Je crois qu’il est urgent de modérer l’enthousiasme de tous ceux qui crient à la grande victoire de la démocratie française. On pourrait tomber de haut en 2012. Effectivement, il semble y avoir eu un « sursaut républicain », taux de participation record, face à face traditionnel. Ce sursaut s’était amorcé en 2002, confirmé avec le reférendum. Mais méfions-nous des lendemains qui déchantent.
Que nous disent les analystes politiques pour expliquer ce premier tour : une nouvelle génération de politiques, deux véritables projets de société.
Pourtant, les projets sont assez flous, à mon avis, et on a promis beaucoup. J’ai peur que les espoirs qui ont été mis dans les candidats, notamment par les nouveaux électeurs, soient rapidement déçus.
Parcequ’au niveau de la nouveauté, on repassera. 6 des 12 candidats sont d’anciens ministres, Laguiller et Le Pen ne sont pas vraiment des poussins du jour.
Le pari de Bayrou que la France se tournera un jour vers un mode de gouvernance plus centriste semble se confirmer, mais va le mettre dans une mauvaise passe, je n’aimerais pas être à sa place. Dès hier soir, on a pu voir que ses différents lieutenants sont déjà tournés vers les législatives et qu’il ne mettront pas longtemps à se rallier au nouveau chef pour conserver leur circonscription (l’indemnité pour non réelection que se sont votés les députés est peut-être un peu légère, on finit avec un SMIC, c’est un peu dur pour boucler les fins de mois).
On a vu des politiques se donner du Tu. J’ai beaucoup ri quand Fabius à dit un truc du genre, « nous sommes les meilleurs pour défendre l’environnement, et Dominique le sait bien », bizarre après son expérience ministérielle c’est pas ce que j’avais compris, je dois être bouché à l’emeri. Très fort aussi le retour de Tapie, on sent tout de suite le retour de la morale en politique. Dommage qu’on ait pas invité Balkany (j’ai pas regardé la bonne chaine peut-être). Le Peltier qui nous raconte exactement la même chose sur la 2 et la 3, nous annonçant la naissance d’un nouveau parti, le MPF. Le discours de Ségolène Royal, comment dirais-je, hypnotique. Le PCF avec Robert Hue qui nous explique en gros que si on l’avait écouté on en serait pas là (ça va saigner Place du Colonel Fabien). J’oubliais les spécialistes des instituts de sondage qui jubilaient sur l’air de "alors qu’est-ce qu’on avait dit ?’
Le seul moment de fraicheur à été l’arrivée de Besancenot et son échange un peu musclé avec Rachida Dahti qui nous expliquait à quel point la presse avait été méchante avec Nicolas (elle a dû oublier le cortège de journalistes suivant la Vel Satis du patron dans les rues de Paris comme s’il était déjà président).
J’ai zappé et quand même petite surprise sur Arte, pourtant souvent accusée d’être soporifique. Un journaliste, interrogeait Nadine Moreno (on envoie que les cinquièmes couteaux et les bannis sur Arte) sur la possibilité pour Sarkozy de récupérer les électeurs de Bayrou alors qu’il avait dit que celui-ci était de gauche. Il avait le front borné et un petit sourire énigmatique qui ont beaucoup déstabilisés Nadine Moreno.
Tout ça pour dire que ce « renouveau démocratique » a surtout été l’occasion de faire du neuf avec du vieux, et qu’il serait bon de se montrer prudent pour l’avenir