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s4m0 25 février 2014 16:31

Je vais commencer par corriger quelques contresens fâcheux :

=> le nucléaire est une énergie fissile, non fossile (lien)

=> Une centrale n’est pas un réacteur. Une centrale nucléaire peut accueillir plusieurs réacteurs. Il y a 19 centrales en France pour 58 réacteurs. Vous qui êtes chansonnier, vous devriez être attaché à la sémantique ...

=> Vous vous entêtez à afficher le chiffre de 5800 Mds d’€ sans aucun esprit critique ! Cela représente quasiment 3 années complètes de PIB, c’est comme si, pendant 3 ans, la France s’arrêtait ! Pourquoi ne pas mettre le lien vers la communication de l’IRSN : « Les travaux récents de l’IRSN ne confirment pas cette estimation extrême. » (lien) en lieu et place d’un pamphlet sans intérêt de sortir du nucléaire ?! 

=> « Il y a 9 millions de points lumineux dans notre pays (lien) ce qui correspond à 47% de la consommation d’électricité, soit 10 réacteurs nucléaires »  ?! rien ne vous choque ?! Vous avez oublié d’aller au bout de la lecture de votre source (qui parle de 47% la consommation électrique globale... d’une commune !!!). Si vous parlez de 9 millions de points lumineux, il s’agit bien de l’éclairage extérieur, mais qui représente moins de 2% de la conso. totale (sacrée économie !). Si vous parlez de l’éclairage totale (intérieur + ext), alors il y a 43 millions de points qui représentent environ 10% de la consommation électrique. (lien)

=> La production allemande d’électricité renouvelable équivaut à 26 centrales  ?! En 2013, l’Allemagne à produit 140TWh de renouvelable (lien, dont 40TWh de biomasse, dont l’appellation « bio » est discutable, mais soit). En France, nos 58 réacteurs (et non centrales !) ont produit 403TWh soit environ 7TWh par réacteur. 140/7 = 20. Une erreur de plus de 25% ça fait tâche smiley

Toutes ces erreurs témoignent d’un gros manque de rigueur (et d’honnêteté). Et je n’ai vérifié que les données qui me semblaient grossièrement fausses ! Bref, maintenant je voudrais discuter du fond :

 Je suis 100% d’accord sur l’utilité de la cogénération (terme consacré) pour les centrales nucléaires. Cette chaleur est déjà utilisée à proximité de certaines centrales françaises mais en proportion si faible qu’elle peut être négligée. La question a été récemment (re)mise sur la table et il se pourrait que certains projets voient le jour (lien).

Je suis également d’accord que les pertes sur le réseau pourraient être réduites en consommant « local » en revanche, vos solutions n’en sont pas (et ne pensez vous pas que personne, surtout pas EDF, ne se réjouit de ces pertes ?!) :
  => les 2/3 (voire davantage) de la France ont soit trop peu de vent (lien), soit trop peu de soleil (lien), soit les deux (puis la nuit, c’est même 100% de la France qui n’a pas de soleil  smiley),
  => l’hydraulique ne couvre « que » 10% (environ) de la production totale et le potentiel est concentré dans les régions montagneuses,

 => le géothermique semble intéressante mais le potentiel est également limité (lien) et sa faisabilité à grande échelle n’est pas totalement assurée (je pense au cas de Soultz sous forêt en Alsace).

Vouloir produire de l’électricité renouvelable localement (éolienne + PV en tête) est un non sens. En effet, ces énergies (Éolien et PV en tête) ne sont intéressantes que si elles se trouvent dans les régions les plus favorables ! Par conséquent, il est nécessaire de les concentrer où se situe le « potentiel » (ex : Bretagne pour l’éolien, PACA pour le PV, Alpes pour l’hydraulique, Ile de France pour le géothermique). Mais cela implique de transporter l’énergie et donc de consolider le réseau et d’augmenter les pertes (d’où le paradoxe de vos « solutions »). Et c’est bien l’un des problèmes majeurs auxquels est confrontée l’Allemagne actuellement !

Également d’accord sur le potentiel énorme que représente les gains en « efficacité », cependant vos conclusions d’économie potentielle exprimée en « réacteurs nucléaires » (euh ???) sont volontairement exagérées puisque on ne pourra pas supprimer 100% des pertes sur le réseau (à moins de brancher directement votre radiateur à une éolienne smiley), ni les 100% de l’éclairage extérieur et.ou intérieur (une majorité est malgré tout utile !), et même si vous améliorer l’isolation thermique, il y aura toujours des pertes. Enfin vous oubliez un facteur important : l’évolution démographique ! La population française continue de croître doucement mais sûrement (lien).

