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Tahar Hamadache Tahar Hamadache 30 mai 2008 21:03

Bonsoir tout le monde, GRL,

J’ai beaucoup apprécié que vous vous revendiquiez de qualités qui font de vous un intervenant averti : porteur d’une mémoire filiale directe, intéressé par les rapports masse-individu et réalité-virtualité, porteur d’une expérience de vie appréciable vu l’âge que l’on peut vous supposer, etc.

En vertu de ces qualités même, je vous prie de nous dire si vous pensez réellement que le fil de la discussion autour de ce texte puisse être un indicateur fort d’une opinion réelle, qu’elle soit celle pouvant être attribuée à des français ("de souche") ou que ce soit dans sa partie que l’on peut supposer émaner d’algériens (...d’origine). Ceci est à la portée du premier observateur, il y a en effet comme une interdiction, un figement dans l’attitude de français (j’écris : de français), du moins quand il s’agit de l’Algérie, qui n’est pas tout à fait naturelle. On peut croire deviner que l’inadéquation entre ce qui est écrit à propos des Algériens pendant la colonisation et ce que ces derniers disent être (pendant et après) a entrainé une inadéquation du discours de français à propos de l’Algérie des temps présents. On peut comprendre surtout que les jeunes, de quelque bord qu’ils soient, cherchent à affuter leurs argumentaires au contact de questions difficiles tout en en jouant à affirmer leurs intégrations et leurs appartenances en vue de mieux mériter au regard des adultes, des audacieux, etc. Ce ne me semble pas être bien suffisant pour conclure que cela peut constituer un point de vue consensuel, lojn s’en faut à mon avis. Ne le pensez-vous pas ?

Vous me posez la question de savoir si "nos coeurs, à nous , enfants et petits enfants de cette histoire, est ce que nos coeurs sont aujourd’hui prêts à tirer tout le bénéfice d’une ouverture des archives souvent souhaitée et ressentie comme nécessaire ? A mon avis, les coeurs, ici comme là-bas, sont prêts à recevoir ce qui est désiré : la fin de la méconnaissance d’un passé, de l’ignorance des raisons de la sanction du présent par des questions du passé, la fin de silences qui ne sont pas de nature bien éloquentes. Ils palpitent comme tout coeur qui soupire après quelque chose qu’il désire ici comme là-bas et vous devriez le savoir, monsieur, qui êtes à la fois attentif à l’exercice nétique et présumé en contact, en tout cas attentif à plus d’une catégorie mémorielle (appelons-les comme cela pour faire vite) françaises et algériennes.

Y a-t-il un bénéfice concret à en tirer, par les masses, aussi bien françaises que celles des (ex.)colonies ? Il appartient à ceux dont le regard est assez perpicace, pour savoir le distinguer, de le leur indiquer et de les préparer à en faire bon usage pour le bien de tous. Et il y en a probablement. Le tout est de savoir intégrer ces masses dans la gestion de ce patrimoine mnémique et dans sa projection dans les avenirs, respectifs et communs ; de cesser d’en faire un domaine de distinction, une rente exclusive ; de faire en sorte, surtout, que cela ne nourrisse pas, ne continue pas de nourrir une économie parallèle liée à un contentieux mémoriel ; que cela ne fasse pas l’objet d’une contrebande transnationale d’histoire et d’influence car si cela se produisait, ce ne pourrait être attribué aux anciennes générations, d’autant plus qu’on avait eu à percevoir des volontés d’aller vers l’apaisement des mémoires, comme pendant le second mandat de votre ancien président, M. Chirac (Que cela soit en passant, l’épisode du match amical chahuté ne peut-il être compris comme un obstacle au postulat d’un 3e mandat de ce monsieur de la vie politique française, comme le fut par ailleurs d’autres initiatives, y compris au niveu d’institutions fortement représentatives de la légitimité démocratique mais n’ayant pas fait appel à la volonté populaire ?).

Pour le reste, le choix vous est laissé de vous en tenir aux manières et aux moyens dont l’opinion publique peut être soit effrayée soit considérée comme s’exprimant sur quelque chose, ou de nourrir l’espérance de ce qu’un assainissement mémoriel pourrait produire comme effets heureux, comme interactions bénéfiques, comme une transmission tranquille (même si, par moments, elle pourrait être assez vive, les gens ordinaires ne pouvant toutes écouter sagement et dire "merci" à la fin de chaque révélation.

Je vous remercie d’avoir contribué à aller au delà des échanges habituels et souvent si peu édifiants sur la nature des choses et des intervenants. Je reste attentif à la suite.

Bien cordialement à vous, à tous,

Tahar Hamadche.

 


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