Décidément, ce maudit populo ne comprend rien à rien. On lui dit de rester chez lui, il sort dans la rue. On lui dit d’aller au boulot, il reste à la maison.
Même quand on le menace d’apocalypse en cas de « non » à la Constitution européenne, il rigole comme un bossu.
La progression du « va te faire voir », extravagante au regard du lavage de têtes médiatiques en faveur du « oui », a offert un assez délicieux spectacle de mines déconfites, de mensonges clownesques et d’exposés piteux sur ces gens qui ne pensent pas où on leur dit de faire.
Mains moites et sourires crispés, les appareils politiques observent avec effroi les mouvements à multiples visages qui surgissent ici pour disparaître là et réapparaître encore, indécrottables : postiers, travailleurs précaires, urgentistes, lycéens...
Peut-être se rassurent-ils en comptant sur la sous-traitance électorale : laisser le populo seul dans l’isoloir, qu’il riposte par procuration et place le bénéfice de son vote entre les mains de tel ou tel parti.
Mais à leur place, on ne serait plus sûr de rien.