Je félicite l’auteur de l’article qui, mine de rien, met le doigt sur deux vérités dont il faut tenir compte : le danger extrême qui guette les défenseurs de la cause palestinienne à se commettre avec des néo-nazis (il n’y a pas d’autre mot pour définir le négationnisme, car tous ceux qui le professent, dans leurs déclarations, ou insinuations, trouvent des qualités au régime hitlérien), et, en même temps, l’intensité de l’attachement des musulmans du monde entier à la cause palestinienne. On peut discuter à l’infini de la genèse du conflit : les positions sont tranchées. On peut aussi déplorer, et je le fais, que les musulmans semblent bien plus indignés par une occupation-spoliation nullement plus brutale que quantité d’autres qui ont été résolues, à la longue, pacifiquement, en Europe, que par les boucheries à grande échelle que les musulmans s’infligent entre eux. C’est ainsi et il faut en tenir compte.
Si la Shoah peut, à l’occasion, être instrumentalisée, la cause palestinienne ne l’est pas moins. Nombreux sont les jeunes musulmans en Europe à estimer, à tort ou à raison, là n’est pas la question, que leurs coreligionnaires ont été abandonnés par l’Occident, en Bosnie, en Tché&tchénie et en Palestine.On peut leur reprocher le recours à, ou la justification du terrorisme. Mais le sentiment de rancoeur ne se discute pas. D’ailleurs, toute situation de victime est naturellement instrumentalisée par ceux qui en souffrent, à des degrés divers, pour réclamer réparation, ou simplement compréhension. Je me souviens du récit de Martin Gray, racontant comment, jeune rescapé juif, débarqué aux USA après la guerre et engagé dans différents trafics, il trouvait inconcevable que quiconque en uniforme lui demandât des comptes après ce qu’il avait vécu.Bien loin de demander qu’on s’apitoie sur eux, les Israëliens ont tout simplement compris, à cause de la Shoah, qu’on ne peut compter sur personne d’autre que soi quand sa vie est en danger. Ils sont nombreux à réconnaître que les Palestiniens en ont fait les frais. Je rappelle à un posteur ci-dessus qui à évoqué les débuts du sionisme, qu’il est né en particulier en réponse à la vague de l’antisémitisme à l’époque de l’affaire Dreyfus qui pouvait conduire certains Juifs à constater que l’assimilation était illusoire, et qu’à l’époque des états-nations il leur fallait le leur. La suite des événements, au XXe siècle, leur a fourni des arguments encore plus radicaux.
Mais mon propos n’est pas de refourbir les arguments pour ou contre l’établissement d’un foyer national juif, ni de décider qui, des ISraëliens ou des Palestiniens, se comportent le mieux, ou le plus mal, selon les normes du début du XXIe siècle. C’est que l’auteur de cet article montre à quel point la logique simpliste qui veut que « l’ennemi de mon ennemi est mon ami » est dangereuse. Dans l’extrême droite raciste il était également de bon ton, à une certaine époque, de vanter Israël, et des amateurs de castagne passaient volontiers du Betar à Ordre Nouveau : maintenant la haine antijuive ayant pris le dessus, il est plus tendance de se dire pro-palestinien et on serre la main à Dieudo. C’est ainsi qu’on perd son âme. Qu’Akram Belkaïd soit remercié pour sa mise au point lucide.