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Argoul Argoul 12 octobre 2006 04:51

Je ne suis pas linguiste et n’ergoterai donc pas sur la « nouveauté » (d’il y a un siècle) de l’écriture melvillienne. Dans Moby Dick, je ne suis pas certain qu’elle soit « automatique », sauf si l’on considère la traduction de tout ce qui advient en symboles bibliques, mais là c’est plutôt la pensée qui est « automatique ».

On écrit ici ou là que les « commentaires » ne sont pas seule critique pour dire ce qui ne va pas mais apportent leur contribution au débat. Je ne doute pas un instant que les spécialistes tels DW auront à coeur de nous éclairer sur cette écriture melvillienne.

Pour ma part, je le dit tout uniment, la « nouvelle traduction » est l’occasion de parler à nouveau de Moby Dick, pas une fin en soi. Après la traduction de Giono d’il y a un demi-siècle, revoir le texte dans une collection de qualité est l’occasion de relire un classique, ce que l’on fait trop peu une fois adulte. Le titre de cette note est donc partiellement « trompeur », j’en conviens : il lie cette note sur Moby Dick à l’actualité (dont Agoravox est friand) mais ne glose pas sur la spécialité linguistique.

Je ne suis pas non plus psychanalyste, je ne m’étendrais donc pas sur l’homosexualité de Melville. Elle irrigue son oeuvre et s’explique aisément par sa vie, que je rappelle dans la note : orphelin de père, mère abusive, tenté dès 19 ans par la vie uniquement mâle de marin, explorant les petits garçons anglais (je ne sais jusqu’où...), avant de revenir à la marine. Quiqueg est sans conteste « le » compagnon chéri du bateau mais, sauf le cadeau symbolique du cercueil qui le sauvera, rien de plus à voir avec l’histoire. Moby Dick est la Trique mâle dont la queue redoutable flagelle les hommes qui l’excitent. On peut aligner ainsi des symboles sexuels à l’infini. Ils sont sous-jacents, certes, mais n’emportent pas le livre.

Tenu par le format d’une page à ne pas dépasser, l’auteur de l’article ne saurait tout dire. Seulement son plaisir d’avoir été replongé dans cette oeuvre ; traduite en français de façon lisible et cohérente, sans anachronismes (donc on parle bien de « cannibales » et de « sauvages ») ; imprégnée du messianisme Ancien Testament dont les Américains régurgitent les remugles aujourd’hui encore (à nos yeux plus laïcs ébahis).

La lutte prométhéenne du Blanc, raisonneur, volontaire et encyclopédique, incarnée avec excellence par l’Amérique depuis le 19ème, trouve ses limites symboliques dans les « commandements de Dieu » d’un vieux livre. Il est intéressant de le comprendre. Donc de relire Moby Dick.

Après, comme dans tout chef-d’oeuvre, chacun y trouve sa provende : de beaux jeunes marins, la vie entre hommes, l’écriture alternant entre récit haletant, digressions encyclopédiques datées, scènes de dialogues cinématographiques, délires mystiques, enfin la mer immense et tout ce qu’elle contient, son horizon infini et la solitude de l’humain face à la nature.

Avec tout ça, si je vous ai incité à lire et relire, bonne lecture !

PS pour Baudelaire-bis : les membres des Ambassades reçoivent une formation aux usages locaux, afin de ne pas choquer les hôtes ou leurs invités. Nulle crainte à avoir (mais vous ne pouvez tout savoir).


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