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ocean 14 mai 2007 16:59

Nous sommes d’accord, Paul (vous le savez) sur la manipulation de l’opinion, et même, encore en amont, sur sa fabrication même, jusqu’y compris au fameux « les faits sont faits ».

Ce que vous dites là est corroboré s’il en était besoin, par le bien connu « argument de la preuve sociale » (pour apprendre à un enfant à ne pas avoir peur des chiens, on lui montre des films d’enfants jouant avec des chiens, etc).

Pourtant, quelquechose m’a frappé en lisant votre article : le grand nombre d’approbations qu’il reçoit (sur un nombre de réactions encore trop petit pour que je sois sûr de mon propos : ma réflexion ci-dessous est à lire sous réserve que cette tendance se confirme ! je prends des risques !!)

Ce qui me frappe c’est que votre propos est évidemment en miroir : la prévention française contre l’argent est si forte, au moins tant qu’on s’en tient aux images « correctes », qu’on peut se demander combien de vos lecteurs oseraient afficher que non, on n’a pas besoin de jouer au pauvre pour être un type honnête, que oui il y a des pauvres qui sont aussi d’authentiques salopards, ce qui est à dire qu’on peut être et victime et pourri, et que oui, il y a des dominants qui sont des personnes bien, et des riches qui font beaucoup beaucoup plus de bien que de mal.

Ou qu’on peut fort bien être une star de la jet-set, même inculte, et être un bosseur, et même un bosseur méritant.

Vous dites que les dieux de la vox populi ont tranché sur le repos luxueux de M. Sarkozy après (l’épuisant) marathon de la campagne et que donc on n’en parle plus. Vous avez raison de relever cette sanction populaire comme une pression d’opinion.

Mais la question que je me pose est la suivante : ne faites-vous pas référence sous-jacente à une autre évidence populaire, non moins granitique, qui serait « l’argent, ou en tout cas son étalage, est indécent parce qu’il y a des pauvres et qu’un pauvre est de toute façon sympathique tandis qu’un riche est de toute façon suspect dans le meilleur des cas », et cette évidence populaire n’est-elle pas, elle aussi, une pression d’opinion ?

Quelque chose dans la veine : regardez ce président qui s’exhibe cyniquement sur un yacht de 60 mètres pendant que les don quichotte grelottent !

A part Mme Laguilliers dont on sait l’attachement à son immeuble, où se sont reposés les autres, tous si corrects vis à vis des pauvres ? Un président doit-il montrer l’exemple de la privation ? voulons-nous quelqu’un qui valorise la pauvreté sous couvert de (faire semblant de) la « respecter » ou qui valorise la réussite ?

Je voudrais être bien compris : je ne pose pas un débat sur les valeurs, ni sur notre envie d’un président père moralisateur ou d’un président qui nous enrichisse, ni sur le rôle de la morale ou des valeurs en politique.

Je pose juste la question de cet écho qui naît à l’intérieur même de votre question dès que vous la posez.

C’est la structure « en abyme » de votre réflexion qui m’intéresse. Elle me fait penser que ce qui est si remarquablement approuvé dans votre article pourrait ne pas être le sujet que vous traitez, mais le fait que la vox populi pourrait bien y trouver de quoi conforter cette évidence biblique : oui, quel président cynique, et quelle incroyable pression d’opinion que celle qui fait qu’on ne peut pas le dire, les dieux sondages ayant parlé.

Qu’en pensez-vous ?


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