Une foule compacte, évitant tout contact visuel, semblant perdue dans on ne sait quelles pensées, bien que présente en chair et en os tout autours de moi, s’agite dans tous les sens, me croisant sans me voir comme m’excluant du vivant...
C’est alors qu’à l’insu de mon plein gré, un sentiment de profonde solitude m’ étreint, avec sa compagne l’anxiété (pour faire bonne mesure tant qu’on y est)... En témoigne ce coeur, (mon coeur, bordu !) qui soudain se met à battre de manière rapide et désordonnée comme s’il voulait me fuir lui aussi..
Tandis qu’en mon intérieur se met à souffler comme un vent de panique, en Echo, dans ce grand hall glacé dans lequel je me trouve en transit, le vent s’engouffre. Devant moi malgré ma vue qui se brouille, je perçois à quai ce long serpent métallique qui absorbe une marée humaine qui ne tarit pas et dans lequel je devrais moi aussi monter... ce que mon corps refuse de faire obstinément.
Celle ci se tasse, s’entasse, s’enlace, se piétine, se retracte enfin, réussissant ce tour de force qui consiste pour chaque élément de ce mêli mêlo de chair, à mêler son souffle à celui d’autrui sans le connaitre, sans même chercher à savoir à quoi il ressemble et encore moins s’il a faim, peur, froid, s’il est triste ou heureux.. Sans qu’un seul mot ne s’échange.
Quelque part, sur un autre quai bien plus loin, un cri fuse, déchirant, mélange d’articulation de mots fous, de maux flous qui se terminent sur une plainte, un gémissement...et qui me glace plus encore que ces rafales de vent qui emportent le peu qu’il me reste de chaleur corporelle avec ce cri, je ne sais ou...
Glacée jusqu’aux os, glacé jusqu’au coeur, je m’ effondre alors sur un banc, tandis que ma détresse intérieure prenant le contrôle de tout mon être laisse s’échapper larmes et gémissements...et cette supplication : « mon dieu, mon dieu, mon dieu... !
Une jeune fille, un humain sous forme d’une jeune fille, (ou bien est ce un ange déguisé en humain qui sait ?), se détache alors de la marée »humaine" qui ne se tarit pas, s’approche et s’enquiert de ma santé, me proposant de l’eau, le regard remplit de.... sollicitude...
Deux consonnes, une voyelle..... qui semblent faire toute la différence entre le sentiment de ne plus exister, d’être devenu invisible et celui d’appartenir au monde des vivants, de compter ne serait ce qu’aux yeux d’ un seul être...