De l’importance de ces sympathiques petits insectes
(Je suis un amateur de miel, d’acacia, en particulier... )
L’abeille domestique est-elle une espèce en danger ? On n’en est pas
là. Mais son sort a de multiples raisons d’inquiéter. "C’est une
pollinisatrice particulièrement efficace, explique Bernard
Vaissière, qui dirige le laboratoire de pollinisation entomophile à
l’INRA d’Avignon. Et elle est en train de disparaître de régions
entières." Voyant leurs ruches péricliter, les petits apiculteurs
amateurs, qui contribuaient à maintenir partout la présence de
l’espèce, sont de moins en moins nombreux.
Or la survie de 80 % des
plantes à fleurs et la production de 35 % de la nourriture des hommes
dépendent de la pollinisation. Aux Etats-Unis, ce marché a été évalué à
15 milliards de dollars. Certes, ni le blé, ni le riz, ni les pommes
de terre n’ont besoin d’abeilles. Mais imagine-t-on un monde sans
fruits, sans légumes et sans fleurs ? Circonstance aggravante, les
autres pollinisateurs ne s’en tirent pas mieux. "On a toutes les
raisons de penser que quand l’abeille domestique a des soucis, c’est
pire pour les espèces sauvages, car la colonie a un effet protecteur",
explique Bernard Vaissière. Les spécialistes de l’abeille se sentent
un peu seuls. Nous vivons dans une société « insectophobe », dit
Francesco Panella. Pourtant, sans les insectes, rien ne marche. Ils
sont la colonne vertébrale des écosystèmes terrestres. "Ce sont les
grands oubliés du monde animal, déplore Marie-Pierre Chauzat,
membre de l’équipe abeille de l’Agence française de sécurité sanitaire
des aliments (Afssa). Ils n’ont pas les grands yeux du panda, les
belles plumes des oiseaux, la jolie fourrure des bébés phoques."