Bonjour Armand,
Vous dites : une gifle occasionnée par une injure n’est pas un châtiment corporel mais une réaction d’exaspération parfaitement compréhensible. Vous minimisez systématiquement la portée d’une injure, en majorant à l’extrême l’effet d’une gifle. Franchement, il y a des cas où je trouve une injure bien plus grave qu’un coup. Mais ce que vous oubliez de dire c’est que ce n’était pas une injure gratuite mais suite à une première agression physique de ce prof qui se décrit lui-même comme « autoritaire », « maniaque » et reconnait même avoir un « léger problème d’alcool ».
Les gamins aussi ont leur fierté et laisser échapper un « connard » quand on vient de se faire ridiculiser devant ses camarades ne suffit pas à justifier la moindre violence et encore moins d’être giflé, trainé par le pull et obligé par la force à s’excuser publiquement. Quand un prof ne sait pas affirmer son autorité autrement que par la force et la violence alors il n’est pas digne d’enseigner.
Je consacre moi-même 2 soirées (2x2 heures) à enseigner l’esprit des arts martiaux à des ados de 13 à 17 ans, dont certains sont déjà des armoires de plus d’1 m 80. J’essai de canaliser leur violence en leur apprenant à se contrôler et en leur expliquant qu’avant de « frapper » il faut essayer de régler le problème différemment. Je suis très heureux à l’idée qu’ils puissent voir que ce que l’on leur demande n’est pas à sens unique.
Et pour votre gouverne, j’estime qu’il est indispensable de respecter l’izzat (le self-respect) des élèves ou étudiants, surtout garçons. Jamais je ne proférerais la moindre injure, encore moins ces propos démolisseurs de la confiance en soi dont le système français, hélas, semble avoir le secret. En revanche, je ne laisse jamais passer un affront.
Le respect n’est pas un du, il se gagne et doit être à double sens. Si la force et la violence sont pour vous le seul moyen d’imposer le respect, je connais des dizaines d’élèves qui pourraient sans difficulté vous imposer le leur.
Un jour, apprenant qu’un étudiant racontait à qui voulait l’entendre que je favorisais dans ma notation une belle blonde aux allures de Rosanna Arquette, je lui ai fait passer une épreuve orale, lui ai attribué une bonne note (méritée) puis ajouté : "Maintenant, voici ce que je viens d’entendre... Si jamais vous recommencez, alors nous réglerons cela d’homme à homme...". Il n’a jamais recommencé, mais, bien entendu, a raconté la scène. Cela m’a valu une certaine popularité.
Voila qui est beaucoup mieux. Dommage que vous vous soyez senti obligé d’ajouter : Si jamais vous recommencez, alors nous réglerons cela d’homme à homme...
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