"La transparence des lobbies ne signifie pas qu’on se rapproche de la démocratie."
Tout à fait d’accord avec vous.
"Le disfonctionnement antidémocratique des institutions européennes est patent : elles écrivent les « lois » (règlements ou directives) sous la dictée des lobbies."
Inexact : les lobbies ne dictent pas (encore que dans le cas du récent débat français sur les OGM, et les pressions inouïes exercées par la FDSEA sur les députés ruraux, on est franchement en droit de se poser la question) mais conseillent et proposent des expertises orientées. Ce sont d’ailleurs, dans le cas de l’UE, les institutions qui le leur demandent. Il ne faut pas imaginer que tout se passe dans une ambiance de complot ou de machiavélisme, la plupart des lobbyistes sont de bons pères de famille satisfaits de leur travail et de leur (souvent) confortable salaire.
"La démocratie exigerait que chaque décision politique répond aux souhaits de la majorité des citoyens qui se sentent concernés par la décision. Le règne des lobbies c’est le mépris de la démocratie : les textes législatifs sont rédigés selon les intérêts catégoriels exprimés par les lobbies et pas selon les intérêts démocratiques reflétant la volonté de la majorité des citoyens qui souhaiteraient s’exprimer sur la question."
d’accord avec vous à nouveau : la démocratie représentative, c’est le principe majoritaire. C’est un principe essentiel, quoique criticable aussi (l’exemple classique sur la question est la peine de mort : si Mitterrand avait suivi l’opinion majoritaire, il est probable que la peine de mort serait toujours appliquée en France.) Il est d’ailleurs respecté au Parlement. Le problème vient de l’expertise : la société bouge tellement vite que les autorités publiques, a fortiori quant un gouvernement de droite leur rogne les crédits, n’ont pas les compétences nécessaires pour simplement comprendre ce sur quoi elles doivent légiférer. Je précise d’ailleurs que je ne suis pas nécessairement pour la conception française classique de la décision politique vue comme "ex cathedra", provenant d’un État omniscient. Il ne l’est pas, et je ne trouve pas incongru de demander aux premiers concernés leur avis sur une réglementation qui les concerne. Le problème est quand le réglementé finit par prendre le contrôle de l’agence qui est censée le contrôler, phénomène courant nommé "regulatory capture" en économie.
C’est tout le problème de la "participation". Pour le moment on a tendance à faire débattre les gens alors que les décisions sont déjà prises... Mais il arrive que des maires, en général dans des agglomérations de petite taille, décident de se ranger aux conclusions du débat public qu’ils auront organisé, et décident, par exemple, de ne pas mettre en oeuvre un projet d’infrastructure, à la grande fureur des entreprises qui le convoitaient. La démocratie peut aussi être directe, il faut bien voir cela. Mais à condition que la chaîne de la responsabilité soit maintenue, c’est-à-dire que les auteurs d’une décision en soient responsables, réellement. Ce qui est criticable dans les lobbies, à mon sens, n’est pas leur existence même (même si c’est difficile à accepter pour un français) mais leur trop grand nombre par rapport aux autorités auxquelles ils s’adressent, et leur impunité : l’homme politique, dans cette configuration, n’est qu’un fusible commode (la caricature totale dans ce domaine étant G.W. Bush).