Je vous serai gré, comme tant de journalistes, de ne plus utiliser le terme de « pédophile », qui désigne improprement les auteurs de crimes sexuels sur enfants. Il se trouve qu’en France c’est le passage à l’acte qui détermine la culpabilité.
Or la pédophilie est une attirance qui ne présume pas de l’acte.
Beaucoup de pédophiles vivent en France sans jamais être passés à l’acte, bien conscients des dommages qu’ils pourraient causer chez un enfant.
Les mettre dans le même sac que des criminels sexuels a peu de chances de rendre le sujet moins tabou et de permettre à la pédophilie et ses conséquences d’être maîtrisés et assumés par les intéressés.
D’autre part, le traumatisme des attouchements sur mineurs semble, avec le maintien d’une confusion totale entre viol, attouchements sur mineurs (dont le consentement n’est pas pris en compte et compte pour viol), et torture ou meurtre, s’être déplacé du champ personnel et psychologique, au champ social.
L’enfant est donc doublement traumatisé, par ce qu’il a vécu, et par la réputation sulfureuse et taboue de ces crimes, qu’on n’hésite pas à placer au dessus du meurtre, de la torture, etc...
Il est peut-être temps pour les médias de réfléchir à un traitement plus différencié de ces crimes, et de les débarasser de ce voile pudique, pour détacher ce qui relève de la souffrance personnelle, de ce qui n’est qu’un soubressaut d’opprobre communautaire.