A L’auteur,
Bonjour Blédard !
Il est évident que dans le monde occidental (et même ailleurs) le visage de l’islam connu et reconnu via celui-des muslims est celui de la violence : qu’elle soit verbale ou physique, c’est toujours la même. Cette image porte en elle des multiples facettes mais toutes laides. Il ne s’agit pas ici d’une « violence » banale qu’on peut effacer d’un revers de main, mais bien plutôt d’une violence sourde, perpétuellement menaçante, cachée mais qu’on soupçonne toujours présente, qu’on amplifie aussi en croyant que les criminels dans le monde muslim seront demain aux portes de l’Occident prêts à égorger tout ce qui ne marche pas droit : autrement dit, une grande partie de l’humanité.
Ces articles donnent aussi une idée : les médias sont incapables, peut-être trop préssés par la crise de la presse écrite (!), sans doute aussi par la nécessité de faire du chiffre, incapables donc de proposer une dimension critique à ce qu’ils peuvent « informer ».
La situation est toujours celle qui consiste à véhiculer une information brute, exempte de toute réflexion, il s’agit alors de présenter des « faits » en s’efforçant d’effacer au maximum toute possibilité de nuanciation : ce n’est pas comme ça que s’engage le dialogue.
A chaque « crise » dans la société avec les muslims l’information est toujours binaire, manichéenne : soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous. Or, donner cette image là ce n’est en somme que prendre les muslims au piège : doublement piégés ils le sont lorsque des conflits internationaux s’invitent dans leur salle à manger pour réduire des criminels à leur identité religieuse (qu’ils adorent d’ailleurs mettre en avant comme un cheval de bataille contre l’Occident, comme si être occidental c’était une religion !!!)
puis piégés ils le sont encore quand un Redeker veut les assimiler à l’islam qu’il assimile encore de manière anachronique et idéologique aux criminels lesquels se gardent encore d’avoir un quelconque ijtihad qui viendrait contrarier leurs projets dictatoriaux et expansionnistes ;
piégés encore nous le sommes lorsque au lieu de réagir censément à des Redeker-je-mélange-tout ou des Ayan Irsi Ali-je-mélange-tout on laisse la place de prendre la parole à des « muslims » potentiellement criminels lorsqu’ils menancent de mort ces gens là et criminels tout court lorsqu’ils passent malheureusement à l’acte ;
Piégés, nous le sommes encore lorsque les médias reviennent là-dessus pour faire tenir en 30 secondes, comme un spot publicitaire hypnotisant « vous regardez la Fox, vous regardez la Fox »(ça c’est un truc que j’avais vu dans les Simpsons) , lorsque les médias donc mélangent en l’espace de 30 secondes : liberté d’expression, islam, musulmans, islamistes, intégrisme, laïcité, religion, occident... et voilà ni une, ni deux nous voilà... chez des potes présumés benladenistes dans le monde muslim biensûr et voilà qu’on nous montre des nanas en burka, des barbus pleins les poches brulant les drapeaux des pays européens, des jeunes casseurs version banlieues d’« islam » contre des symboles comme des ambassades et églises...
Là nous sommes cuits car ces images tendent à légitimer la pensée selon laquelle les réactions de certains muslims de ces pays là, sont symboliquement celles des pays occidentaux...
Et là, nous sommes définitivement piégés par tout ça et puis aussi surtout nous sommes définitivement piégés par notre incapacité en tant que muslims (là je parle plutôt des élites et Etats qui gouvernent) à réformer la politique et la religion mais pas ensemble enfin, chacun de son côté.
Du coup cette revue de presse montre bien si c’était utile, comment l’occident voit le monde muslim réduit à quelques pays arabo-muslims et l’incapacité pour les muslims de gérer ces problèmes en faisant évoluer les mentalités, évoluer la politique, réformer leur comportement religieux et surtout humain...
Mais tout va toujours trop lentement, les discours des véritables théologiens ou chercheurs sur l’islam et les muslims ne touchent qu’une minorité ici ou là bas, les muslims tentent comme il peut de se faire une place et certains se perdent...
Cdt