Ce qui est dommage, c’est que les élucubrations de cette éminente Mme Belloubet permettent le déferlement d’autres propos discutables de gens qui, n’étant pas enseignants, se sentent cependant capables de bien faire ce que les enseignants ne font pas (plus ?).
On accuse une méthode « globale » qui n’est utilisée pratiquement nulle part même s’il y a une part d’approche globale des textes au début. Quelqu’un redécouvre l’eau chaude en faisant assembler à son enfant des cartons figurant des sons (ce qui se fait beaucoup dans les CP, mais ce n’est pas une approche « syllabique »). On prône le retour au B-A-BA qui a formé de nombreux déchiffreurs non-lecteurs dans le passé, en oubliant que les pratiques actuelles font toutes, à un moment ou à un autre, appel à la combinatoire (i.e. l’association de lettres ou de sons).
On demande des devoirs du soir qui sont interdits jusqu’au CM depuis novembre 1956. Ancien maitre d’école (depuis 1955), je n’ai jamais donné de devoirs à mes élèves (de milieux modestes en grande majorité) et ils ne s’en sont pas plus mal portés que d’autres si j’en juge par ce qu’ils sont devenus ensuite (Ils avaient toutefois quelques leçons à étudier et quelques dictées à préparer).
Toutefois, je reconnais que j’essayais de leur apprendre à lire, écrire, compter... et que j’ai dû pour cela malheureusement, mettre la pédale douce sur les activités « épanouissantes » sans les toutefois les supprimer. Mais je ne confondais pas ma classe avec un centre de loisirs...
Si on donnait aux collectivités locales les moyens d’organiser des loisirs éducatifs, on pourrait se recentrer à l’école sur les « savoirs fondamentaux ». Je sais que c’est « réac » de le dire, surtout aux yeux des « bobos » mais tant pis.
Par ailleurs, il faudrait aussi s’interroger sur la gestion de l’école selon le modèle de l’entreprise. On ne tient plus une classe, on ne dirige plus une école, on les « manage » et cela se traduit par un accroissement de la paperasserie et des réunions « de concertation » qui usent inutilement les enseignants.
Et ne parlons pas du manque de formation, certains la préférant à une formation « pédagogiste ». C.Baratier se réfère à la pédagogie Freinet... Freinet, un communiste qui prônait il y a déjà bien longtemps une bonne partie de ce que l’on reproche aujourd’hui aux « pédagogistes » forcément « socialos » !
Vu la manière dont s’engage le débat sur le changement à l’école, il y a vraiement de quoi être inquiet !