La vie des votes.

Ah ! Si nous avions tous voté comme Sophie Marceau, la loterie eut été différente. Dans l’aléatoire de nos jugements politiques nous aurions rajouté une note de fantaisie non moins aléatoire mais plus drôle. Le problème, c’est que d’aucune manière il ne pouvait y avoir de gagnant. Voilà belle lurette que l’on vote perdant-perdant. Voter à la roulette, aux dés, à pile ou face, c’est ludique. On pourrait faire des paris aussi. Cet humour ne rend pas hommage à la bêtise mais au désespoir. Ah ! Démocratie ! Aller à toi est plus que jamais aléatoire ! Sophie Marceau ne peut répondre à la question : « pour qui votait-on ? » car on peut comprendre qu’elle interprète mal cette question. Le paysage politique s’est tellement affadi, uniformisé qu’on ne distingue plus la droite de la gauche ; si le résultat du vote est indifférent pourquoi le vote lui-même ne le serait-il pas ? Mireille nous a promis mille colombes, Sarkozy mille réformes ; ma sœur Marianne, ne vois-tu rien venir ? Si ! Je vois les grèves qui poudroient et les travailleurs et étudiants qui « manifestoient ». Ne vois-tu pas, sœur Marianne, un véritable chevalier du peuple des pauvres poindre au-delà de ces fumées ? Hélas non mon amie, il n’y a plus guère que des riches en ce pays, ceux qu’on appelle les pauvres n’étant que des riches qui n’ont pas eu de chance. Merci Marianne, je m’en vais de ce pas dire à Sophie qu’elle ne sera pas condamnée, qu’il n’est pas interdit de voter au hasard dans une histoire de flou comme celle qui nous arrive. Plus bas, une foule de manants chômeurs, en robe de bure, corde au cou, lèvent la main vers la tour du château en scandant : « ave Marianne ! Ceux qui vont mourir te saluent ! ». Puis ils disparaissent en hâte. Eh oui ! C’est l’heure de « Plus belle la vie » sur France Trois.
A.C