Un petit point d’information, d’abord. : Selon Mathieu Aron (Figaro), le nombre des G.A.V. en 2009 est de 900000 : aux 600000 reconnus initialement il faut ajouter 200000 pour des « délits » routiers, qui n’étaient pas comptés avant , le Ministère l’a reconnu depuis... avant d’admettre qu’il avait aussi oublié les G.A.V dans les départements et territoires d’Outremer. Bref, comme c’est de toute façon impossible en dessous de 13 ans, ce qui laisse 54 millions de « gardavables », c’est 1,7% de la population par an. Comme on vit plus d’un an, autant que possible, c’est une personne sur trois en vingt ans, c’est-à-dire tout le monde au moins une fois dans sa vie, il ne faut que soixante ans pour ça. Intéressant, non ?
Pour faire 900000 G.A.V. par an, il ne suffit pas de « déborder un peu » de la population des délinquants d’habitude (évaluée à 250000 personnes, dont 60000 en prison à un moment donné) : il faut que l’énorme majorité des gardés à vue soit constituée par les gens ordinaires, qui pourtant répondraient aux convocations, s’ils avaient fait une erreur (900000 par an, vraiment ?) : il on un travail, une famille, pas de réseau de planques... Mais non
: en garde à vue quand-même. Avec le
coup des chaussures sans lacets, du pantalon sans ceinture, la
fouille, et toutes ces petites attentions faites pour créer une
atmosphère de confiance mutuelle et de coopération spontanée. A ce niveau de fréquence, il ne s’agit plus d’un hasard : il s’agit d’une épée de Damoclès clairement destinée à faire baisser la tête de tout le monde en permanence.
Ce n’est donc pas d’aménagements
cosmétiques, du genre avocat à la 2ème ou 25ème heure, dont nous
avons besoin, mais de la suppression totale de cette survivance
d’ancien régime, ultime avatar de la lettre de cachet. Encore
celle-ci ne pouvait-elle être signée que par le Roi, tandis que là
ils sont trente mille à pouvoir le décider en une minute,
sans que personne ne les contrôle plus qu’on ne contrôlait le Roi.
(oui, oui, il y a l’IGS, ou un magistrat ... mais longtemps après,
quand de toute façon c’est fait).
Garde à vous !