Le mensonge, la tricherie, la tromperie, l’escroquerie,... bref les vices sont bel & bien devenus des vertus dont la règle du jeu pronée par le système est « pas vu, pas pris ». A ce propos je vous renvoi vers le le livre de de Dany-Robert Dufour « Le Divin Marché - Révolution culturelle libérale » qui démontre que « les vices privés font la vertu publique » à tarvers son essai sur les 10 commandements implicites de la nouvelle religion (le Divin Marché).
Voici un résumé : « Les vices privés font la vertu publique » : cette formule aujourd’hui banale scandalisa l’Europe des Lumières lorsqu’elle fut énoncée pour la première fois en 1704 par Bernard de Mandeville. Pourtant, ce médecin, précurseur trop méconnu du libéralisme, ne faisait qu’énoncer la morale perverse qui, au-delà de l’Occident, régit aujourd’hui la planète. Ette est au cour d’une nouvelle religion qui semble désormais régner sans partage, celle du marché : si les faiblesses individuelles contribuent aux richesses collectives, ne doit-on pas privilégier les intérêts égoïstes de chacun ? En philosophe, Dany-Robert Dufour poursuit dans cet ouvrage ses interrogations sur les évolutions radicales de notre société. En présentant, en autant de chapitres, les « dix commandements » inquiétants qui résultent de la morale néolibérale aujourd’hui dominante, il analyse les ébranlements qu’elle provoque dans tous les domaines : le rapport de chacun à soi et à l’autre, à l’école, au politique, à l’économie et à l’entreprise, au savoir, à la langue, à la Loi, à l’art, à l’inconscient, etc. Et il démontre ainsi qu’une véritable révolution culturelle est en cours. Qui nous mènera jusqu’où ?
Et voici les 10 commandements :
1. Le premier commandement s’applique au rapport à soi et se formule ainsi : Tu te laisseras conduire par l’égoïsme… et tu entreras gentiment dans le troupeau des consommateurs ! (Ce qui aboutit à la destruction de l’individu).
2. Le deuxième vient au niveau du rapport à l’autre : Tu utiliseras l’autre comme un moyen pour parvenir à tes fins ! (soit une parfaite inversion de la seconde maxime kantienne qui aboutit à la destruction de toute common decency).
3. Le troisième correspond au rapport à l’Autre : Tu pourras vénérer toutes les idoles de ton choix pourvu que tu adores le dieu suprême, le marché ! (Ce qui aboutit au retour du religieux et à l’invention de la figure du pervers puritain).
4. Le quatrième a rapport au transcendantal : Tu ne fabriqueras pas de Kant―à―soi visant à te soustraire à la mise en troupeau ! (ce qui aboutit à la déconsidération de l’idéal critique).
5. Le cinquième commandement a rapport au politique : Tu combattras tout gouvernement et tu prôneras la bonne gouvernance ! (ce qui aboutit à la destruction du politique ravalé à la somme des intérêts privés)
6. Le sixième a rapport au savoir : Tu offenseras tout maître en position de t’éduquer ! (ce qui aboutit à la déconsidération de la transmission et au discrédit du pouvoir formateur des œuvres).
7. Le septième a rapport à la langue : Tu ignoreras la grammaire et tu barbariseras le vocabulaire ! (Ce qui aboutit à la création d’une novlangue)
8. Le huitième a rapport à la loi : Tu violeras les lois sans te faire prendre ! (Ce qui aboutit aussi bien à la prolifération du droit et de la procédure qu’à l’invalidation de toute forme possible de Loi).
9. Le neuvième commandement a rapport à l’art : Tu enfonceras indéfiniment la porte déjà ouverte par Duchamp ! (Ce qui aboutit à la transformation de la négativité de l’art en une comédie de la subversion).
10. Le dixième commandement a rapport à l’inconscient : Tu libéreras tes pulsions et tu chercheras une jouissance sans limite ! (Ce qui aboutit à la destruction d’une économie du désir et son remplacement par une économie de la jouissance).
A méditer car cela est clairement transposable à ce que nous vivons actuellement !