@ADEL
Comme économiste de formation, j’ai appris, durant mes
études, qu’une monnaie sert : a) à mesurer le prix des biens ; b) à payer ce prix
(et donc à réaliser l’échange entre le bien et la monnaie) ; c) à
constituer une réserve de valeur de la richesse à travers le temps.
Dans le cas du bitcoin, ses promoteurs ont créé une
monnaie dont la valeur consiste, comme toutes les autres, à reposer sur le prix
des biens échangés d’une part, et sur le volume desdits biens de l’autre.
Or l’avantage du bitcoin, en tant que monnaie
électronique, fait que son prix de production est nul, puisqu’on peut le créer,
sans frais, à l’infini.
Et parce qu’il en est ainsi, la seule limitation, à
son propre volume, est donné par le volume des biens contre lesquels il s’échange
d’une part, et par le prix desdits biens de l’autre.
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Le problème, une fois cela posé, n’est pas du côté du
bitcoin, mais du côté des biens eux-mêmes, contre lesquels il s’échange.
En effet, n’importe quelle monnaie, qu’elle soit créée
par une banque ou par des algorithmes de type mathématique, sert à payer des biens qui, ou bien sont des biens
réels (et donc des marchandises) ou bien des titres qui peuvent se référer eux-mêmes
à ces biens, ou, autre variante, à rien du tout si le marché boursier est
devenu un casino ou les biens réels ne sont plus que des cartes à jouer sur
lequel les investisseurs spéculateurs ont décidé de miser.
Or là est le problème avec le bitcoin : une fois
celui-ci pris dans le tourbillon de la spéculation, les gens l’achètent avec
des cartes qui ne reposent sur rien, sinon la valeur futur du bitcoin.
Sauf qu’en procédant ainsi, ils inversent les règles
du jeu.
Prenons l’exemple suivant : si, aujourd’hui
même, les investisseurs spéculateurs achètent leurs bitcoins au prix, mettons,
de 10’000 dollars par bitcoin, c’est dans la perspective de les vendre demain
ou après-demain au prix de 15000 dollars par bitcoin, et réaliser ainsi un
bénéfice de 5000 dollars sur chaque bitcoin.
Sauf que pareille augmentation n’est rendue possible
que parce que de nouveaux joueurs amènent leurs dollars à la table de jeu, afin
de jouer eux aussi à ce casino de la bourse dont les cartes sont représentées désormais
par les bitcoins eux-mêmes.
Seulement voilà : un pareil jeu, quand la spéculation atteint son
paroxysme, s’apparente désormais au jeu de la chaise musicale : à savoir
que les derniers arrivés n’auront plus de chaises sur lesquelles s’asseoir
quand le prix, en dollars, du bitcoin, s’effondrera.
Ceux-là, qui ont du bitcoin dans les mains, seront entièrement
ruinés.
Quant au bicoin lui-même, il aura complètement
disparu de la circulation au motif que plus personne ne fera confiance à une
pareille monnaie.
Sauf qu’il faudra attendre la débâcle pour en arriver
là.
En attendant ce jour, ceux qui rêvent de faire
fortune, en achetant des bitcoins, continueront d’alimenter la hausse de sa
valeur (mesurée ici en dollars) au casino de la spéculation, permettant aux
organisateurs du casino d’amasser une fortune considérable (car eux auront
vendu leurs bitcoins avant la débacle).
CQFD