Wafa Sultan en guerre contre l’islam radical
Sarah Germon, Arouts Sheva, 15 octobre 2006
« Les musulmans doivent se demander ce qu’ils peuvent faire pour l’humanité avant d’exiger que l’humanité les respecte ». Cette phrase a de quoi choquer, surtout dans la bouche d’une femme arabe. Mais au risque de sa vie, Wafa Sultan ose enfin parler. Après deux interviews accordées à la télé arabe Al Jazeera, elle est devenue, pour beaucoup de femmes surtout, le symbole du courage et de la liberté. Elle est la première femme à briser le mur du silence en attaquant devant les médias du monde les mouvements islamiques radicaux et les principes du Coran qui affirment que « l’on doit lutter contre ceux qui ne croient pas au pouvoir d’Allah ».
Malgré les menaces de mort persistantes qu’elle reçoit chaque jour et le refus de sa famille de la revoir, elle n’a pas peur. Elle ne lutte pas contre une religion mais contre une oppression, une dictature. « Ce n’est pas un conflit de civilisation mais un conflit d’époque entre une mentalité qui appartient au Moyen âge et une autre qui appartient au 21ème siècle », affirme-t- elle.
« Pourquoi seuls les musulmans défendent-ils leur croyance en brûlant des lieux saints, en torturant, en assassinant ? », demande- t-elle. Certains la traitent d’hérétique, d’ennemie, de blasphématrice. Et comme il ne faut pas perdre les bonnes habitudes, les Juifs ne sont pas épargnés dans cette histoire. Le frère aîné de Wafa affirme d’ailleurs que sa sœur aurait touché un million de dollars de Juifs américains pour attaquer l’Islam.
En Syrie, explique t-elle, « on nous a élevés avec la haine du Juif et d’Israël. On nous expliquait qu’ils n’étaient pas des êtres humains mais des espèces de créatures diaboliques. En arrivant aux Etats-Unis, j’ai vu un Juif pour la première fois. Au départ j’ai eu peur, j’étais persuadée qu’il voulait me tuer. Je me suis vite rendue compte qu’ils étaient comme nous, ni plus ni moins humains que nous ».
« Les juifs ont forcé le respect du monde par leur travail et leur connaissance, non par leur argent ou par la menace, poursuit-elle. D’ailleurs, a-t-on vu un seul juif protester en se faisant exploser dans un restaurant ?, questionne Wafa, qui prévoit même de venir dans quelques temps visiter Israël, bravant à nouveau certains musulmans qui protestent en expliquant qu’elle ferait mieux de s’occuper du sort des Palestiniens que de se « pavaner tranquillement dans un pays qui veut la mort de son peuple ». Mais elle est déterminée et ne prête pas attention à ces extrémistes.
Elle a perdu sa famille mais a gagné, en échange, le respect et l’estime du monde. Elle reçoit des mails du Liban, d’Irak, de Jordanie et même d’Arabie Saoudite, de femmes oppressées qui l’encouragent dans sa lutte. Cependant, la plupart de ces messages restent anonymes. La peur règne et aucune n’est encore prête à prendre la relève.
Au départ Wafa Sultan était comme ces femmes. Née au sein d’une famille très pieuse, c’est en 1979 que sa vie prend un tournant. Son professeur à l’université de médecine se fait assassiner sous ses yeux, en plein cours, par les frères musulmans aux cris de « Allah Akbar ». Elle réfléchit alors sur sa vie et ses croyances. Petit à petit, elle arrête de prier tous les jours et s’éloigne de sa famille. Elle rencontre son mari qui partage les mêmes doutes sur leur religion. Après dix ans de lutte pour obtenir leurs visas, ils arrivent à s’enfuir de Syrie. Et débarquent à Los Angeles avec leurs deux enfants et cent dollars en poche. Elle fait des petits boulots tels que serveuse, gardienne, caissière, pour survivre. Lui, détenteur d’un diplôme d’ingénieur, se retrouve mécanicien. « On a tout quitté pour fuir notre pays ». Elle écrit quelques articles pour des journaux arabo-américains. Mais les éditeurs refusent de les publier, estimant qu’elle va trop loin dans ses propos. Elle reçoit des avertissements du conseil des relations Islamiques Américaines.
Mais quand arrive le drame du 11 septembre, elle ne peut plus se taire. Elle crée son propre site « anneqed.com », visité par plus d’un million d’internautes. Au départ, personne ne croyait en elle. Mais aujourd’hui, le monde et spécialement les femmes vivant dans des pays où les droits de l’homme sont loin d’être respectés, se rendent compte que l’on a besoin de personnes comme Wafa Sultan.
L’Islam radical lui a volé 30 ans de sa vie, aujourd’hui elle peut fièrement clamer sa liberté face à lui et affirmer : « Je suis fière de ce que j’ai accompli, c’est la mission de ma vie et personne ne m’arrêtera ».
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