J’ai envoyé hier le message suivant, il n’est pas encore paru pourquoi ?
Je viens de découvrir ce long débat, lancé par des attaques personnelles hors sujet, et qui ne concerne plus en rien le texte d’origine. Heureusement il s’est finalement civilisé, mais relance préjugés et calomnies qui risquent fort d’inciter Henri Masson à « rabâcher » encore les mêmes réfutations...
Il me semble que tout le monde s’accorde à penser qu’une langue commune est indispensable à l’Humanité. Tout le monde reconnaît aussi que, si on laisse faire, dans 50 ans, l’anglais sera cette langue commune, mais certains ne voient pas, que quelles années plus tard, elle sera langue unique. Oui, commune, ou unique, ce n’est pas du tout la même chose. Et si les espérantistes sont opposés à l’usage de l’anglais langue commune, ce n’est pas parce qu’ils « haïssent » l’anglais, c’est parce qu’ils ont compris que n’importe quelle langue nationale, n’importe quelle langue qui sert un pouvoir tend à devenir langue unique, c’est-à-dire qu’elle corrompt les autres et les prive de résonnance culturelle. La meilleure preuve que c’est une erreur d’identifier le rejet de l’anglais comme langue internationale avec une critique de la langue anglaise, c’est que de nombreux anglais, britanniques, américains, australiens etc... sont opposés à cet usage, (certains même sont espérantistes). Car la langue anglaise elle-même souffre de cet usage pour lequel elle n’est pas faite.
L’histoire nous apprend que les domaines d’extension des langues actuelles correspondent tous aux régions où s’exerçait le pouvoir politique d’un prince, d’un roi, ou, plus récemment d’un gouvernement « national ». De sorte que la langue que l’on dit « naturelle » est simplement la langue enseignée dès la petite enfance. Cette langue est tellement indispensable au fonctionnement de la société qui dépend du pouvoir politique, que les parents s’efforcent de la faire apprendre à leurs enfants avant même celle qui leur vient de leurs ainés, et que, en quelques générations, la langue du pouvoir politique devient la langue maternelle, dans tout l’espace où ce pouvoir s’exerce.
Il n’y a pas que des Bretons ou des Occitans qui puissent confirmer cela, et mesurer les efforts énormes qu’il faut faire pour conserver vivant le souvenir d’une culture dont la langue n’est pas celle du pouvoir politique. Une telle situation est observable en de multiples régions d’Europe, où les pouvoirs politiques ont si souvent fait bouger les frontières. Et l’on compte en Europe de très nombreuses langues minoritaires. L’Europe dite à 25 langues ne compte que les langues actuellement « nationales ». En fait, il y en a plus de 50 ! C’est donc toujours le pouvoir politique qui impose la langue. Aujourd’hui, il faut prendre conscience que ce pouvoir politique, basé sur le commerce et la finance, est anglophone. Toutes les langues d’Europe en sont au point où en était par exemple le breton en 1900. Tous les parents veulent que leurs enfants connaissent bien l’anglais. Il est naturel qu’ils demandent que cette langue leur soit enseignée très tôt, très très tôt, et dans quelques générations avant même la leur.
Beaucoup d’Européens, lancés dans les « business », estiment qu’il faut « être réalistes », « ne pas rêver », et se mettre courageusement à l’anglais, car « les jeux sont faits », et seuls réussiront dans la vie, ceux qui maîtriseront parfaitement cette langue. Un ministre nous a même dit que les Français doivent cesser de considérer l’anglais comme une langue étrangère !
Heureusement pour nos cultures, tout le monde n’accepte pas si facilement la disparition à terme des autres langues, et l’on s’accroche, à l’idée de faire apprendre à tous les enfants d’Europe deux ou trois langues. Remarquons d’abord que, dans une Europe à 25 langues, pour que deux Européens quelconques aient la certitude de disposer d’une langue commune, il faudrait que tous en parlent 13 ; c’est beaucoup plus que 3 ! Donc, pour assurer une communication entre deux Européens quelconques, il est clair qu’une langue commune est absolument indispensable. Donc, le plurilinguisme n’assurera pas l’égalité de tous, et n’empêchera nullement la dérive « naturelle » vers une langue unique, celle du pouvoir. En fait, soyons réalistes, apprendre une langue étrangère prend beaucoup de temps et pour une bonne moitié de la population en apprendre plus d’une, c’est interdire tout accès à une culture scientifique (Déjà, on peut mesurer l’avance statistique que les anglophones, qui n’estiment pas avoir besoin d’étudier de langue étrangère, ont acquise dans la recherche scientifique.). Ainsi la mise en place du plurilinguisme créera une hiérarchie qui ne brillera mondialement qu’en langue anglaise.
Les espérantistes, (qui ne sont pas tous « espérantophones ») sont objectivement ceux qui estiment que : 1) Aucune langue, « naturellement » imposée par un pouvoir, ne peut être volontairement acceptée comme « langue internationale » 2) L’espéranto a fait ses preuves comme outil de communication internationale. Toute nouvelle recherche de la langue parfaite n’a d’autre effet (même si ce n’est son but) que de réduire les chances d’échapper à une langue unique.
Quant aux espérantophones,, on peut les répartir en deux ensembles dont l’intersection n’est pas vide : 1) ceux qui pratiquent l’espéranto par goût pour cette langue et l’ouverture sur le monde qu’elle leur donne Certains d’entre eux créent des œuvres littéraires originales. Certains abandonnent même la volonté de faire de l’espéranto une langue-pont entre les peuples, ce qui à mon avis signifie qu’ils ne sont plus espérantistes. 2) Ceux qui pratiquent l’espéranto, s’efforcent de faire connaître sa nature et ses qualités, traduisent en espéranto des textes ou des œuvres écrits dans leur langue maternelle, simplement pour le maintenir vivant, de génération en génération, dans l’espoir qu’un jour il pourra rendre à l’Humanité le service pour lequel il a été créé et éviter la catastrophe culturelle de la langue unique. Personnellement je suis de ceux-là.
J’admets que cet espoir peut paraître insensé quand on voit l’état d’avancement actuel de la domination de l’anglais. Mais, si les médias acceptaient un jour de diffuser largement l’information que tout le monde devrait connaître depuis 1922, tout le monde saurait que la meilleure méthode pour élever le niveau linguistique des enfants ( en particulier en anglais), c’est de commencer par leur enseigner l’espéranto, le « pourquoi ne pas commencer par là » deviendrait inavouable.
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