Mr Clojéa
En mes vertes années , je me rappelle Gaston le mari de l’épicière de mon village qui , au volant de son vieux tacot partait s’approvisionner au marché de Fontainebleau (12km) 2 fois par semaine en fruits , légumes et petites cochonnailles
En hivers, dans le froid et le blizzard, il partait ; il partait en mission Gaston, l’âge venant ; 10 cm de neige, il partait plus
Pour les fins de mois difficiles, Mme Delhomel l’épicière acceptait un petit croume (1) pour passer le cap ; elle sortait alors un grand livre noir, à l’intérieur duquel s’alignaient les noms des infortunés du village
Mme Delhomel s’est éteinte, son épicerie aussi
« Bonjour Zoziau ; qu’est-que tu veux ? » ; elle m’appelait comme ça parce que j’étais toujours en train de siffler la dernière scie à la mode ( j’étais plein d’espoir en ce temps là)
Temps révolus à jamais
Aujourd’hui les épiciers se fournissent en se faisant livrer par les Hypers du canton, mais ils sont bien utiles même s’ils n’acceptent plus les croumes
(1 ) crédit