—> « Quelle conclusion tirez vous du fait que le viol « ne représente pas plus de 1,5% des cas » ? »
J’en déduis que 98,5% des personnes déjà condamnées ne récidivent pas, ce qui est un résultat probant. Prendre le risque de mettre en oeuvre des mesures limites terrifiantes en imaginant atteindre 0% est illusoire. S’attaquer à une récidive aussi basse ne peut laisser espérer qu’un gain très faible, et surtout ne réduit en rien l’avènement de la première fois (100% des cas).
— > « Qu’est-ce que cela réprésente en dégat humain, 1 % ? On ne parle pas de voitures volées/cassées là, on parle d’humains bousillés. »
C’est toute la différence entre un chiffre statistique exact dans son ensemble et la réalité humaine individuelle. On connait par avance les stats criminologiques pour la semaine prochaine, on peut s’en désoler, mais que proposer pour éviter qu’elles se réalisent ? Tout parent qui fait un enfant connait par avance le taux de mortalité infantile, le risque d’anomalie, etc. Que lui proposer pour réduire le risque ? de renoncer à la vie ? Et s’il prend quand même le risque est-ce un reniement des « victimes » ?
— > « Vous parlez de « condamnation d’un état déclaré dangereux et non pas d’un acte » »
Oui, la mesure était destinée initialement aux pédophiles, c’est à dire sur la discrimination d’une catégorie de personnes en raison de ce qu’ils sont en priorité sur l’acte, les viols commis par les non pédophiles n’étaient pas visés. C’est pourquoi l’analogie de Guigou, que je supposais qu’elle faisait avec les homos, me semblait évidente : l’homosexuel était indistinctement considéré au mieux comme un malade, au pire comme un criminel. C’est exactement la situation actuelle des pédophiles. Il faudra bien à un moment abandonner le rejet global (et viscéral) pour distinguer le criminel éventuel de sa préférence sexuelle, comme on le fait couramment pour les hétéros (on ne dit pas « un hétéro » pour désigner un violeur de femmes).
— > « De fait, il y a la prise en compte d’actes et de leur risque de reproduction. »
D’actes passés, déjà punis et purgés, oui, pour le moment. Mais il s’agit d’une mesure qui s’applique sur une suspiscion de dangerosité (donc un état supposé) et non plus sur un acte distinct. C’est ce qui en fait son danger. On peut craindre dans une dérive sécuritaire qu’elle puisse s’appliquer un jour indépendament de l’acte sur simple dépistage ou suspicion. Après tout c’est déjà le cas de l’internement administratif d’office...
— > « Dans tous les cas il y a absence de consentement pour qu’il y ait viol. Pour le mineur, on estime qu’il ne peut y avoir de consentement parce que l’on présume la contrainte, menace ou surprise. »
Oui et de ce fait le viol sur mineur est toujours constitué par principe, l’adulte est présumé coupable, même s’il ne s’agit pas d’un viol au sens réel du terme. Ceci dit je ne nie pas la réalité de viols véritables et réellement traumatisants sur mineurs, je conteste simplement que les deux cas soient confondus sous une même terminologie infamante et condamnés de manière comparable.
Je me référais plus haut à un cas réel où le mineur consentant à l’époque des faits (tout juste majeur au moment du procès) est venu témoigner en faveur de son amant adulte (accusé de l’avoir violé donc), peine demandée 11 ans, peine prononcée 13 ans... On voit au passage les conséquences de l’intoxication médiatique. Et il est pas passé loin des 15 ans qui l’auraient aujourd’hui peut-être rendu éligible à la mesure d’extension pour dangerosité, tout ça pour une histoire d’amour consommé... Bel exemple de condamnation au nom de ce qu’est l’accusé en priorité sur ses actes. Et le respect du mineur ? je doute que s’être vu non écouté, jugé traumatisé et présenté en victime malgré lui, et dénié dans son droit d’être et de désirer et avoir vu trainé celui qu’il aimait dans la boue, lui furent profitable...