@Lynwec
« les sanctions ne sont pas une explication crédible »
Je ne nie pas les sanctions, elles existent et elles ont un impact réel, mais bien inférieur à celui des décisions absurdes du gouvernement. Malgré des revenus du tourisme en baisse continue depuis 5 ans, l’investissement continue de se concentrer sur ce secteur qui génère davantage de dépenses que de revenus.
Avec un taux d’occupation inférieur à 15% en 2022, les hôtels (tous contrôlés par l’état) sont clairement bien dessous du seuil de rentabilité. Pourtant, en cette même année, pour chaque euro dépensé dans la construction d’hôtels, Cuba n’a dépensé que 6,5 cents pour la santé et 4 cents pour l’éducation.
L’aveuglement des dirigeants et leur obstination à construire des hôtels pour une clientèle qui n’existe pas a bien une explication : ces constructions génèrent de copieuses commissions que se partagent quelques membres de l’oligarchie.
Ajoutez à cela les blocages administratifs, les pénuries dues à la corruption et aux détournements ainsi que le harcèlement permanent qui touchent toutes les activités économiques indépendantes, il ne peut y avoir qu’un accroissement de l’enlisement généralisé.
Les cubains ont un terme qui résume cette situation « autobloqueo » ou « bloqueo interno », le blocus interne dû à un gouvernement qui décide de tout en dépit du bon sens.
Un exemple concret, depuis la semaine dernière il y a une grève des taxis indépendants à La Havane, les conducteurs de ces vieilles américaines qui font du transport collectif. Ils refusent de travailler en appliquant les nouveaux tarifs que veut imposer le gouvernement.
Leur application ne leur permettrait tout simplement pas de générer de revenus suffisants pour poursuivre leur activité. Les pièces détachées pour maintenir en fonctionnement leurs très vieilles voitures ne sont pas importées, ou de façon insuffisante, par le gouvernement (il ne s’agit pas de pièces américaines, les mécaniques d’origine sont depuis longtemps remplacées par des pièces de Lada, de Hyundai ou autres) et les filières d’importation parallèles sont faites par le biais de « mulas », des personnes qui font des aller retour avec le Mexique (pays ami depuis l’élection de Amlo) pour ramener en avion des carburateurs, des pneus, des disques de frein et autres accessoires.
Ce type de filière rend les pièces hors de prix et surtout rend leur achat en devises impératif. Pourtant le gouvernement veut imposer des prix bas pour le transport sans faciliter l’accès à un tarif raisonnable aux moyens nécessaires pour maintenir l’activité.
Ce type d’aberration est malheureusement à l’oeuvre dans presque tous les domaines.