La dévotion de l’auteur devant l’orthographe, l’empêche de percevoir l’essentiel : l’écriture SMS n’est pas une orthographe dégradée, mais une autre transcription de la langue. C’est une question matérielle qui fonde cette autre transcription : le clavier du téléphone, avec deux ou trois lettres par touches. Cela permet une nouvelle codification du message, avec une maîtrise de la chose qui va de l’apprenti au virtuose, comme pour la transcription manuscrite chère à l’auteur. Cette nouvelle transcription n’affecte pas, pour l’individu qui la pratique, une bonne transcription académique lorsque les conditions matérielles changent, par exemple, devant à un clavier d’ordinateur, qui offre des fonctionnalités bien supérieures au clavier d’un téléphone.
Des linguistes ont déjà montré que les différents niveaux de langage (affecté, académique, familier, argotique, jargonnant, etc.) qu’un même individu peut pratiquer, selon les circonstances et ses correspondants, n’affectent pas la langue de référence, mais au contraire l’enrichit.
Si la langue française est bien en danger, il est inutile de s’en prendre aux SMS, les coups viennent d’ailleurs : les anglo-saxons cherchent à nous imposer leur langue. C’est là qu’il faut résister !