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Bois-Guisbert 11 juin 2007 20:41

Pour l’indécrottable cynique que je suis, un tel article est un authentique régal. On y trouve toute la fraîche naïveté d’un jeune français, instruit, qui a cru, sans une once d’esprit critique, tout ce que ses maîtres lui ont enseigné, sur la République, la démocratie, le suffrage universel et les élections...

Et le voici confronté à une réalité qui ne correspond pas du tout aux schémas qu’on lui avait présentés comme immuables, éternels et intangibles. Quelle est cette réalité ?

La voici, en cinq mots comme en cent : le peuple a mal voté. Ce peuple que l’ineffable Rousseau estimait infaillible, a voté contre ses intérêts ou plutôt contre les intérêts que lui assignait Rage, dans sa candeur de démocrate « progressiste », conséquent et organisé.

La rancœur éclate : 60% de votants ont octroyé - ou vont mécaniquement le faire - 80% des sièges à moins de 30% des électeurs français. Comment donc en est-on arrivé là ? C’est la faute aux médias et aux sondages !

On se demande ce que foutaient « Le Monde », « Libé », le « Nouvel Obs », « L’Express », « Marianne » et quelques autres, pendant la campagne électorale et tous les journalistes plus ou moins inféodés au politiquement correct royalien. Ils étaient bâillonnés ? Contraints d’écrire contre leurs convictions ? Menacés de licenciement ?

Mais alors où sont leurs syndicats ? A quoi servent-ils ? Pourquoi continuent-ils, ces journalistes qui portent à gauche par atavisme corporatiste, à leur payer des cotisations... Quant aux sondages, le PS n’avait qu’à mobiliser les officines qui lui sont proches, pour lui tailler des « gallups » sur mesure, puisque c’est si simple...

Foutaises et calembredaines !

La vérité est que Sarkozy a su trouver les mots qu’il fallait pour empalmer une majorité de Français et il a très vraisemblablement gagné la présidentielle, sur le terrain, le jour où il a parlé de « racailles » et de « Kärcher », ce que le peuple VOULAIT entendre d’une autre bouche que celle de Le Pen. Eh oui, mon jeune ami, ça fonctionne comme ça, la démocratie.

Il a fallu une défaite sèche et sonnante des vôtres pour que vous découvriez, non pas ce qu’est devenue la démocratie, mais ce qu’elle a toujours été - je vous le dis, quitte à tuer le Père Noël. La seule nouveauté relative, c’est que la télévision a rendu ses tares beaucoup plus visibles, les a caricaturées même.

Tous les « devenu » et les « plus » auquels vous recourez, n’indiquent que la fin de vos illusions. L’inconséquence des corps électoraux a déjà été décortiquée par Gustave Le Bon, il y a plus de cent ans. La prédominance, en politique, de l’affectif sur le rationnel, ELECTEURS ET POLITICIENS CONFONDUS, aussi.

L’essentiel des citoyens n’a pas analysé et a suivi la tendance qu’on lui indiquait, pour la simple et bonne raison que la politique est DEVENUE un objet de consommation.

Elle l’a toujours été, c’est le mode de consommation qui a évolué, avec la société du même nom.

...les élections politiques sont DEVENUES plus un grand jeu de paris qu’un profond jeu de convictions. Elles l’ont toujours été.

...le vote est DEVENU un jeu : on vote suivant l’image du candidat, suivant la couleur du costard, la fraîcheur du teint plus que sur la profondeur des idées et la capacité à agir

Il l’a toujours été.

Le problème dans ce jeu de massacre, c’est que le peuple ne vote PLUS en connaissance de cause, il vote majoritairement suivant la tendance du moment, puis avec une pondération très faible pour l’élu local qu’il connaît effectivement ou pas.

Le peuple n’a jamais voté en « connaissance de cause », et on se demande où il aurait bien pu - où il pourrait bien - aller chercher les connaissances des causes... En lisant tous les programmes de tous les partis, en inscrivant des arguments « + » et des raisons « - », dans les grandes colonnes de grandes pages de grands cahiers, partagées en deux par un énergique trait vertical ? Soyons sérieux !

... n’y a PLUS aucune mesure, aucune rationalité dans le vote.

Il n’y en a jamais eu. Le vote est fondamentalement le résultat d’un choix affectif, que l’on vote pour un candidat ou contre son adversaire.

...que la république n’est PLUS celle de citoyens représentés dans leur diversité...

Elle ne l’a jamais été.

Diriger efficacement un pays, c’est un peu comme l’amour - regarder ensemble dans une même direction -, et non pas jeter trente-six regards dans trente-six directions différentes, chacun voyant, bien entendu, midi à sa porte...

...et que la démocratie n’est PLUS un système viable face à une puissance médiatique étant en capacité d’asséner des messages dans un sens ou dans l’autre avec une telle capacité de diffusion.

En fait, ce que ne sont PLUS la République et la démocratie, c’est en conformité avec les illusions que l’école de la République, précisément, vous avaient inoculées. Rien de plus.

On vous a bourré le mou, vous avez gobé. Vous expérimentez dans votre chair le proverbe de Lincoln : « On peut mentir à quelqu’un tout le temps ; on peut mentir à tout le monde un certain temps ; on ne peut pas mentir à tout le monde, tout le temps. »

Le problème, c’est que là c’est pour cinq ans, et qu’au final, les seuls éliminés, ce sont ceux qui n’ont pas compris qu’ils payaient à chaque fois qu’ils votaient...

Et ça recommencera pareil en 2012...

A cette différence près, peut-être, que vous serez du côté des gagnants et que vous saluerez alors le retour des Français au bon sens, à la sagesse, à la lucidité, en un mot, à la démocratie !

Parce que vous n’aurez pas retenu la leçon reçue en 2007 et parce que cette analyse que vous croyez rationnelle, et bien, elle plonge profondément ses racines dans votre affectif à vous... smiley


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