Dans Si c’est un homme, Primo Levi a montré que c’était
chacun pour sa peau à Auschwitz. Il fallait garder avec soi ses rares affaires
qu’on avait pu sauver, sinon tout disparaissait. Il était important de se faire
un petit groupe solidaire de survie, mais ça ne tenait pas. Avec les rations
insuffisantes, dans le froid, il fallait à chaque instant économiser ses
efforts aux travaux forcés pour survivre. Il transportait des poutres avec un
coéquipier. Il avait appris le coup : être à l’arrière, soulever la poutre,
mais pas à son extrémité, jusqu’à l’épaule pour que l’autre fasse pareil.
Ensuite, en commençant la marche déplacer son épaule à l’extrémité de la poutre
pour que la charge pèse plus sur l’autre.
Ainsi, c’est son coéquipier qui est mort d’épuisement et pas lui. En
condition extrême et subie, le bien et le mal s’évaporent.
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En société fracturée, en guerre civile, une nouvelle
loi apparaît : il vaut mieux tuer son voisin avant que celui-ci ne vous
tue. C’est la loi des clans : le plus fort, le pire, ou le plus
intelligent qui l’emporte.
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Dans I comme Icare, l’expérience de Milgram est
expliquée : la division des tâches dans le long processus de la conception
des pièces au lâchage de la bombe à Hiroshima, qui dilue la responsabilité. C’était
pour chacun une tâche parmi d’autres dans son métier, avec son chef et son
salaire et c’était la guerre contre un méchant.
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Et ça a marché à fond avec délire covidique : il faut
un sommet qui enclenche, après ça descend tout seul : les généralistes
interdits de soigner, des injections expérimentales forcées dont personne n’en
connaît le contenu, je ne vais refaire tout le film ici. On a vu l’hystérie,
rendant très facilement les gens cons, méchants, faux-culs, lâches, ordures,
monstres… Et moi qui ne suis pas vaxxiné, je suis pour un vaxxiné con-vaincu un
tire-au-flanc, traître à l’immunité collective, salaud, qui ne mérite pas
d’être soigné si j’ai un cancer. Un Michel Cymes m’explique que quand je me
regarde dans une glace, je ne peux que me dire j’ai tué des gens. Sans compter,
car c’est maintenant de la pensée mécanique (Pavlov, autre aspect au sujet),
que je suis un complotiste d’extrême droite.
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Finalement, on peut retourner la
question : peut-être qu’il faut au préalable une communauté/société
fonctionnelle et saine pour qu’il y ait une intelligibilité du bien et du mal. Même
si je préfère les attitudes de bienveillance/malveillance en les éclairant avec
le paradoxe de Karl Popper (à bien comprendre), tolérance et intolérance étant
des attitudes homologues.