(AFP) - La Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) a estimé
que « la justice antiterroriste est dans l’impasse » dans un communiqué sur le
procès d’Yvan Colonna lu lors d’une conférence de presse mercredi.
"Le déroulement du procès est l’illustration de
l’impasse où se trouve la justice lors de l’application de toute législation
d’exception", affirme la FIDH dans le communiqué présenté à la presse par la
Ligue des droits de l’Homme.
Ce document présente les premières
observations des trois observateurs mandatés par la FIDH pour assister au procès
d’Yvan Colonna qui a été jugé en appel devant la cour d’assises spéciale de
Paris du 9 février au 27 mars, et condamné à la réclusion criminelle à
perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans.
"Ces
premières conclusions confirment que le procès d’Yvan Colonna est l’illustration
supplémentaire des dangers que représentent la justice antiterroriste de par son
caractère exceptionnel", a déclaré André Paccou, représentant de la Ligue des
droits de l’Homme.
Des éléments de la procédure judiciaire sont
remis en cause, de l’instruction marquée par « la compétition » entre les services
d’enquête ou l’absence de reconstitution, à l’audience pendant laquelle
"plusieurs incidents ont permis de mettre en doute le caractère équitable du
procès", selon la FIDH.
Le rapport de la FIDH fait notamment
référence à la lettre de Didier Vinolas et au certificat médical de Georges
Lebbos qui n’ont pas été communiqués aux avocats de la
défense.
Sans porter de jugement sur la stratégie des conseils
d’Yvan Colonna de quitter les débats, la FIDH note que cette absence "a eu pour
conséquence de déséquilibrer le déroulement de l’audience de manière radicale"
et qu’il revenait par conséquent au président de la cour d’assises "de mener les
débats avec la plus grande impartialité« .
»Force est de constater
que tel n’a pas été le cas« , estime la FIDH, ce qui »ne peut que susciter un
sentiment de malaise sur la condamnation intervenue".
La FIDH se
prononce par ailleurs en faveur d’« une réforme rapide » de la disposition qui
permet aux magistrats professionnels de ne pas motiver leur décision, s’appuyant
sur une récente décision de la Cour Européenne des droits de
l’Homme.
Le rapport définitif de la mission d’observation
diligentée par la FIDH devrait être rendu public courant mai.