J’ai rencontré voilà 20 ans un scientologue, très gentil. Ce n’était pas un dirigeant. Passionné par sa partie, il était tellement convaincu qu’il en était presque convainquant. Très prosélyte. Me sachant non-influencable, je m’étais rendue à un rendez-vous dans un local de la scientologie pour une séance d’approche, par curiosité.
Là on m’avait demandé d’évoquer un malaise physique récurrent (ce qui arrive à presque tout le monde, par exemple des migraines), puis d’y associer des mémoires et de remonter le plus loin possible dans le temps. J’ai joué le jeu. Forcément lors d’une telle expérience on se retrouve dans un certain état émotionnel, même si pour ce qui me concerne les mémoires éveillées n’avaient pas grand-chose à voir avec les migraines.
Ainsi sollicitée sur mes faiblesses, j’avais plongé dans moi-même. J’aurais pu ensuite me retrouver dépendante d’un praticien ou d’une pratique comme d’autres se retrouvent dépendants d’un psy, d’un religieux ou d’un gourou. Mais en sortant de là j’avais aussitot retrouvé une distance relationnelle et intellectuelle.
J’ai pensé sans "parano" que j’avais affaire à un phénomène sectaire, avec recrutement et clientélisme. Mais il n’y avait ni maltraitance, ni drogue ni quoi que ce soit de répréhensible par la loi. Seulement de la manipulation mentale. J’avais par la suite reçu par courrier des questionnaires publicitaires établis par la scientologie, où je devais fournir des renseignements sur moi, mes motivations dans la vie etc. C’était un peu irritant d’être prise pour une imbécile. J’y répondais en ne laissant transparaître aucune faiblesse exploitable, puis je n’avais plus rien reçu.
Compte tenu des méthodes, je ne suis pas étonnée que de véritables transformations positives s’opèrent chez des gens, comme en psychothérapie ou en psychanalyse, et ça revient finalement moins cher. Qu’importe finalement la manière d’emmener les gens à plonger en eux-mêmes. Ce peut être une méthode d’approche sectaire ou de connaissance de soi, le meilleur comme le pire.
Je n’étais jamais retournée là bas, j’avais lu le livre, j’en avais trié le contenu pour mon usage personnel, tiré ce que j’avais à en tirer, sans me mêler à aucun groupe ni laisser quelqu’un d’autre se mêler de mon psychisme. Et je ne fais pas à autrui ce que je ne veux pas que l’on me fasse.
Si la scientologie se contentait de publier des savoirs et des savoirs faire, sans chercher à s’annexer des gens et à se constituer en secte-arraignée, je crois qu’elle pourrait se rendre utile autant au niveau social qu’au niveau individuel.