ne valent rien par rapport aux nombreuses vies humaines qui sont, par leur seule faute, en danger à travers le monde », vous vous moquez littéralement du monde. Les nombreuses vies humaines ne sont pas en danger « par leur seule faute » comme vous l’affirmez avec un incroyable et considérable toupet, mais par la seule et unique faute de fanatiques religieux sanguinaires qui sont la lie de l’humanité, fanatiques qui menacent en permanence des vies humaines dès l’instant où ces vies ne sont pas celles de fanatiques de la même obédience.


Et maintenant, arrivons au noyau dur de votre artice. Vous osez affirmer , je vous cite :« j’irais bien plus loin à la place du gouvernement : j’interdirais la publication de ces provocations de »Charlie Hebdo« , non pas parce que je suis contre tout humour ou toute critique contre l’islam, même nulle, mais parce qu’il est désormais prouvé qu’elles engendrent de sérieux troubles à l’ordre public et que des hommes risquent d’être (bêtement) tuées à cause de ces caprices de potaches. »

Ouf, eh bien heureusement que vous n’y êtes pas, au gouvernement ! Quel fasciste liberticide vous y feriez !

Je vous signale que les lois contre le blasphème ont été abolies en 1791, que ce n’est pas au gouvernement d’interdire quelque article de journal que ce soit, mais à un juge, puisque nous vivons ( en principe ) dans un pays démocratique dont le système politique est basé sur la séparation des pouvoirs. Or, un juge ne peut interdire un article qu’en se basant sur une loi existante. Or, aucune loi n’interdit de publier quelque caricature que ce soit. Ce n’est pas à un juge d’inventer des lois de circonstance ou de rétablir celles qui ont été abolies il y a plus de deux siècles. Non mais dans quel pays vous croyez-vous  ?


Par ailleurs, ce ne sont pas les caricatures qui, comme vous l’affirmez « engendrent de sérieux troubles à l’ordre public », mais les fanatiques religieux qui sont incapables de maîtriser leur agressivité.


Vous prétendez que deux libertés se téléscopent, la liberté de culte et la liberté de la presse. Ah bon ? Est ce que ces caricatures de Charlie Hebdo ont empêché quelque musulman que ce soit d’aller à la mosquée et d’y faire ses prières ? Certainement pas.

 Vous dites que les croyants de toutes religions et athées ont droit au « respect » . personnellement , en tant qu’athée, je ne réclame pas du tout que l’on interdise la caricature des grands penseurs de l’athéisme !

Le mot « respect » est , en français , un mot polysémique qui est à l’origine de bien des interprétations erronées qui aboutissent à des contresens liberticides . Je m’explique :

Il est dit dans le premier article de la Constitution de la V ème République , à propos de celle-ci : « Elle respecte toutes les croyances ».

Or le mot respect comporte trois sens principaux :

- L’obéissance à une règle ( l’automobiliste respecte le code de la route, le Président est sensé respecter la Constitution )

- la considération particulière portée à quelqu’un ( le récipiendaire du prix Nobel est souvent décrit comme « respecté de ses pairs » ) 

- le fait de tolérer quelque chose sans pour autant l’approuver ( exemple, le père de famille , à qui sa fille majeure présente comme futur gendre un toxicomane aux cheveux teints en rose, agrémenté de corps étrangers métalliques faciaux, et habillé en vert fluo et mauve, dira « ma fille , je respecte tes choix » , quand bien même il pense en réalité « t’aurais pas pu te trouver quelqu’un d’autre que ce dégénéré abruti ? » ).

Il est bien clair que lorsque la République respecte les croyances, il n’est pas question de respect des règles internes de ces croyances, qui sont d’ailleurs souvent mutuellement incompatibles entre les diverses religions .

La République n’éprouve par ailleurs aucune considération particulière pour les croyances , puisque, selon l’article 2 de la loi de 1905, elle ne reconnaît aucun culte . Eprouver de la considération pour quelque chose qu’on ne reconnaît pas serait une absurdité !

En fait, la République laïque se borne à tolérer ( en principe avec une totale indifférence) les croyances, tant que celles-ci ne perturbent pas l’ordre public, en application de l’article X de la déclaration des droits de l’homme « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi. » 

Il est évident qu’actuellement, de nombreuses personnes, à commencer par les religions en tout genre, aimeraient que se produise un glissement sémantique de ce principe de respect des croyances : que ce respect passe de la simple tolérance indifférente qui n’empêche personne de donner son opinion ou de ridiculiser telle ou telle croyance, vers la considération respectueuse, et même vers le respect institutionnalisé des règles : les autorités religieuses ne rêvent que d’une chose, que le respect de leurs règles puisse, par exemple, entrer dans les écoles ou autres lieux publics de la République.

Ce mot « respect » , plus que galvaudé actuellement, est, à notre époque et dans le sens ou il est habituellement employé, un des mots de base de la nouvelle idéologie bigote du « politiquement correct » .


Enfin, je conclurais ce long commentaire par l’argument suivant : vous n’êtes pas sans savoir que , depuis de nombreuses années, l’OCI ( organisation de la conférence islamique ) tente par tous les moyens de faire reconnaître par l’ONU le blasphème ( rebaptisé « diffamation des religions » ) comme délit au regard du droit international .

Cette volonté de l’OCI est une véritable déclaration de guerre à la liberté d’expression dans le monde, et Charlie Hebdo est parfaitement dans son rôle de ne pas s’autocensurer en matière de caricatures « blasphématoires », car l’autocensure est toujours le début de la censure. Si même les esprits libres s’autocensurent, c’est le début de la censure. La liberté d’expression est l’une des caractéristiques les plus fondamentales du monde libre. C’est l’honneur du monde libre de la défendre quel que soit le prix à payer.


Renoncer ne serait-ce qu’à une parcelle de cette liberté d’expression pour éviter des réactions violentes, c’est refaire le coup des accords de Munich en 1938 : « on va refiler les Sudètes aux allemands, comme ça , on n’aura pas la guerre » . On sait malheureusement quelle fut la suite désastreuse de ce pitoyable renoncement.

Donc, en somme, vous voulez oblitérer un peu la liberté d’expression pour avoir la paix avec les barbus. Mais ceux-ci en récompense ne demanderont que des renoncements infiniment plus grands, et dans 10 ans, les ambassadeurs se feront tuer parce qu’il y aura eu à la télévision une publicité pour du jambon ! Au Royaume Uni, les écoles maternelles n’osent déjà plus projeter le dessin animé des « trois petits cochons » aux élèves , pour ne pas « offenser » les élèves musulmans. C’est ça que vous voulez ? 

Comme le disait Chuchill en 1938 : vous voulez la paix au prix du déshonneur, vous n’aurez pas la paix, mais vous aurez le déshonneur.

Personnellement, je préfère être du côté de Churchill que du côté des munichois. Apparemment, ce n’est pas votre cas, hélas ...


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