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Akira 11 juin 2007 18:13

Ouais ouais.

Ca pleurniche beaucoup sur l’état déplorable de notre démocratie, on effleure l’idée sous-jacente d’une révolution d’où émergerait une démocratie idéale où tout le monde il serait dignement représenté et vivrait dans l’égalité et la justice sociale... Mais d’amorce de solution, point. Et pour cause.

La démocratie est par essence un système imparfait, dans son but qui vise à assurer la satisfaction d’une majorité. Majorité qui reste soumise à la loi des statistiques, fût-elle appliquée à l’humain. Si un projet de loi rencontre 70% d’adhésion à droite, et que la droite elle-même a une valeur représentative de 60% (on se calme, c’est un exemple smiley, il ne sera au total, soutenu en valeur théorique que par 42% de la population.

Alors, on crie à l’injustice, pourquoi la volonté de ces 42% prévaudrait-elle sur l’opposition des 58% restants ? Tout simplement parce que les 58% restants seraient incapables de se mettre d’accord sur une proposition alternative ; que s’ils le faisaient, ça leur prendrait des semaines voire des mois, ne serait-ce que par une absence d’unité constitutionnelle qui pose un problème de représentativité ; qu’il y a un millier d’autres projets de loi du même niveau d’adhésion à traiter ; et que le gouvernement lui, a cinq ans seulement pour ne pas sombrer dans l’immobilisme. Avec en plus le niveau d’idéologisation du débat dans ce pays, je n’ose même pas imaginer la durée des tractations.

Les lois mathématiques et l’urgence de la réalité ne sont pas un problème typiquement français, loin s’en faut. Derrière la critique sur l’hégémonie UMP à venir se cache surtout la frustration de l’absence de solution pour un système qui conjuguerait représentativité totale et efficacité.

La France est qu’on le veuille ou non un patchwork de minorités aux aspirations diverses. Or satisfaire un ensemble de minorités avec un système majoritaire est dénué de fondement logique. Et là où l’auteur ne voit qu’ambitions personnelles, manipulation médiatique et calculs politicards, d’autres électeurs ont vu une volonté de faire passer les divergences derrière des idées et des projets communs. Pour ma part je n’ai pas voté Sarkozy à la présidentielle ni pour mon candidat UMP aux législatives, mais je n’ai pas la prétention de déclarer à la place du peuple qu’il a été berné avant d’avoir vu de quoi il retournait dans les faits. Et cette capacité à faire passer les électeurs de l’autre bord pour d’inconscients veaux me paraît d’une part plus contre-productif qu’autre chose, d’autre part peu favorable à la montée d’une réflexion collective de fond sur les modifications des institutions dans le pays, qui semble pourtant être voulue par l’auteur.

J’avancerai pour finir une hypothèse : le raz-de-marée bleu ne doit pas occulter la remise en cause globale du fonctionnement politique par le peuple français. Beaucoup veulent toujours faire voler en éclats le système bipolaire actuel, changer les fondements des institutions, et l’élection de cette année n’en est peut-être que la première étape. C’est la gauche qui en sort exsangue ; la droite pourrait bien y passer dans quelques années, elle aussi, s’il s’avère qu’elle ne s’est pas montrée à la hauteur. L’euphorie d’une large victoire n’occulte en rien les énormes attentes d’un peuple qui n’a aucune intention de délivrer un blanc-seing et a juste répondu par les urnes aux réalités du système actuel. Système qu’il pourrait décider par vouloir changer en profondeur plus vite qu’on ne le pense s’il n’y trouve finalement pas son compte après avoir essayé une nouvelle fois.


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