Puis quitte à supprimer des moyens de production, pourquoi ne pas se focaliser sur les centrales fossiles (charbon, gaz, fioul), qui représentent toujours 8% de l’électricité française (lien) ? On pourrait également supprimer le chauffage au fioul (qui chauffe encore 24% des foyers lien).

Imaginons que nous parvenons à inverser la courbe de consommation électrique par habitant (+1.7%/an depuis 1980 lien, rythme qui diminue ces dernières années) et qu’on se fixe les objectifs suivants :

-  baisse de -1% de la consommation électrique par an d’ici 2050 ce équivaut à une baisse globale de 30% (ce qui est déjà volontariste quand on considère les tendances passées et l’introduction de nouvelles sources de consommation, comme la voiture électrique),

-  Remplacement de 100% du chauffage au fioul,

- Remplacement de 100% de l’électricité fossile (impossible en pratique mais partons de cette hypothèse pénalisante).

En 2012, chaque français a consommé 7.2MWh d’électricité (470TWh/65M). Auxquels il faut ajouter l’équivalent du fioul consommé, soit 2.4MWh/hab en moyenne (15.05E9 litres de fioul * 10.4 KWh / 65M) si je veux respecter mon 2e objectif (je pénalise volontairement ma démonstration en négligeant les pertes de réseau). Soit 9.6MWh/hab en 2012 qui deviennent 6.6 MWh/hab en 2050 si la consommation baisse de 1% par an. J’ai donc respecté mes 2 premiers objectifs ! (  :-)))

D’ici 2050, nous devrions être 72M (lien), la consommation serait alors de … (suspens) 473 TWh. Soit à peine 3 petits TWh de moins qu’en 2012. Et là je ne respecte que mes deux premières hypothèses et pas la troisième puisque je n’ai pas supprimé les 47TWh de fossile produits en 2012 (lien).

Si je veux les supprimer, il faudrait construire environ 4 nouveaux réacteurs (et pas centrales smiley) de type EPR.

Bref, les économies de « centrales » ne sont pas aussi triviales que vous vous voulez le laisser penser.

En revanche, là où je suis 100% en désaccord avec vous, c’est de suivre l’exemple de la politique allemande dont vous oubliez (volontairement ?!) l’incohérence et tous les aspects néfastes :

- les émissions de CO2 n’ont pas bougé d’un iota et ont même augmenté en 2012 (lien)  ! L’Allemagne utilise plus de lignite qu’en … 1990 (lien). Sacré bon en avant ! smiley

Le renouvelable n’a jusqu’à présent servit qu’à remplacer une partie du nucléaire (électricité décarbonnée !). Considérant que la seconde moitié (11 réacteurs) doit encore être remplacée d’ici à 2022, on peut aisément prédire que les émissions ne baisseront pas d’ici là.

-  les énormes problèmes de transport d’énergie qui menacent leur réseau ainsi certains réseaux étrangers comme celui de la Rep. Tchèque (lien),

- des créations d’emplois ?! oui, des emplois subventionnés et au prix de suppression d’un autre côté ainsi qu’à des faillites qui se multiplient (lien). Les estimations de création d’emploi, c’est de l’enfumage et ne devraient pas être « balancées » aussi facilement, sans justification ni discussion,

-  Quant à la balance commerciale, l’éolien et le PV deviennent avec le temps des secteurs à faible valeur ajoutée. Les chinois feront toujours mieux que nous (comprendre moins cher). En 2011, l’Europe a importé pour 22 Mds d’€ de panneaux chinois (lien). Il y a peut être du potentiel sur l’éolien offshore qui nécessite de gros investissements et une importante organisation industrielle. Mais je ne vois pas comment on pourrait faire mieux que le nucléaire qui représente déjà une importante balance commerciale : AREVA réalise près de 65% de son CA à l’étranger et des contrats comme en GB se chiffrent en dizaines de milliards d’euros, sans compter les 70TWh d’électricité vendues chaque année à l’export.

- et pour finir sur l’aspect financier, je crois bien que les foyers allemands ne voient pas grand bénéfice de tous ces efforts (lien). Mais dans leur »malheur", ils peuvent se réjouir que leur lobby industriel (soutenu par le ministère de l’économie) pèse suffisamment en Europe pour éviter une baisse des quota et donc une hausse du prix du CO2 (lien) et faire tourner leurs centrales fossiles à plein régime. Aujourd’hui à moins de 5€/tonne, si elle était à son juste niveau (15 à 30€ selon les estimations), la facture serait encore plus salée !

Bref, entre les erreurs grossières, les arguments sortis du chapeaux et les sources douteuses, on ne tire pas grand chose de ce texte, à par la conviction que la vôtre est viscéralement contre le nucléaire.


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